Iran : « Liberté, je danse ton nom » par Anna Cabana

Et si c’était Dieu qui, cette fois, était dans les détails ? La danse du Feu de l’Iranienne tout de blanc vêtue qui, longs cheveux au vent dans la nuit du 20 septembre à Sâri, tourne tourne tourne devant un bûcher, utilisant, avant de le jeter dans les flammes, le foulard qu’elle tient à la main pour démultiplier l’élan de ce tournoiement libérateur, n’est pas seulement un moment de grâce, politique et esthétique ; c’est une première. Alors, bien sûr, les hijabs brûlés quoi qu’il en coûte ne datent pas d’hier. Pour résister à l’oppression d’un régime qui les contraint à se voiler depuis quarante- trois ans, les Persanes n’ont pas attendu le 16 septembre et la mort dramatique de la jeune Mahsa Amini, après son arrestation pour « port incorrect du hijab » par la Gasht-e Ershad, la redoutable police des mœurs remusclée depuis cet été par le président Ebrahim Raïssi. On a pu mesurer la témérité sans cesse renouvelée des manifestantes 2.0 – encouragées dès 2014 par l’activiste exilée aux États-Unis Masih Alijenad – qui partagent les vidéos où elles se dévoilent en public, parfois en dansant. Mais jamais encore n’avait surgi une Esmeralda au pays des Mollahs. Appelées à faire le tour du monde, ces vingt secondes de danse cathartique vous tirent des larmes d’admiration. Et d'effroi. Oui, on a peur pour cette femme qui nous donne la plus immaculée et la plus brûlante des leçons de féminisme.

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