« Delphine Seyrig incarnait une autre idée de la féminité »

La comédienne Delphine Seyrig dans L'Année dernière a Marienbad d'Alain Resnais, en 1961.  - Credit:Georges Pierre/Collection ChristopheL via AFP
La comédienne Delphine Seyrig dans L'Année dernière a Marienbad d'Alain Resnais, en 1961. - Credit:Georges Pierre/Collection ChristopheL via AFP

Est-ce un effet de la vague #MeToo, une conscience accrue des diktats qui pèsent sur les actrices ? On redécouvre ces temps-ci la figure singulière de Delphine Seyrig, initiales « DS » (déesse) comme Bardot fut « BB ». Et c'est un bonheur de revisiter le parcours de cette icône cinéphile à la diction inimitable, grande comédienne de théâtre – morte le 15 octobre 1990 à Paris –, féministe engagée et réalisatrice d'un documentaire sur le métier d'actrice dont le titre dit tout : Sois belle et tais-toi (1981).

À l'Institut Lumière de Lyon jusqu'au 30 juin, la voici donc en majesté, cheveux blonds, peau diaphane et érotisme raffiné, troublant aussi bien un Antoine Doinel pétrifié (Baisers volés, François Truffaut, 1968) que le souverain Jean Marais (Peau d'âne, Jacques Demy, 1970) et les convives du Charme discret de la bourgeoisie (Luis Buñuel, 1972).

Sévère et pâle sous un casque de cheveux bruns, elle brise les cœurs dans L'Année dernière à Marienbad (Alain Resnais, 1961) et ploie sous les vicissitudes de la vie domestique dans Jeanne Dielman (Chantal Akerman, 1975). Après Jean-Marc Lalanne qui lui a consacré un essai paru en février (Delphine Seyrig, en constructions, Capricci), la journaliste et réalisatrice Virginie Apiou se penche sur le cas Seyrig. Son D'après Delphine Seyrig (Actes Sud) part d'un principe simple : évoquer l'actrice et la femme à partir, non de témoignages extérieurs ou de faits biographiques, mais des mots et des gestes de l'actrice ell [...] Lire la suite