Est-il réellement possible d'inverser les effets de l'alcool ?

La plupart d'entre nous apprécient un petit cocktail de temps en temps, mais il semblerait que les effets de l'alcool puissent entraîner des dégâts irréversibles dans le cerveau.

(Thinkstock)

Nous savons que l'alcool est mauvais pour la santé, ce qu'on ressent très clairement après une soirée bien arrosée, mais consommer de grandes quantités d'alcool peut également avoir un impact sur les fonctions cognitives, la mémoire et même le bon fonctionnement des organes.

Quel est donc l'impact de l'alcool sur le corps lorsque vous buvez beaucoup et fréquemment ? Votre corps peut-il se remettre après avoir été endommagé à un certain degré ?

Le Dr George Koob, directeur du National Institute on Alcohol Abuse and Alcoholism, explique que la consommation excessive d'alcool a un impact négatif sur quasiment toutes les maladies.

« L'alcool tue les cellules a peu près partout dans le corps. Le foie s'« engraisse », ce qui entraine la perte de cellules et enfin une cirrhose pouvant être mortelle. Il peut entrainer la pancréatite et des problèmes de cœur. Il contribue au développement du cancer et même au diabète dans certaines mesures ».

Le Dr. Koob explique que l'alcool fait le plus de dégâts dans le cerveau et le foie même si son impact est ressenti dans le corps tout entier. Notre foie n'est pas en mesure de se remettre très facilement une fois un certain stade atteint, c'est pourquoi les personnes souffrant de problèmes d'alcools graves ont besoin de greffes du foie.

« L'alcool est métabolisé dans le foie et le processus fait appel à des enzymes utilisées à d'autres fins. Il existe tout un ensemble de processus inflammatoires qui se déroulent dans le foie ».

Le problème est encore plus complexe dans le cerveau.

Le Dr. Koob explique que dans le cas d'une personne qui n'a jamais souffert d'alcoolisme, on peut voir un circuit qui part de l'avant vers l'arrière du cerveau, un peu comme une autoroute fluide. Cependant, cette même route semble beaucoup plus alambiquée lorsqu'on observe le cerveau d'un alcoolique en rémission.

« C'est un peu comme la thérapie physique pour un muscle. Vous utilisez et renforcez un autre système pour compenser. Vous ne faites pas renaitre les neurones qui sont morts, vous renforcez d'autres systèmes ».

D'après le Dr. Koob, il y a bien un point de non-retour.

Le syndrome de Wernicke-Korsakoff est une maladie qui apparait lorsqu'une personne boit pendant de longues périodes sans s'alimenter correctement. Cette maladie neurologique implique un déficit nutritionnel, notamment en thiamine.

« Vous perdez des cellules dans l'hippocampe, la partie du cerveau qui gère les nouveaux souvenirs et aident à conserver les souvenirs en général et ces cellules ne repoussent pas ».

Le Dr. Koob explique que l'alcool est extrêmement nuisible car il s'agit d'une petite molécule miscible dans l'eau. Elle entre facilement dans le sang et agit à plusieurs échelles sur les mécanismes cellulaires.

Il confie que le problème découle également du fait que de nombreuses personnes souffrant de problèmes d'alcoolisme ne reçoivent pas les traitements adaptés. Certaines fonctions peuvent être retrouvées si une personne souffrant d'une dépendance à l'alcool chronique modérée ou sévère participe à un programme de rétablissement et arrête de boire pendant un an.

« La guérison de chacun évolue différemment mais on peut dire que plus tôt vous vous abstenez, mieux vous vous porterez. Mais il s'agit toujours d'un processus continu ».

D'après l'Organisation mondiale de la santé, l'alcool est l'une des principales causes de troubles médicaux dans le monde. Les gens ne savent pas ce qu'ils boivent et ne comprennent pas l'impact de l'alcool sur leur corps, ce qui représente un problème de taille.

« Plus vite vous intervenez, mieux ça sera. En conclusion, la modération est clé ».

Asymina K.