Pour Guillaume Depardieu, le calvaire a commencé dès sa naissance, et même avant. Il naît le 7 avril 1971, à Paris, malformé. En cause ? Le Distilbène, un médicament qui devait éviter les fausses couches, pris par sa mère, Elisabeth Depardieu. Un médicament polémique, qui sera par la suite accusé de déclencher des cancers du vagin, du col de l'utérus et des malformations aux enfants, in utero. Il y aurait eu, au total, 300 enfants "DES", comme ils étaient appelés, dont le comédien. Celui-ci s'était expliqué à ce sujet dans Paris Match : "Je ne suis pas né normal. [...] J'ai eu des malformations corporelles, des os qui ont poussé en trop. Et j'ai donc eu plusieurs opérations, des trucs qui marquent, quand même, à cet âge... Par exemple, une opération au sexe. Les opérations des os, je les ai refusées – mais j'ai toujours un os qui a poussé en trop... Dès le départ, biologiquement, je n'étais pas normal !". (Getty)
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Guillaume Depardieu et ses addictions
C'est à l'adolescence que Guillaume Depardieu tombe dans la toxicomanie. Lui, l'enfant hyperactif, aura goûté à toutes les sortes de drogues : cannabis, champignons hallucinogènes (à 14 ans), héroïne (pendant six ans), crack, ecstasy ou encore speedball. "Quand on veut vraiment savoir qui on est, il faut tout essayer", expliquait-il à ce sujet, avant d'avouer tout de même, dans son livre Tout donner que "la came, c'est de la non-vie". En 2008, dans Gala, sa mère Elisabeth Depardieu racontait qu'il était devenu toxicomane à cause de son prof de musique de l'époque de son passage à l'École Normale de Musique de Paris. L'acteur qui s'est également noyé dans l'alcool, a ensuite suivi des sevrages, douloureux, compliqués, mais qui l'ont rendu, selon lui, "plus fort". (Getty)
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La prison dès 17 ans
Grandir en étant le fils de Gérard Depardieu n'a pas été simple pour Guillaume, loin de là. Sans doute pour vouloir exister aux yeux de tous et s'affranchir de l'ombre de son père, le jeune homme a vite multiplié les frasques. Il a été exclu de ses lycées à plusieurs reprises, il s'est essayé à la prostitution, il a volé et il a dealé de la drogue. C'est ce dernier point qui le conduira en prison, dès ses 17 ans. En 1988, il est ainsi condamné à trois ans d'emprisonnement pour usage, importation et trafic d'héroïne. Il purgera finalement 18 mois de prison à Bois d'Arcy et obtiendra une liberté conditionnelle. Mais ses problèmes avec la justice ne seront pas terminés pour autant. (Getty)
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Ses autres problèmes avec la justice
Pour Guillaume Depardieu, les passages au tribunal ont été nombreux. Souvent pour la même chose : excès de vitesse, conduite en état d'ivresse, conduite sans permis... Par exemple, en novembre 2007, il est condamné à 18 mois de prison avec sursis pour pour conduite en état d'ivresse et excès de vitesse au guidon de son scooter, sans permis. En juin 2008, il écope de deux mois de prison ferme pour conduite en état d'ivresse. En 2003, il avait été condamné à neuf mois de prison avec sursis pour détention d'armes, violences et menaces. Le comédien avait, auparavant, violenté l'un de ses fans. Un casier judiciaire bien rempli. (Getty)
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Son accident de moto
Nous sommes au mois d'octobre 1995. La vie de Gérard Depardieu va prendre un tournant inattendu. Alors que l'acteur était au guidon de sa moto sous le tunnel de Saint-Cloud, il est percuté par une valise tombée d'une voiture. La chute est violente. Guillaume Depardieu se souvenait : "Je suis resté de longues minutes sur le bas-côté. Les roues des camions passaient à moins de 10 centimètres de mon visage". Touché au genou, il va se remettre de sa fracture. Mais la suite va le marquer à vie. (Getty)
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Son amputation
Suite à cet accident, les médecins veulent reconstruire le genou de Guillaume Depardieu. Mais cela va tourner au fiasco : l'acteur subit 17 lourdes opérations. La douleur est insupportable. Il contracte par la suite plusieurs infections nosocomiales, dont un staphylocoque dorée. Il n'y a plus qu'une solution : l'amputation. Ce n'est qu'en 2003, après huit ans de terribles souffrances, que le fils de Gérard Depardieu se fait amputer de la jambe droite et se fait poser une prothèse. En 2018, sa mère Elisabeth se souvenait de cet épisode : "C’était épouvantable. D’une telle dureté… C’était terrible mais il souffrait tellement. Le chirurgien qui l’a amputé se demandait comment il avait pu supporter une souffrance pareille. Moi, je pense que c’était un rachat. Guillaume s’est racheté par la douleur […] D’être trop bien né. De lire dans le regard des autres qu’il était un privilégié. Alors que lui se sentait et se voulait proche des gens les plus simples". (Getty)
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Des pensées suicidaires ?
"Très très mal attaché à cet univers", Guillaume Depardieu a traversé de difficiles épreuves qui l'ont mené à avoir des pensées suicidaires. Après son amputation, il disait en interview : "Déjà quand t'es pas beau, tu meurs, mais la société ne supporte pas non plus les défauts fonctionnels. Je suis indigné de nature, c'est ma grande chance. J'ai perdu ma jambe. Maintenant, il faut que j'avance, mais j'ai le sentiment d'être un mort-vivant. Mon vrai problème c'est de rester sur cette terre sans me suicider". (WireImage)
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Un homme révolté
Celui qui a reçu le César du Meilleur espoir masculin en 1996 pour son rôle dans Les Apprentis était un révolté, un "indigné de nature" comme il le disait lui-même. Les premières victimes de son courroux ? Les médecins. Il faut dire qu'il en a vu des dizaines, après son accident de moto et avec son amputation. "Jamais un médecin ne m'a dit la vérité, on est dans l'hypocrisie, le non-dit. Les médecins devraient prendre des cours de psychologie. Ils prennent les gens pour des cons en oubliant que ce sont eux qui vivent le calvaire. J'ai fait une faute dans ma vie : j'ai fait confiance à la médecine", se plaignait-il à l'époque. Il avait même décidé d'attaquer en justice le pays pour "obtenir réparation pour le préjudice professionnel et moral" qu'il a subi suite à son "calvaire". Énervé, il extériorisait : "J'irai jusqu'à la mort. Ils ont bousillé ma vie, je vais leur pourrir la leur. Je ne lâcherai pas. Je suis aigri mais encore là". Révolté, mais également engagé. Guillaume Depardieu avait créé une fondation pour lutter contre les infections nosocomiales et les négligences hospitalières, qui l'ont tant fait souffrir. (WireImage)
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Des relations conflictuelles avec son père
Guillaume, écorché vif, a longtemps été écrasé par la présence (mais aussi par l'absence) de son père, mastodonte du cinéma français. Il ne supportait pas son nom, Depardieu. "Ce patronyme, ma vie a été faussée avec ça !", disait-il ainsi. De cette ambivalence est née une relation conflictuelle entre le père et le fils. En public, il n'hésitait pas à traiter son papa de "con". Une fois entré dans la profession qu'il conchiait auparavant, il n'a pas hésité à le prévenir indirectement : "S’il faisait obstacle à ma progression, je pourrais le tuer sans problème. D’une balle dans la tête", aurait-il lancé. Cette relation père-fils sera jalonnée de hauts, de bas, de ruptures et de réconciliations. (Getty)
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Des déclarations fortes contre son père
Guillaume Depardieu n'a jamais été avare en critiques envers son père. En 2003, dans Le Parisien, il le détruit en interview : "Il faut savoir qu'il serait à jamais resté un wannabe sans Truffaut et Pialat que ma mère lui a donné la possibilité de rencontrer. Il n'aurait rien fait sans elle. Aujourd'hui, j'éprouve de la compassion pour mon père. À six ans déjà, j'avais compris qu'il mentait. Mal qui plus est. Il n'y a dans sa vie que de la tromperie, c'est d'ailleurs la seule personne que je connaisse qui mente à son propre analyste. N'est pas saint Augustin qui veut... C'est un imposteur, mais la France adore les impostures". L'année suivante, dans son livre Tout donner, le fils dézingue une nouvelle fois son géniteur : "Mon père devra ramper devant moi pour que je lui reparle. […] C’est un lâche, un tricheur, un parvenu. Il a été incapable de pleurer ses parents. Incapable d’élever ses enfants". Ils ne se réconcilieront jamais vraiment jusqu'en 2008. (AFP via Getty Images)
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Ses relations amoureuses
Guillaume Depardieu rencontre Clotilde Courau sur le tournage du film Marthe. C'est le coup de foudre. Ils partageront leur vie durant pratiquement trois années. Selon Jean-Loup Hubert, le réalisateur de ce film, cette relation était forte : "Ils ont très vite ressenti et vécu comme une espèce de grâce qui leur était donnée et qu’ils m’offraient en retour. Ils se sont vraiment aimés d’une façon extrême". Tellement forte que la star se fera tatouer "Clo" sur le ventre. En 1999, il épouse la comédienne Elise Ventre, qui donnera naissance à une petite Louise, en 2000. Louise Depardieu est orpheline de père et de mère, suite au décès de sa mère, en ce mois d'octobre 2020. (Getty)
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Sa mort
Le 13 octobre 2008, Guillaume Depardieu s'éteint à l'âge de 37 ans, à l'hôpital de Garches, aux alentours de 15h. L'acteur a succombé à une pneumonie foudroyante. En plein tournage en Roumanie du film L'Enfance d'Icare d'Alex Iordachescu, il avait été rapatrié en France trois jours plus tôt. Il avait également contracté une grave infection consécutive à un staphylocoque doré. Lors de la cérémonie d'adieu à l'artiste, sa mère lui avait rendu un dernier hommage, en évoquant "un enfant puis un homme dont on se demandait tout le temps s'il rentrerait le soir. Il rassurait tout le monde sauf lui". Sa sœur Julie s'était, elle, émue : "Guillaume disait souvent qu'il rêvait de se quitter alors que tout le monde rêvait de le retrouver". Et enfin, sa fille, Louise, concluait par : "Papa avait trop mal, autant qu’il soit là où il veut alors…". (Getty)
Le 13 octobre 2008, il y a douze ans jour pour jour, Guillaume Depardieu nous quittait, à seulement 37 ans, des suites d’une infection pulmonaire foudroyante. Une vie courte, mais intense, marquée par une relation pas comme les autres avec son père Gérard Depardieu, par des drames, par des frasques et par des addictions. C’est là-dessus que nous allons revenir, en images. (crédit Getty)