EN IMAGES - Anthony Hopkins fête ses 83 ans : 11 choses à savoir sur le comédien cannibale

(Brendan Monks/Mirrorpix/Getty Images)
(Brendan Monks/Mirrorpix/Getty Images)

Acteur caméléon, aussi à l’aise sur les planches que devant une caméra, l’inoubliable (et glaçant) interprète du Dr. Hannibal Lecter est l’un des plus grands comédiens de son temps. À l’occasion de son anniversaire ce 31 décembre, retour sur le parcours exceptionnel d’un cancre dyslexique anobli par le talent, qui souffle sa 83e bougie.

“J’étais nul à l’école, un vrai raté, un imbécile”

Enfant unique d'un boulanger du sud du pays de Galles, Anthony Hopkins montre dès son plus jeune âge davantage de dispositions pour les arts que pour les études. Peu attentif en classe et souffrant de dyslexie, il préfère s’évader dans la peinture, le dessin ou en jouant du piano, plutôt que de se plonger dans ses leçons d’orthographe. Pour le discipliner, ses parents l’envoient en 1949 à la Jones’ West Monmouth Boy’s School, où il passera cinq années difficiles, avant d’être admis à la Cowbridge Grammar School. Toutefois, malgré tous ses efforts, le jeune Anthony est inadapté au système scolaire. Il le reconnaîtra d’ailleurs lui-même, des décennies plus tard : “J’étais nul à l’école, un vrai raté, un imbécile. J’étais antisocial et je ne m’intéressais pas aux autres… Je ne savais pas ce que je faisais là-bas. C’est pour cela que je suis devenu acteur.” Bon choix.

VIDÉO - Anthony Hopkins craque complètement dans une vidéo effrayante :

Deux rencontres décisives

En 1952, alors qu’il n’a que 15 ans, Anthony Hopkins fait la connaissance d’un autre fameux Gallois, l’acteur Richard Burton, dont la sœur vivait à l’époque près de chez lui. Lequel l’encourage vivement à se lancer dans une carrière de comédien. Ni une ni deux, il s’inscrit au Royal Welsh College of Music & Drama de Cardiff, dont il sortira diplômé en 1957. La parenthèse de son service militaire dans l’artillerie refermée, il s’installe à Londres et intègre la prestigieuse Royal Academy of Dramatic Art au début des années 1960. Un parcours académique sans tâche, qui lui donne la confiance nécessaire pour se présenter à une audition au Théâtre national britannique dirigé alors par le grand Laurence Olivier. Pour l'occasion, l’adolescent avait choisi un monologue d'Othello que le directeur venait tout juste d'interpréter. “Vous avez un sacré culot”, lui dit ce dernier, qui l'engage immédiatement. Dans ses mémoires, Confessions of an Actor, le metteur en scène écrira au sujet de son protégé : “Un nouveau jeune acteur venu dans la compagnie promis à un brillant avenir du nom d'Anthony Hopkins étudiait sous mon autorité, et s'en alla avec le rôle d'Edouard comme un chat avec une souris entre les dents”. Déjà carnassier…

(Columbia Pictures/Getty Images)
(Columbia Pictures/Getty Images)

Des planches à l’écran

Lassé de jouer et rejouer sans cesse les mêmes rôles au théâtre, le jeune homme aspire très vite à incarner des personnages à l'écran. Il fait ainsi ses débuts au cinéma en 1967 dans The White bus, avant d'être véritablement remarqué, un an plus tard, dans Un lion en hiver. En 1977, il incarne le lieutenant colonel Frost, sacrifié dans l'Opération Market Garden reconstituée par Richard Attenborough, dans un film de guerre devenu un grand classique : Un Pont trop loin. Le début d’une irrésistible ascension.

(United Artists/Getty Images)
(United Artists/Getty Images)

Un premier docteur remarqué

Trois ans plus tard, David Lynch le choisit pour incarner le personnage du Dr. Frederick Treves dans le bouleversant Elephant Man. Sa composition, tout en finesse et en humanité, sera saluée par la critique. Pourtant, le tournage ne fut pas un long fleuve tranquille, comme l’acteur le reconnaîtra des années plus tard. Il révèlera en effet avoir écrit une lettre au réalisateur pour s'excuser de son attitude sur le tournage : “Je lui ai écrit une lettre pour m'excuser de mon comportement. J'étais très rebelle et me suis très mal comporté. Il voulait faire trop de prises, et moi je ne pouvais pas les faire. Il était assez distant, et je ne comprenais jamais ce qu'il disait ou voulait, ce qui me rendait particulièrement irritable. Cela fait des années que je ne l'ai pas vu, mais c'est un homme brillant. J'aime beaucoup David.” Sans rancune.

(Stanley Bielecki Movie Collection/Getty Images)
(Stanley Bielecki Movie Collection/Getty Images)

Le caméléon

L’acteur britannique a, au cours de ses 60 ans de carrière – riche d’une filmographie de plus de cent longs métrages –, incarné les rôles les plus divers. Ventriloque, libraire, lieutenant-colonel, patron de presse, génie des maths, chasseur de vampires, patriarche, millionnaire, professeur de lycée, anthropologiste, président des États-Unis, Hitler : il s’est glissé dans tous les costumes, répondant à l’appel des plus grands cinéastes, de Ridley Scott à Francis Ford Coppola, en passant par Michael Bay et Michael Cimino. Une aptitude à la transformation reposant, à l’en croire, sur une approche d’une grande sobriété. “Apprenez vos répliques, enfilez les vêtements, restez simple, écoutez, détendez-vous et laissez le rôle prendre les rênes. Tout ce que vous devez savoir est là, dans votre texte”, a-t-il ainsi coutume de conseiller en préambule à ses élèves de cours d'art dramatique. La méthode a fait ses preuves… Mais elle ne dit pas tout du talent du comédien, révélé au monde entier en 1991.

(CBS Photo Archive)
(CBS Photo Archive)

Seize minutes pour un Oscar

En 1991, Jonathan Demme choisit Anthony Hopkins pour incarner le Dr. Hannibal Lecter, un tueur en série anthropophage, dans l'adaptation cinématographique du roman de Thomas Harris, Le Silence des agneaux.

VIDÉO - Décès de Jonathan Demme, réalisateur du Silence des Agneaux :

Ce rôle, aussi effroyable qu’inoubliable, va lui apporter la consécration. Immense succès critique et public, le film remporte en effet les cinq Oscars majeurs en 1992 – Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur acteur, Meilleure actrice et Meilleur scénario – une première depuis 1975. La performance de la star est d’autant plus époustouflante que ce dernier n’apparaît que seize minutes à l’écran. Le fameux quart d’heure de célébrité.

(Ron Galella, Ltd./Ron Galella Collection via Getty Images)
(Ron Galella, Ltd./Ron Galella Collection via Getty Images)

Les yeux de l’effroi

Pour parvenir à susciter la terreur du spectateur, Anthony Hopkins improvisa et laissa libre court à ses idées, comme par exemple de ne jamais cligner des yeux et d’avoir toujours le regard fixe, sa voix moqueuse et nasillarde, ou encore sa posture lors de la première rencontre avec l'agent Clarice Starling. “Comment jouez-vous Hannibal Lecter ? Et bien effrayez les gens en ne bougeant pas ! (...) Je joue bien les monstres. Je les comprends. Je comprends les hommes fous”, expliqua-t-il, malicieux, des années plus tard. Ce n’est pas Jodi Foster, sa partenaire, qui dira le contraire. En 2016, invitée sur le plateau de la télévision britannique au Graham Norton Show, l’actrice américaine avait même confié qu’elle avait évité de se confronter au comédien pendant l’intégralité du tournage, tant celui-ci l’avait terrifiée à la lecture du scénario. On la croit sur parole.

(Getty Images)
(Getty Images)

Sir Hopkins

En 1993, alors qu’il est au sommet de sa gloire, Anthony Hopkins est anobli, nommé au rang de Knight Bachelor par la reine Elisabeth II au cours de la promotion du Nouvel an (The Queen's New Year's Honours), en reconnaissance de son travail au service du cinéma britannique. Cette nomination lui vaut le titre de “Sir Anthony Hopkins”. Une appellation qu'il sera autorisé à conserver même après avoir été naturalisé américain en 2000.

Jamais deux sans trois

Très discret sur sa vie privée, l’artiste a été marié trois fois, avec Petronella Barker (1966–1972) – la mère de sa fille unique Abigail –, Jennifer Lynton (1973–2002), et Stella Arroyave (depuis 2003). Cette dernière, une antiquaire au caractère bien trempé, a manifestement fait un bien fou à l’acteur, qui s’en est ouvert en 2006 dans une rare interview accordée au Figaro Magazine : “C'est elle qui organise pour moi tous les plaisirs de la vie. Grâce à elle, j'ai appris à ralentir le rythme et à faire vraiment ce que je veux. Par conséquent je suis détendu, joyeux et plus actif que jamais, mais sans angoisse ou culpabilité. Je travaille mon piano chaque jour, je compose, je peins (à l'acrylique), je dévore les livres, j'apprends de la poésie par cœur pour garder mes cellules grises en forme et trouve agréable tous les rôles qui se présentent. (…) Bref, j'ai 68 ans et la vie n'a jamais été aussi belle !”

(Kevin Winter)
(Kevin Winter)

Un inépuisable touche-à-tout

Si Anthony Hopkins est essentiellement connu pour son métier sur grand écran, il n’a jamais renoncé à ses passions d’enfance. Dessin, peinture – 38 de ses œuvres graphiques et 7 de ses toiles ont été exposées pour la première fois dans son pays natal en 2006 – et surtout musique : le comédien est un véritable couteau suisse. Pianiste virtuose, il a composé et fait paraître plusieurs albums de musique classique ainsi que des valses, enregistrées avec les orchestres symphoniques de Dallas et Birmingham. Quant aux trois films qu’il a réalisés (Dylan Thomas : Return Journey, August et Slipstream), c’est lui qui en a composé la bande originale.

(Giacomo Morini/Pacific Press/LightRocket via Getty Images)
(Giacomo Morini/Pacific Press/LightRocket via Getty Images)

45 ans de sobriété

En 2010, alors âgé de 73 ans, la star entame un régime draconien, sous la pression de son épouse. “Ma femme n'est pas un dictateur, mais elle dit que je dois m'en tenir à un schéma. Pas de pâtes. Interdit de se resservir. Un sandwich de temps en temps seulement”, racontait-il à l’époque au New York Post. Une discipline payante : en deux ans, six séances de sport par semaine et un apport quotidien limité à 1800 calories, l’artiste est parvenu à perdre la bagatelle de 37 kilos. Une prouesse pour un homme de son âge. Hannibal Lecter à la diète, un comble…

(Michael Hickey/WireImage)
(Michael Hickey/WireImage)

La veille de ses 83 ans, le comédien s’est exprimé sur son compte Instagram en annonçant fièrement fêter ses 45 ans de sobriété. “Je buvais à m'en tuer. J'ai eu un déclic, une petite pensée qui disait : 'Veux-tu vivre ou mourir ?', et j'ai répondu que je voulais vivre. Et soudain, un vrai soulagement est arrivé, et ma vie a été incroyable”, déclare-t-il en révélant tout de même avoir “des jours sans et des petits doutes”. Un message poignant qu’il conclut en incitant les jeunes à “tenir bon, s'accrocher et ne pas abandonner”.