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Qui sont les écolomistes, ces gens qui sont écolos pour des raisons financières ?

S'ils roulent à vélo plutôt qu’en voiture, font attention à l’eau et l’électricité, et achètent d’occasion, ce n’est pas vraiment pour préserver la planète. Rencontre avec les “écolomistes”, ces personnes dont les actes écolos ont d’abord vocation à diminuer leurs dépenses courantes.

Crédit Getty
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“J'investis dans des actions bancaires écolos parce que le secteur est florissant”

A 33 ans, Tina a parfois du mal à joindre les deux bouts. Alors la jeune femme s'est transformée en dénicheuse de bons plans, notamment sur les sites proposant des achats groupés, des restaurants et des séjours à prix cassés. Mais en lisant récemment des articles sur l'écologie, la jeune femme a flairé un autre bon filon : “J'ai vu que des gens participaient à des défis consistant à ne plus rien acheter de neuf (ndlr : les “Défis Rien de neuf” de Zéro Waste France). Je me suis dit que c'était une bonne idée de tendre vers cet objectif”.

Sa démarche à elle n'a pour autant rien d'écologique. La célibataire souhaite juste faire des économies et se greffe pour ce faire à des initiatives “perçues comme nobles, dans l'air du temps, qui ne [la] marginalisent pas”. “Personne ne sait que je ne le fais pas pour l'environnement, mais pour mon porte-monnaie, et d'ailleurs je ne m'en vante pas”. De la même façon, Tina a aussi diminué sa consommation de viande, profitant des recommandations environnementales actuelles. Et dernièrement, elle s'est vu proposer par sa banque d'investir un peu d'argent dans des actions écologiques. Si elle ne s'est pas penchée en détails sur les activités des entreprises en question, l'important se situe de toute façon ailleurs pour elle. “Je me suis dit que c'est un secteur florissant qui m'apporterait des intérêts”, admet-t-elle en toute transparence.

“C'est l'écolomie qui convaincra le plus grand nombre”

Elie, 40 ans, a lui tout du parfait écolo. Celui qui travaille dans le secteur bancaire est un adepte de l'éco-conduite et des déplacements à vélo. Chez lui, il utilise des ampoules à basse consommation d'énergie, débranche ses appareils en veille, fait pousser ses propres tomates et n’achète que des meubles de seconde main.

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Pourtant, le quadragénaire n'est mû que par son souhait d'économiser de l'argent. “Je suis pour l'économie circulaire, mais pas pour réduire les déchets. C'est juste qu'acheter une table Ikea sur le Bon Coin coûte 3 fois moins cher qu'en magasin”. S'il n'est pas insensible aux combats des écologistes, Elie est en revanche persuadé que leurs actes sont vains. ”L'humanité est amenée à disparaître un jour malgré les efforts positifs”, affirme-t-il, résigné.

Paradoxalement, l’homme trie ses déchets et met un point d'honneur à ne rien jeter à terre. Mais à ces éco-gestes louables, le Parisien donne une autre lecture que celle attendue : “Si je jette des ordures à terre, cela risque d'augmenter les taxes pour le ramassage d'ordures. Alors que si elles sont bien triées, cela réduit le coût induit en retour”. Cette vision économique à long terme, Elie l'assume et la considère même comme l'unique réponse valable aux problèmes environnementaux. “C'est l'écolomie qui convaincra le plus grand nombre, et non l'écologie”, affirme-t-il avec conviction.

L'impact réel plus important que le discours et l'intention ?

L'écologie qui rapporte, c'est aussi le crédo défendu par Prowd, un service de coaching en ligne qui permet de limiter ses dépenses grâce à des éco-gestes. Et la promesse de ce chatbox créé au printemps 2018 est très alléchante : économiser jusqu'à 2000 euros par an, en relevant des défis. Comme couper l’eau de la douche pendant qu’on se savonne, ne pas acheter de tomates hors saison, réutiliser nos restes alimentaires ou encore emporter un sac réutilisable pour les courses.

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Parmi les utilisateurs, “des gens déjà écolos, qui découvrent le bon impact possible de la pratique sur leur porte-monnaie. Mais aussi des non-écolos venant pour leurs finances, qui vont changer leur façon de voir l'écologie”. Et une majorité de jeunes, dont une moitié de 18-23 ans, détaille le fondateur Yoann Hodeau.

La démarche a de quoi interloquer. Et pourtant, elle permettrait à de nombreux citoyens de mettre le pied à l'étrier dans la lutte active contre le réchauffement climatique. “C'est un catalyseur incroyable pour un passage à l'action”, affirme Yoann. Une façon de dire que le résultat compte plus que l'intention ? En quelque sorte à en croire le jeune entrepreneur, qui défend le franc-parler et la non-culpabilisation. “On connait tous des gens qui se disent hyper écolos mais qui prennent l'avion trois fois par an pour faire le tour de la terre. Je préfère quelqu'un qui mange moins de viande parce que cela coûte moins cher, et qui a un meilleur impact... même si son discours est moins noble ! On a le droit de dire qu'on fait de l'écologie pour économiser de l'argent”.