" J’ai pris 10 ans avec ce parcours " : quand le processus de congélation des ovocytes devient une véritable épreuve
Elles ont eu beau se renseigner sur le processus de congélation des ovocytes, les femmes avec qui nous avons parlé nous ont toutes fait part d’un sentiment d’abandon psychologique, de solitude. Adèle, infirmière de 34 ans, est " du métier ". Elle est accompagnante périnatale depuis un peu plus d’un an. " Mais le vivre, avoue-t-elle, c’est autre chose ". Il y a d’un côté des effets secondaires des piqures d’hormones qui touchent certaines femmes plus que d’autres. Et de l’autre, un silence assourdissant au moment de faire les piqures. " Je me retrouvais toute seule chez moi devant ma piqûre à me dire mais pourquoi tu fais ça, est-ce que vraiment ça sert à quelque chose ? " raconte Lucile, elle aussi infirmière. Elle a fait 4 ponctions pour mettre une douzaine d’ovocytes de côté au total. " J’ai pris 10 ans avec ce parcours, que ce soit physiquement ou autre. "
Il y a également la solitude face à la machine médicale, où l’on peut, comme Laura, bientôt 34 ans, avoir l’impression d’être un numéro pour l’hôpital public. " J’avais la sensation d’aller à l’usine. À aucun moment on nous prend entre 4 yeux pour dire les choses, pour expliquer, pour accompagner ". Après une tentative qui n’a finalement rien donné, Laura obtient un rendez-vous avec une gynécologue, par Visio, plus d’une semaine plus tard. " J’attendais ce rendrez-vous depuis 10 jours, j’étais très déçue du résultat. Et je me retrouve face à une gynécologue qui n’a absolument aucune empathie et ne comprend pas que sa patiente (...)