Chandra Wilson : la maladie rare de sa fille a inspiré un épisode de "Grey’s Anatomy"

Ce mercredi 9 février 2022, TF1 diffuse de nouveaux épisodes de la saison 17 (oui, déjà) de "Grey’s Anatomy". Une série qui passionne toujours autant, et qui, au fil des années, s’est inspirée de faits réels. Notamment du mal mystérieux dont souffre la fille d’une star du show, Chandra Wilson.

Depuis 2005, Chandra Wilson incarne avec brio le Dr. Miranda Bailey dans "Grey’s Anatomy". Un personnage dont les contours complexes n’ont cessé de se dessiner au fil des années et des saisons. Côté vie privée, l’actrice de 52 ans est mère de famille, et a justement connu l’errance médicale pour l’un de ses trois enfants. Il lui aura fallu du temps avant de se confier, sans filtre, sur ce sujet difficile à évoquer.

Vidéo. Grey's Anatomy saison 17

Le parcours du combattant

Tout a commencé il y a quelques années lorsque Sarina McFarlane, la fille aînée de Chandra Wilson née en 1992, a été prise de violentes crises de vomissements à répétition. Alors âgée de 16 ans, l’adolescente souffrait également de "douleurs abdominales, comme des coups de poignard". C’est ainsi que le définissait Chandra Wilson en 2017, lorsque, pour la première fois, elle est revenue sur ces années particulièrement éprouvantes : "Je me disais que c’était fou. Quelque chose n’allait pas chez ma fille, et personne ne savait ce que c’était" déclarait-elle dans un entretien accordé à People. Si elle a d’abord pensé à "un cas grave d’intoxication alimentaire", Chandra Wilson se ravise : "Cela n'a pas disparu pendant quatre ou cinq jours, donc à cause de cela, nous sommes allés aux urgences." Les médecins apportent alors des soins à Sarina McFarlane, sans que les tests médicaux ne donnent de réponses concrètes. Les mois passent et l’actrice, impuissante, est confrontée aux mêmes crises soudaines de vomissements de sa fille.

"Je me suis retrouvée à écrire tout ce qu’elle mangeait, où l’on se trouvait, je notais toutes ces informations moi-même. À chaque visite à l’hôpital, j’ajoutais ces informations dans un classeur" se souvient Chandra Wilson. "Pendant 10 mois", sa fille aînée continue d’être sujette à ces crises. "Au bout de huit mois, je me baladais avec un classeur énorme. Lorsque vous êtes le parent d'une personne souffrant de douleur chronique, vous finissez par créer ces classeurs pour tous les séjours à l'hôpital afin de pouvoir suivre chaque visite et toute nouvelle chose qui en sort." En 2010, enfin, les médecins posent un nom sur les souffrances de Sarina McFarlane : un syndrome de vomissements cycliques lui est diagnostiqué. Il s’agit d’une condition rare causant des crises de vomissements à répétition, accompagnées de nausée et de fatigue extrême.

Un syndrome souvent très mal diagnostiqué en raison notamment de la ressemblance de ses symptômes avec d’autres affections plus courantes, à l’instar d’une gastroentérite récurrente. Malheureusement, il n’existe pas de traitement pour soigner la maladie, même si certains médicaments aident à contrôler un tant soit peu les vomissements. Interrogé par l’émission "Good Morning America" en 2017 à ce sujet, le Dr Richards Boles a estimé que Sarina McFarlane "a eu de la chance grâce aux soins et à la persévérance de sa mère (…) La plupart des patients passent de nombreuses années sans diagnostic."

Vidéo. "Les médecins me disaient d'arrêter de me plaindre"

Une maladie rare explorée dans "Grey’s Anatomy"

C’est donc après de longs mois de souffrances et de questions sans réponses que Sarina McFarlane a pu bénéficier d’un diagnostic fiable. "Le nom nous a donné une direction à suivre. Et cela nous a mis dans une communauté d'autres personnes qui traversaient exactement la même chose étape par étape" a déclaré Chandra Wilson. En effet, puisqu’il n’existe pas de traitement pour cette maladie rare, les médecins redirigent souvent les patients vers des thérapies de groupe, où ils peuvent échanger avec d’autres personnes souffrant elles aussi du syndrome de vomissements cycliques. Mais Chandra Wilson ne s’est pas arrêtée là. L’actrice américaine a choisi d’utiliser son expérience personnelle pour sensibiliser le grand public à ces troubles souvent trop méconnus et mal diagnostiqués.

Elle a ainsi produit l’épisode 6 de la neuvième saison de "Grey’s Anatomy", dans lequel un homme sans-abri souffrant de vomissements persistants se présente à l’hôpital. À son arrivée, les médecins, persuadés qu’il ne cherche qu’à se procurer des médicaments, refusent de s’attarder sur son cas. Et c’est finalement le Dr Jo Wilson, incarné par Camilla Luddington à l’écran, qui lui découvre des migraines chroniques à l’origine de ses vomissements, avant de poser un diagnostic : celui du syndrome de vomissements cycliques. Un moment particulièrement symbolique pour Chandra Wilson : "Pouvoir être dans Grey's Anatomy avec toutes ces personnes capables de regarder (cette scène, ndlr), de l'entendre et de dire: ‘Oh mon Dieu. C'est ça. J'en ai entendu parler. C'est mon enfant. C'est mon mari. C'est ma tante’, ' Cela signifie tellement parce que je me souviens juste de ce que cela signifiait pour nous." De son côté, la fille de l’actrice (qui souffre encore de ce mal) l’a encouragée à ainsi mettre en lumière sa situation personnelle : "Si c'est quelque chose que je peux faire assise sur cette chaise sur le plateau, alors ma fille a dit : ‘Vas-y. Vas-y, fais-le.’"

Comment "Grey’s Anatomy" dénonce une situation alarmante aux États-Unis

Ce n’est pas la première fois que la série américaine créée par Shonda Rhimes met ainsi l’accent sur des thématiques importantes et souvent invisibilisées dans le monde médical. En 2019, l’organisation américaine RespectAbility qui lutte contre la stigmatisation des personnes handicapées, mettait l’accent sur la façon dont la série a plus d’une fois brisé les tabous autour de la santé mentale, mais a aussi mis en lumière des personnages afro-américains "avec une variété de handicaps". Chandra Wilson a elle-même incarné ces changements à l’écran. Dans "Grey’s Anatomy", son personnage, le Dr. Miranda Bailey, a souffert d’un trouble obsessionnel-compulsif. "Je pense qu'il est à 100% de la responsabilité de l'industrie du divertissement d'avoir des représentations précises de quelque chose comme la maladie mentale, en particulier quand tant de personnes se battent au quotidien. Nous ne pouvons pas assumer la responsabilité à 100 %, bien sûr, mais il est vraiment important pour nous de planter des graines chaque fois que nous le pouvons, juste pour soulever des questions dans l'esprit des téléspectateurs" a déclaré l’actrice.

Par ailleurs, si "Grey’s Anatomy" a souvent mis l’accent sur des pathologies rares, poussant certaines personnes à se faire diagnostiquer, celui mis sur la communauté afro-américaine trouve un écho particulier dans une société où les inégalités sont décriées. En 2020, alors que la première vague du coronavirus faisait rage, les données communiquées par les Centers for Disease Control (CDC) des États-Unis indiquaient que près d’un tiers des infections du pays concernaient des Afro-Américains. Des chiffres accablants notamment expliqués par les milieux sociaux et le manque de soin dans un pays où la couverture sociale et médicale n'est toujours pas un acquis. "L’etablishment medical" a plus d’une fois été pointé du doigt outre-Atlantique, où les Afro-Américains ne bénéficient pas systématiquement du même accès aux soins que les personnes blanches. Un constat alarmant, chaque année, mis en exergue à travers des statistiques ethniques aux chiffres édifiants…

À lire aussi :

>> "Grey's Anatomy" : Chyler Leigh révèle souffrir de troubles bipolaires

>> Surprise, un personnage mort de retour dans Grey’s Anatomy !

>> Le nombre d'acteurs noirs et non-binaires a augmenté sur les écrans américains pendant la pandémie

À voir également : Aux Etats-Unis, les stigmates des discriminations plombent la vaccination