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Une file de véhicules en tout genre s'étire à perte de vue sur la route de Salaheddin, qui traverse la bande de Gaza du sud au nord: avec la levée du verrou israélien de Netzarim, les Gazaouis peuvent désormais circuler librement, au milieu des ruines.Les voitures, triporteurs, petits camions et charrettes tirées par des ânes avancent lentement sur la chaussée en terre battue, au niveau du corridor de Netzarim, qui coupait en deux le territoire palestinien. L'armée israélienne a achevé dimanche son retrait de ce couloir et de la route de Salaheddin, au lendemain d'un cinquième échange d'otages israéliens contre des prisonniers palestiniens détenus en Israël, dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu en vigueur depuis le 19 janvier dans la bande de Gaza. Beaucoup de véhicules, qui peuvent désormais parcourir toute l'étroite bande côtière palestinienne, sont chargés à bloc d'effets ménagers, couvertures, tapis et petits meubles. Certains de leurs passagers voyagent sur le toit ou entassés dans des remorques Mais que ce soit au sud du corridor, dans la région de Zeitun, ou au nord, à Al-Maghraqa, ceux qui rentrent chez eux n'y retrouvent que ruines et décombres. C'est "une catastrophe, une destruction horrible. L'occupation (Israël, NDLR) a détruit toutes les maisons, les magasins, les fermes, les mosquées, les universités et le palais de justice", se lamente Osama Abu Kamil. Cet habitant d'Al-Maghraqa, âgé de 57 ans, s'était réfugié il y a plus d'un an à Khan Younès, dans le sud du territoire. - "Pire que l'enfer" - "Je vais installer une tente pour moi et ma famille à côté des décombres de la maison. Nous n'avons pas le choix", affirme-t-il. Déplacé, il a vécu "de grandes souffrances", se souvient-il, "la vie à Gaza est pire que l'enfer". Pilonné pendant plus de 15 mois par l'armée israélienne, en représailles à l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël du 7 octobre 2023, le territoire, déjà pauvre et surpeuplé avant la guerre, est aujourd'hui dévasté. Plus de 90 % de ses 2,4 millions d'habitants ont été déplacés au moins une fois pendant les hostilités, selon l'ONU. La population est exsangue, traumatisée par la violence d'une guerre qui a fait plus de 48.000 morts et 111.000 blessés, selon le ministère de la Santé du Hamas, des données jugées fiables par l'ONU. A Zeitoun, un quartier de Gaza-ville, Mahmoud al-Sarhi, a pu, pour la première fois, découvrir sa maison détruite. "Jusqu'à ce matin, s'approcher du corridor de Netzarim signifiait la mort", dit-il. Mais malgré le retrait des troupes israéliennes, cet homme de 44 ans ne se sent pas en sécurité: "les chars israéliens peuvent envahir la région à tout moment. La zone est impropre à une vie normale. C'est très dangereux". La rue Al-Chouhada, qui traverse le corridor, est bordée des deux côtés par des dizaines d'habitations et des bâtiments universitaires en ruines. Cernée de pylônes abattus, camions renversés, chaos de béton et de métal, la chaussée porte aussi les stigmates de la guerre, creusée de grands cratères. Déjà, des ouvriers s'emploient à la réparer. Mohamed Ali, qui a pris la route de Nuseirat, dans le centre de Gaza, décrit un trajet rendu difficile par "l'ampleur des destructions et des bombardements". Mais à 20 ans, il veut croire que cela va s'arranger: "si Dieu le veut, la route redeviendra meilleure". str-az-csp/jd/cab/ila