Caterina Murino et sa carrière difficile en Italie : "Ils n’ont rien vu d’autre que la pin-up. Le constat fait encore mal"

SITGES, SPAIN - OCTOBER 08: Caterina Murino attends 'Veneciafrenia' premiere during the Sitges 54th International Fantastic Film Festival of Catalonia on October 08, 2021 in Sitges, Spain. (Photo by Juan Naharro Gimenez/Getty Images)
Caterina Murino et sa carrière difficile en Italie : "Ils n’ont rien vu d’autre que la pin-up. Le constat fait encore mal" (Photo by Juan Naharro Gimenez/Getty Images)

Ce mardi 27 septembre 2022, M6 diffuse un nouvel épisode de sa série évènement, "La maison d’en face". L’occasion de retrouver Caterina Murino dans le rôle de Livia. Si elle a connu le succès sur grand écran, notamment en jouant une James Bond Girl, l’Italienne a longtemps souffert de l’accueil mitigé que son pays natal lui a réservé...

En 2006, une Italienne au regard enivrant crève l’écran dans "Casino Royale". Une James Bond Girl mystique qui fait mouche du côté du public. Cette femme, c’est Caterina Murino, "physiquement typiquement italienne, mais à l’intérieur, Sarde", se décrivait-elle dans un entretien accordé au Figaro en 2011. Fière de ses racines, la comédienne aujourd’hui âgée de 45 ans a rencontré de nombreuses difficultés lorsqu’il a fallu s’imposer en Italie. Et c’est avec un franc-parler assez rare qu’elle s’était confiée à ce sujet, en 2011.

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Un public trop ingrat ?

Bien avant d’envisager une quelconque carrière d’actrice, Caterina Murino se tourne vers le monde des paillettes. En 1996, elle se hisse à la cinquième place du concours de Miss Italie. Mais la jeune italienne rêve d’autre chose que d’une couronne et une écharpe : elle veut devenir pédiatre. Malheureusement, elle ne parvient pas à boucler ses examens. Alors, en 1997, elle se redirige vers des rêves de comédie, sous l’oeil dubitatif de ses parents, pas vraiment rassurés par cette trajectoire. Caterina Murino quitte le cocon familial pour suivre des cours de théâtre à Milan, puis à Rome. C’est le début de grandes ambitions menées avec acharnement. Après avoir joué dans divers téléfilms et séries, Caterina Murino gagne une certaine notoriété en France, grâce à ses rôles dans "L’enquête corse" d’Alain Barbérian, où elle donne la réplique à deux grands noms du cinéma français : Jean Reno et Christian Clavier. Sa carrière en France est lancée.

Mais il faudra attendre l’année 2006 pour que la scène internationale l’honore. Cette année-là, Caterina Murino entre dans le club très fermé des James Bond Girls, dans "Casino Royale". C’est le jackpot. Pour autant, dans son pays d’origine, l’actrice ne semble toujours pas faire sensation, comme elle le déplorait elle-même en 2011 au Figaro : "J'ai une reconnaissance assez bizarre dans mon pays. Les Italiens ne m'ont découverte qu'avec James Bond alors que j'avais déjà travaillé avec Dino Risi, Alain Berbérian, Philippe de Chauveron, Patrice Leconte, mais aussi Giacomo Battiato dans 'Le Jeune Casanova'. Après Casino Royale, ils n'ont rien vu d'autre que la pin-up !" Pour Caterina Murino, ses compatriotes l’ont toujours "considérée comme une actrice atypique qui déstabilise par (sa) façon de travailler un peu partout, sans règle, à l'impulsion."

Pour autant, et déjà en 2011, la comédienne s’en est toujours sortie grâce à un caractère bien trempé et des choix de carrière qu’elle assume fermement. "Je ne suis pas un mouton. J'admire Meryl Streep, Rachel Weisz ou Cate Blanchett, mais je n'essaye pas de plaquer mon jeu sur le leur (…) C’est mon point de vue que je tente d'imposer au risque de ne pas être aimée. En restant en Italie, j'aurais arrêté de jouer depuis longtemps. C'est la France qui m'a permis de faire mon métier. J'y suis plus reconnue. Comme en Angleterre. Le constat fait encore mal, mais, tant pis, je me considère désormais comme une actrice française... Avec un fort accent que je vais prendre le temps de gommer !" martelait-elle à cette époque.

Quand Caterina Murino étrillait l’industrie cinématographique italienne

Oui, Caterina Murino n’a pas la langue dans sa poche, surtout pas lorsqu’il faut donner son avis sur le paysage cinématographique italien et français. Car elle-même est une fan inconditionnelle d’une époque qui n’existe plus. De ces films de Pietro Germi, Alberto Sordi ou Mario Monicelli. Des "chef-d’oeuvres" qui ont marqué son imaginaire et qui inspirent aujourd’hui sa nostalgie : "À ce moment-là, on prenait encore le temps de créer, on avait les moyens de faire des films mythiques. Maintenant, une grosse production se tourne en cinq semaines. On n'a plus les mêmes ressources culturelles, les mêmes échanges…" déplorait-elle dans les colonnes du Figaro en 2011.

Avant d’une fois de plus dénoncer les rouages d’une industrie italienne en souffrance : "On ne peut pas dire qu'aujourd'hui le cinéma italien offre grand-chose au cinéma français ! C'est plutôt nous qui nous accrochons au vôtre. Notre pays n'a plus de véritable industrie cinématographique, pas de soutien de l'Etat, qui a coupé tous les budgets ! Un à un, les théâtres historiques sont en train de tomber aux mains des privés. Et qui est derrière les privés? Tout le monde le sait..."

Mais que l’on ne s’y trompe pas : Caterina Murino n’a jamais tourné le dos à ses origines. Et ce, même si elle a enchainé ces dernières années les rôles dans les fictions françaises et britanniques. Car pour elle, l’Italie sera toujours "un pays riche qui a su préserver les vestiges de son histoire" : "Après toutes ces années passées en France, il y a un mot qui me vient toujours à l'esprit dans ma langue natale c'est amore !"

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