Cueillette aux champignons : météo, types de forêts… Les conseils d’experts pour optimiser ses chances
AUTOMNE - Un panier en osier, des chaussures de randonnée et un long bâton en bois… Vous aviez l’équipement parfait pour partir à la cueillette aux champignons. Lorsqu’un ami (ou François Ozon) vous a parlé d’un super coin où il a dégotté des dizaines de cèpes, vous avez voulu votre part du gâteau. Mais vous êtes malheureusement rentré bredouille.
Ce scénario vous est familier ? Pas de panique, ce n’est pas forcément de votre faute. « On ne maîtrise pas la pousse. Ce sont les champignons qui décident s’ils sortent ou non. C’est très variable. Et pour les trouver, il faut regarder partout », nous explique René Chéreau, le président de l’association mycologique de l’Ouest - basée à Nantes. « Ça ne marche jamais comme on le souhaiterait », avertit-il.
Trouver des champignons dépend en fait d’une multitude de facteurs qui varient d’une espèce à l’autre. Mais il existe quelques règles - non immuables - à connaître afin d’optimiser ses chances de dénicher cèpes, bolets et autres girolles. Pour Le HuffPost, deux experts donnent les clefs afin de faire de vous des as de la cueillette.
Température et humidité
Revenir le panier garni de champignons dépend d’abord de la météo. La meilleure période reste l’automne, de début septembre à fin novembre. Mais selon Marcel Lebret, le vice-président de l’association mycologique du Cotentin, la pousse de champignons dépend surtout de deux facteurs principaux : le rafraîchissement des températures et l’humidité - il vaut mieux qu’il ait plu les jours précédant la cueillette.
« Les conditions sont différentes selon les champignons. On ne les connaît pas toutes pour chaque espèce. Par exemple, on trouve plus facilement des pieds de mouton ou des trompettes-de-la-mort en fin de saison car ils sont moins exigeants sur les températures », explique-t-il.
Certaines espèces peuvent néanmoins apparaître vers la fin de l’été, comme les bolets ou les girolles. Et d’autres poussent au printemps, comme les morilles.
« Les changements brutaux de température peuvent favoriser l’apparition de certains champignons », ajoute René Chéreau. Et même si les conditions météo sont idéales, certains facteurs restent incertains : « Il y a un délai de pousse plus ou moins important après la pluie, qui peut aller de quelques jours à plusieurs semaines. C’est ridicule d’y aller le jour où il a plu. »
Où se cachent-ils ?
Deuxième chose importante avant de se lancer : savoir où chercher. Selon les deux spécialistes, la plupart des champignons comestibles poussent dans les forêts de feuillus - hêtres, châtaigniers, chênes… « Même si le cèpe se trouve aussi dans les forêts de résineux », nous glisse Marcel Lebret qui recommande également de « privilégier les forêts anciennes ».
« Plus la forêt est ancienne, plus la mycorhize [l’association symbiotique entre une plante et un champignon, ndlr] sera présente, et vous aurez donc plus de chances de trouver certains champignons, comme les bolets par exemple », éclaire-t-il.
Selon René Chéreau, un cueilleur averti préférera chercher dans les forêts aérées. Les allées dans les bois et les lisières sont à privilégier en début de saison. Rabattez-vous à l’intérieur des forêts quand la saison s’approche de la fin. Mais surtout, il faut ouvrir les yeux, car les champignons « peuvent pousser plus ou moins partout sous les feuillus, s’il a plu précédemment ».
René Chéreau nous met également en garde contre une idée reçue : les coins à champignons, selon lui, n’existent pas. « Ce sont l’habitat et l’habitude qui font que les gens retournent au même endroit », estime le président de l’association mycologique de l’ouest. Faire une razzia de pieds de mouton dans une forêt un jour ne veut pas dire que vous en ferez une autre quelques semaines plus tard.
Les deux experts s’accordent sur un autre point : il n’y a pas de meilleur moment dans la journée pour en trouver. « Quand ça pousse, on en trouve autant l’après-midi que le matin, explique René Chéreau. Le dixième à passer dans un coin en trouvera autant que le premier. » Il faut néanmoins prendre en compte la question de la visibilité. « Les champignons ont tendance à être invisibles, ils ont un mimétisme terrible. Il ne faut pas y aller trop tôt le matin pour les repérer », détaille Marcel Lebret.
Conditions de sécurité
Tous deux alertent aussi sur certaines règles à ne pas oublier : les champignons appartiennent aux propriétaires des forêts dans lesquelles ils poussent. Si vous êtes dans une forêt privée, pour les cueillir, il faut demander une autorisation. En forêt domaniale, qui appartient à l’État, la cueillette est autorisée « si elle reste dans le cadre d’une consommation familiale et si les prélèvements sont raisonnables, c’est-à-dire qu’ils n’excèdent pas 5 litres par personne et par jour (sauf réglementation locale contraire) », précise le site de l’Office national des forêts.
René Chéreau rappelle également que le « ramassage n’est pas un jeu » : « On ne touche pas aux champignons si on ne les connaît pas. Et on arrache le champignon pour pouvoir l’identifier, on ne le coupe pas. » Depuis juillet 2023, l’ANSES a recensé plus de 600 cas d’intoxication. L’agence de santé recommande de faire identifier les champignons par un professionnel - une association de mycologie ou un pharmacien - et de ne pas utiliser d’application de reconnaissance sur smartphone, car le risque d’erreur est élevé. Petite précision de Marcel Lebret, par ailleurs : « Il vaut mieux les manger rapidement : un champignon qu’on cueille le soir, s’il passe la nuit au frigo, peut développer une toxicité. »
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