Alexandra Rosenfeld, victime de "minçophobie" ? Le terme est plutôt mal choisi...

Former Miss France and Europe 2006 Alexandra Rosenfeld poses before attending a show at the AccorHotels Arena in Paris, as part of the WrestleMania Revenge Tour, the World Wrestling Entertainment (WWE) European tour, on April 22, 2016 in Paris. / AFP / THOMAS SAMSON (Photo credit should read THOMAS SAMSON/AFP via Getty Images)

Alors qu'elle vient tout juste de dévoiler son livre "Ma méthode bien-être", Alexandra Rosenfeld a poussé un coup de gueule. L'ancienne Miss France a dénoncé la "minçophobie" dont elle est victime depuis de nombreuses années. Un terme en opposition à la "grossophobie", discrimination systémique, et qui fait rouler des yeux bon nombre de personnes dans une société qui glorifie la minceur avant la santé.

Dans les colonnes du magazine Closer, Alexandra Rosenfeld ne va pas se faire que des ami·e·s. Après avoir évoqué le sujet des critiques autour de son poids à plusieurs reprises ces dernières semaines, l'ex-Miss France a évoqué dans une interview son ressenti face aux commentaires sur sa minceur. "Même si je n'ai jamais été complexée par ça, je suis toujours étonnée que l'on me fasse la réflexion si souvent. C'est aussi déplacé que de critiquer la couleur des yeux !", affirme-t-elle avant de préciser : "Dans mon post, j'ai reçu des tas de messages de personnes qui sont vraiment complexées par leur minceur. Souvent, elles n'osent même pas se mettre en débardeur."

Alexandra Rosenfeld et son poids, un sujet récurrent

Complexe ou pas, Alexandra Rosenfeld n'a jamais caché que son poids avait été un sujet de discussion tout au long de sa vie. "Vous pensiez peut-être que l'on fait des commentaires sur mon corps depuis les élections de Miss France et Miss Europe ?", demande-t-elle dans son livre "Ma méthode bien-être", aux éditions Robert Laffont. "Durant mon enfance, et cela a duré longtemps, les commentaires sur ma morphologie n'étaient pas toujours sympathiques, et même souvent difficiles à entendre."

Des remarques qui se sont accentuées à l'époque de Miss France, et qui n'ont jamais cessé, en particulier à cause des réseaux sociaux. Si la plupart des commentaires publiés sous les photos d'Alexandra Rosenfeld sont élogieux, certains pointent effectivement du doigt ses "côtes saillantes", ou son aspect "squelettique". Des mots qui ne font jamais plaisir, surtout lorsque sa silhouette est simplement due à une question de morphologie : "J’ai essayé de modifier mon apparence, notamment quand j’étais adolescente, période durant laquelle j’ai essayé de grossir. Ma mère m'a donné un tas de gâteaux, a mis des sauces dans les plats, pour essayer de me faire prendre deux ou trois kilos, elle n’a jamais réussi !", affirme la principale intéressée dans les colonnes de Gala.

Pourquoi la "minçophobie" n'est pas une discrimination systémique

Attention : à aucun moment Alexandra Rosenfeld ne minimise l'impact de la grossophobie. C'est à l'opposé de son discours d'acceptation de soi, et dans son livre, elle évoque d'ailleurs les deux problèmes : "On entend plus fréquemment parler de la grossophobie dans les médias et les livres - et il s'agit bien d'une oppression sociale tout à fait abjecte et injuste -, mais il ne faut pas nier qu'il existe une discrimination à l'égard de la différence en général, et notamment des personnes très fines, considérées comme maigres, sans compter celles dont la forme et proportions sont si discrètes que certains osent se moquer d'elles en les qualifiant de demi-portions."

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C'est là où le bât blesse, et où les propos de l'ancienne Miss France énervent plus d'une personne, en particulier celles qui pèsent plus lourd sur la balance. Car si le bodyshaming n'est jamais acceptable, il y a une différence de taille entre la grossophobie et la minçophobie : l'une est une discrimination systémique, pas l'autre.

Une oppression systémique est déterminée par le fait que le système politique, socio-économique et social produit et renforce des inégalités et des discriminations subies par une partie de la population. Ce terme correspond donc tout à fait à la grossophobie, et pour cause : les discriminations envers les personnes en surpoids ont été prouvées à plusieurs reprises. Les personnes, et plus particulièrement les femmes en surpoids subissent la discrimination envers leur silhouette à différents niveaux :

La liste est longue, et elle est loin de s'arrêter là. Et dans notre société qui glorifie encore la minceur, et pour qui surpoids est automatiquement synonyme de mauvaise santé et de flemmardise, ces discriminations ne s'appliquent pas aux personnes minces. La preuve avec le cas d'Amanda Lee, une star de TikTok qui a été félicitée à de multiples reprises pour sa perte de poids... liée à un cancer particulièrement violent et à l'ablation d'une partie de son estomac. Dans les commentaires de ses vidéos, on peut notamment lire des messages tels que : "Quelle que soit la raison pour laquelle tu as perdu du poids, ça fonctionne, tu es magnifique. Continue comme ça."

Les conséquences de la grossophobie sont multiples, et les personnes ciblées par de la minçophobie ne les subissent pas.

La minçophobie peut-elle être considérée comme une oppression ?

La grossophobie et la minçophobie sont deux choses très différentes, qui n'ont pas les mêmes aboutissants, mais qui partent du même principe : un jugement de valeur à l'encontre de l'aspect physique d'une personne, qui peut entraîner des complexes. C'est là que le terme "minçophobie" est peut-être mal choisi. Car si dans notre société, la minceur ne sera jamais réellement considérée comme un défaut, ce n'est pas le cas de la maigreur. À ce titre, la "maigrophobie" est bien différente de la "minçophobie."

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L'extrême maigreur subie par certaines personnes est en effet associée à la maladie, à l'anorexie, aux pertes de poids drastiques entraînées par exemple par des maladies telles que le SIDA ou le cancer. Par ailleurs, la maigrophobie est également très présente chez les hommes, à qui la société demande d'être grands et forts. Ceux qui présentent un plus petit gabarit sont vite considérés comme moins "virils" : une vision très patriarcale des choses doublées d'un fond d'homophobie, les hommes minces étant souvent moqués à coups d'insultes en rapport avec l'orientation sexuelle, ce qui est on ne peut plus ridicule. Le problème est tel qu'on en oublie que ces messieurs sont aussi confrontés à des troubles du comportement alimentaire.

La minçophobie, une oppression ? Pas vraiment. En revanche, dans certains cas, la maigrophobie peut en être une, et se révéler particulièrement insidieuse, justement à cause de la glorification de la minceur. Bon nombre de femmes maigres n'osent pas se plaindre, car elles ont la "chance" de répondre aux critères de beauté sociétaux.

Et si on arrêtait de commenter le physique, tout simplement ?

Le problème de la minçophobie, c'est que ses manifestations sont souvent considérées comme une forme de jalousie. Encore une fois, blâmons le patriarcat : depuis toujours, les femmes sont élevées en concurrence les unes des autres. C'est à celle qui sera plus belle, plus attirante, plus intéressante que sa voisine. Les moqueries physiques cachent donc parfois un relent de jalousie, une façon de se rassurer, et cela, quelle que soit la direction dans laquelle elles sont exprimées. En revanche, il est important d'arrêter de croire que celles qui font des réflexions "minçophobes" sont simplement jalouses de la silhouette de leur cible : elles ne font qu'appliquer un comportement purement éducatif et sociétal dans lequel on leur a appris à se comparer les unes aux autres, et à se justifier pour prouver qu'elles valent mieux que les autres. Le problème va donc bien au-delà d'une simple question d'apparence et de jugement de valeur.

C'est d'ailleurs l'une des raisons pour laquelle il serait peut-être temps d'arrêter d'opposer minçophobie et grossophobie, ou plutôt, d'arrêter de juger les uns et les autres sur leur apparence physique. Bien des mouvements le rappellent : votre valeur va au-delà de votre apparence, et le bodyshaming est dangereux pour la santé, mentale comme physique. Les moqueries à l'intention d'une personne, qu'elle soit grande ou petite, mince ou grosse, ont un impact non négligeable sur la confiance en soi et peuvent entraîner une auto-dévalorisation et renforcer les troubles anxieux. Autant de choses qui peuvent augmenter les risques de développer des troubles du comportement alimentaire, dont il est difficile de se départir. Apprendre à aimer son corps, à l'accepter et le chérir est donc nettement plus sain.

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