Arnaque téléphonique - "Je n'en peux plus !", "On m'a appelé 10 fois en deux jours", "Je vais péter un plomb", "À quel point je suis foutue ?" : attention à ces numéros commençant par +44, ces escrocs font tout pour vous arnaquer
Depuis plusieurs semaines, les Français sont envahi d'appels provenant du Royaume-Uni. Une arnaque de grande ampleur, qui a pour origine l'Asie du sud-est. On vous dit tout ce qu'il faut savoir.
Ces derniers jours, de très nombreux Français voient sur l'écran de leur téléphone s'afficher un numéro commençant par +44. Nous y compris. Le matin, le midi, le soir : les appels entrant avec cet indicatif téléphonique britannique s'enchaînent. Si, comme nous, vous avez directement raccroché en entendant votre sonnerie retentir, vous avez bien fait. Sinon, alors vous avez certainement dû entendre une voix préenregistrée.
"Pourquoi on m'appelle du Royaume-Uni", se questionne un internaute sur X. "On a tous eu un appel du Royaume-Uni aujourd'hui", assure un autre. "Je viens de recevoir un appel du Royaume-Uni. J'ai laissé sonner, à tout moment je viens de rater l'occasion d'hériter d'un manoir d'un riche milliardaire au fin fond du Scotland", ironise un internaute un peu plus loin. L'arnaque n'est pas si grosse, mais l'idée est là. Regarder une vidéo, liker un message, noter un hôtel, ... voilà le genre de job relativement simple que propose la petite voix derrière le combiné. Pour les premières tâches effectuées, la victime est souvent réellement rémunérée. Ensuite, les escrocs lui réclameront de payer pour débloquer plus de tâches à réaliser, le tout sans ne plus jamais lui verser un seul centime.
ces derniers jours j'ai que des appels du royaume uni ⚰️ https://t.co/1jLIavzgqk
— mae (@maeykid) January 20, 2025
"J'ai été payé une fois, 50 USDT. Après je devais payer pour avoir accès aux autres missions, j'ai jamais payé", explique un internaute sur TikTok. "Ça m'est arrivé, j'ai eu 20€ et après j'ai arrêté", avoue également un autre. Malin. Pourtant, d'autres se font bel et bien avoir.
"Je les ai contactés sur Whatsapp parce que j'attendais un appel d'une RH à l'étranger", confie une internaute sur X. "À quel point je suis foutue ?" A priori, pas d'inquiétude à avoir ici. En revanche, il est primordial de ne jamais partager ses informations personnelles (identité, adresse, numéro de téléphone, coordonnées bancaires). Aujourd'hui, avec cette technique, plus de 100 millions d'euros auraient été volés partout dans le monde.
Bon j viens de voir la polémique autour des appel +44 qu'on reçoit tous. Le soucis, c'est que je les ai contacté sur whattsapp (ce qu'on ma demandé de faire) pcq j'attendais un appel d'une RH à l'étranger, c'était mon premier reflexe mdrrr... À quel point je suis foutue ?
— hakuei 🇵🇸 ⵙⴰⵔⴰ (@pomme_litchi) January 25, 2025
"Tous les jours ils m'appellent", "C'est du harcèlement", "Je ne comprends pas comment les gens peuvent tomber dans ce piège", "On m'a appelé 10 fois en deux jours", "Je vais péter un plomb", "L'imagination des escrocs est sans limite", "Ça devient vraiment pénible", ... Sur les réseaux sociaux, beaucoup sont outrés. "Et quand est-ce que nos opérateurs vont faire quelque chose ? Tout le monde reçoit des appels de spams sans arrêt, moi j'en ai minimum six par jour." Un véritable enfer pour certains. "Pitié, si quelqu'un sait ce qu'il faut faire pour que ça s'arrête je suis preneur. Je n'en peux plus !" Mais alors comment les escrocs font-ils pour avoir accès à nos numéros de téléphone ?
Les arnaqueurs utilisant des numéros +44 pour harceler ou escroquer des millions de personnes accèdent souvent à ces vastes bases de données de numéros via plusieurs moyens frauduleux ou négligents. Les fuites de données en font partie, tout comme la revente de données. Certaines entreprises (par exemple, celles spécialisées dans le marketing) vendent légalement des bases de données, souvent collectées via des formulaires en ligne ou lors d’achats. Les utilisateurs peuvent, sans le savoir, cocher des cases donnant leur consentement à la revente de leurs informations. Mais pas seulement : des informations partagées sur des réseaux sociaux ou plateformes publiques (même via des profils non protégés) sont souvent collectées par des robots ou manuellement. Si un numéro est visible dans un profil, il devient une cible facile.
On s'inscrit sur 40 000 sites internet sans lire les conditions et puis après on pleure sur le fait que nos données sont vendu dans tout les sens, mettez le minimum de données sur les site ou vous avez le moindre doute 🙏
— Python🐍 is true life... 🇫🇷🇬🇫🌟🌟 (@aguens973) January 20, 2025
"Moi j'ai commencé à avoir ce genre d'appel après avoir créé un compte sur Temu", souligne un internaute. "Une fois j'ai demandé comment ils avaient eu mon numéro, ils m'ont dit qu'Engie leur avait vendu mes coordonnées", lance un autre. Une seule chose à faire, donc : veiller à ne pas inscrire son numéro de téléphone et autres coordonnées n'importe où.
Un réseau d'escrocs situé en Asie du sud-est
Qui se cache donc derrière ces arnaques ? Centho, un chasseur d'arnaqueurs, indique à RMC qu'il ne s'agit pas là de brouteurs africains. "En réalité, ce sont d'importants groupes mafieux basés en Asie du sud-est : en Birmanie, au Laos ou au Cambodge", explique-t-il. Après avoir acheté des numéros prépayés, les arnaqueurs bombardent les victimes potentielles d'appels en passant des centaines de milliers de coups de téléphone.
À savoir également : les fraudeurs à l'origine de ces appels sont bien souvent des victimes, eux aussi. En Asie du sud-est, des milliers de Kenyans, Ougandais ou Indiens sont retenus dans d'immenses complexes de cyberfraude surveillés. Détenus par des réseaux mafieux, ils sont alors obligés d'escroquer des Occidentaux, comme l'expliquent certains reportages.