Doit-on écrire événement ou évènement ? La règle d'orthographe expliquée
La question de l’orthographe de "événement" ou "évènement" est un véritable casse-tête pour les francophones depuis plusieurs siècles. Dès le XVIe siècle, Montaigne, dans ses Essais, choisit de traduire une citation latine en utilisant l’accent aigu : "Une forte imagination produit l’événement". Ce choix se retrouve plus tard chez Albert Londres en 1924 dans L'Homme qui s’évada, qui écrit : "Ce fut un évènement". Cependant, c’est bien Annie Ernaux qui, en 2000, donne une nouvelle vigueur à cette forme en titrant son livre L'événement. Ainsi, au fil des siècles, plusieurs auteurs ont opté pour l’accent aigu, suivant l’exemple de Montaigne. Mais le véritable enjeu réside dans la conformité de cette orthographe avec la règle phonétique. En effet, l’accent aigu semble contrevenir à une règle bien établie : devant une syllabe contenant un "e" muet, l’orthographe devrait utiliser un accent grave. Or, "événement" s’écrit avec un accent aigu, mais se prononce comme un mot avec un accent grave, ce qui crée une incohérence phonétique que les puristes n’hésitent pas à souligner. Il ne s’agit pas d’une exception isolée, car cette incohérence est présente dans d’autres mots comme "céleri", "crémerie" ou "réglementaire", où l’orthographe ne correspond pas strictement à la prononciation.
L’histoire de l’orthographe de ce mot est un excellent exemple de la façon dont la langue évolue sous l’influence de l’usage. Bien que l’accent aigu ait été accepté dès le XVe siècle, la langue française, au (...)