Après la mort de Tori Bowie, ces athlètes alertent sur la santé des femmes noires aux États-Unis

La sprinteuse américaine Tori Bowie, championne du monde en 2017 est décédée le mois dernier des suites de son accouchement. De quoi relancer les questions autour de la prise en charge médicale des femmes noires aux États-Unis.

FEMMES - La cause de sa mort est enfin connue. L’Américaine Tori Bowie, vice-championne olympique du 100 m en 2016 puis championne du monde en 2017, décédée en mai dernier à l’âge de 32 ans, a succombé lors de son accouchement. Une nouvelle qui a ravivé les questionnements et les alertes autour de la prise en charge médicale des personnes noires aux États-Unis, et notamment la hausse du taux de mortalité maternelle des femmes noires.

Comme l’a expliqué son agente Kimberly Holland, Tori Bowie est décédée des complications de son accouchement. La sportive américaine était chez elle en Floride lorsque le travail a commencé. Selon plusieurs sources qui ont eu accès au rapport d’autopsie, la championne du monde était enceinte de huit mois au moment de son décès. Celui-ci serait lié à une détresse respiratoire et une éclampsie (crises compulsives), parfois provoquée lorsque la pression sanguine atteint des seuils trop élevés pendant une grossesse.

Kimberly Holland, a regretté auprès de CBS News la spéculation autour de la mort de la sportive américaine. « Malheureusement, tant de gens, y compris les médias, spéculent sur le fait qu’elle s’est fait quelque chose, ce qui est très blessant », a déclaré Kimberly Holland. « Alors j’espère que, connaissant maintenant la vérité, il y aura de nombreuses excuses », a-t-elle continué.

Des réactions en chaîne

Les révélations sur les circonstances de la mort de Tori Bowie ont suscité de vives réactions sur Twitter, notamment celles d’autres athlètes américaines noires. La spécialiste américaine du saut en longueur Tianna Madison a rappelé dans un tweet qu’« en juin 2023, 3 des 4 membres de l’équipe américaine de relais 4x100m ont failli mourir ou sont mortes d’un accouchement ».

Émue d’apprendre les circonstances, Allyson Felix, médaillée d’or olympique du sprint 100, 200 et 400m a, elle aussi, tenu à s’exprimer sur les réseaux sociaux. « C’est absolument déchirant. Nous continuons à faire face à une crise de mortalité maternelle noire. Mon cœur souffre. Nous devons faire plus », a-t-elle écrit sur Twitter.

Les deux athlètes évoquent notamment dans leur message leur hashtag : #BlackMaternalHealthCrisis, ou en français crise de la santé maternelle des femmes noires. C’est avec ce même hashtag que le mari de Serena Williams, Alexis Ohanian, a lui aussi fait part de sa tristesse en apprenant les circonstances de la mort de Tori Bowie.

Sa famille a été concernée de près par le sujet. Dans une tribune publiée sur le site de CNN en février 2018, Serena Williams avait raconté avoir « failli mourir après avoir donné naissance à ma fille ». La championne de tennis qui a accouché de sa fille sous césarienne, raconte s’être soudainement sentie « essoufflée » le lendemain. La sportive avait établi son diagnostic elle-même, ce qui lui a évité de mourir. En raison de ses antécédents, Serena Williams avait immédiatement supposé qu’elle souffrait d’une embolie pulmonaire et se rappelle avoir demandé à l’équipe : « j’ai besoin d’un scanner et d’une perfusion d’héparine ».

Un taux de mortalité maternelle 2,6 fois plus élevé

La mort de Tori Bowie et ces tweets qui ravivent le #BlackMaternalHealthCrisis rappellent que les problèmes de santé maternelle des femmes noires aux États-Unis sont récurrents et structurels.

Les chiffres du National center for health statistics, montraient qu’en 2021, les femmes noires avaient un taux de mortalité maternelle 2,6 fois plus élevé que les femmes blanches. Et les chiffres publiés par le NCHS sont affolants. Sur l’année 2021 il y a eu 69,9 décès pour 100 000 naissances chez les femmes noires, contre 32,9 chez les femmes enceintes blanches.

Dans un article publié sur le site de la prestigieuse univeristé John Hopkins, la journaliste Annalies Winny et la docteure Rachel Bervell citent notamment une étude du National Bureau of Economic Research. Cette dernière montre que « la femme noire la plus riche de Californie, présenterait un risque de mortalité maternelle plus élevé que la femme blanche la moins riche ».

Les autrices de l’article évoquent un véritable besoin de mieux former les jeunes médecins. « Les réformes de l’enseignement de la médecin et de la manière dont elles est pr atiquée doivent être au cœur des efforts visant à améliorer les résultats pour les mères noires. Au centre de ce travail se trouve une prise en compte du racisme systémique qui est ancré dans l’histoire du système de santé américain », écrivent-elles.

Parmi les autres solutions évoquées, l’élargissement de l’accès aux soins des sages-femmes tout comme la lutte contre les pratiques de soins biaisés. À savoir les tests de dépistage excessif de drogue chez les femmes noires dans les salles de travail et d’accouchement.

Plusieurs propositions d’associations communautaires ont également été reprises dans le plan de la Maison Blanche de 2022 pour faire face à la crise de la santé maternelle.

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