Une école J.K. Rowling débaptisée : ces controverses qui entourent la créatrice d’Harry Potter

Alors que HBO Max et Salto ont diffusé le 1er janvier 2022 l’émission "Retour à Poudlard" pour fêter le 20ème anniversaire de la saga "Harry Potter", le cas J.K. Rowling cristallise de vifs débats. Tout récemment, c’est une école anglaise qui a décidé de se débarrasser de son nom, "J.K. Rowling". Explications.

C’est sans aucun doute la saga la plus culte de ces dernières années. En 2001, Warner Bros s’attaque à un phénomène de société en adaptant les livres de J.K. Rowling, "Harry Potter", sur grand écran. Alors qu’en librairie le succès est sans précédent, celui qui va suivre le sera tout autant. Depuis, des millions de fans dans le monde ne se lassent pas des aventures du sorcier en herbe Harry Potter (joué par Daniel Radcliffe) et de ses acolytes, Hermione Granger (Emma Watson) et Ron Weasley (Rupert Grint). Et si beaucoup trépignaient d’impatience à l’idée de découvrir l’émission spéciale pour les vingt ans de la saga des films "Harry Potter", "Retour à Poudlard", la quasi absence de J.K. Rowling n’a échappé à personne.

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J.K. Rowling et le tweet du scandale

Ce mercredi 5 janvier 2022, un établissement scolaire anglais qui avait nommé l’un de ses bâtiments "J.K. Rowling" en hommage à la créatrice d’Harry Potter a choisi de le rebaptiser. La raison ? Les "opinions sur les personnes trans" de la romancière britannique. Déjà en 2019, son soutien à Maya Forstater, une femme ayant perdu son emploi après avoir tenu des propos transphobes, avait suscité l’indignation. Mais c’est en juin 2020 que les choses ont pris une toute autre ampleur. J.K. Rowling réagissait alors sur Twitter à un article du site Devex intitulé : "Créer un monde post-Covid-19 plus égalitaire pour les personnes qui ont leurs menstruations." Ce à quoi la romancière avait aussitôt répondu sur un ton plus qu'ironique et incisif : "‘Les personnes qui ont leurs règles’. Je suis sûre qu’on avait un mot pour désigner ces personnes, avant. Que quelqu’un m’aide. Fammes ? Fommes ? Fimmes ?"

Aussitôt, de nombreux internautes ont exprimé leur colère, regrettant que J.K. Rowling assimile ainsi les femmes aux menstruations. Certains lui ont d’ailleurs rappelé que beaucoup ne sont pas menstruées tandis que les femmes transgenres peuvent elles aussi avoir leurs règles. Très vite, les accusations de transphobie ont fusé de parts et d'autres… et les conséquences ont été immédiates et concrètes.

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Des propos pointés du doigt par Daniel Radcliffe et Emma Watson

Quelques heures seulement après la publication du tweet, le groupe de fans de la saga, The Harry Potter Alliance, n’avait pas hésité à affirmer son profond désaccord avec les propos de J.K. Rowling : "Nous nous concentrons généralement sur la diffusion de messages positifs, qui élèvent […] Les tweets de l’auteur ce soir ne sont pas de ceux-là. Au lieu de cela, voilà où vous pouvez faire un don pour aider les femmes trans noires" était-il écrit sur le réseau social à l’oiseau bleu. Et ce n’était que le début.

Dans la foulée, c’est Daniel Radcliffe lui-même qui s’est opposé publiquement aux propos de J.K. Rowling. L’iconique interprète d’Harry Potter avait choisi de publier une lettre ouverte sur le site du Trevor Project, une association américaine qui lutte contre le suicide chez les jeunes LGBTQ+. "Bien que Jo [J.K. Rowling, ndlr] soit incontestablement responsable du cours de ma vie […] je me sens obligé de dire quelque chose" avait commencé l’acteur de 32 ans après avoir précisé qu’il ne s’agissait en rien d’une lutte personnelle contre la créatrice d’"Harry Potter". "Les femmes transgenres sont des femmes. Toute déclaration contraire efface l'identité et la dignité des personnes transgenres et va à l'encontre de tous les conseils donnés par des associations professionnelles de la santé qui ont beaucoup plus d'expertise sur ce sujet que Jo ou moi."

Même son de cloche du côté d’Emma Watson qui avait quant à elle préféré s’exprimer directement sur Twitter. "Les personnes trans sont qui elles disent être et méritent de vivre leur vie sans être constamment remises en question, ou qu’on leur dise qu’elles ne sont pas qui elles disent être" avait ainsi martelé l’interprète d’Hermione Granger, très engagée dans de nombreuses causes. Et de conclure : "Je veux que mes followers trans sachent que moi et de nombreuses personnes dans le monde entier vous voyons, vous respectons et vous aimons pour qui vous êtes."

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Enfin, en mars 2021, Rupert Grint s'est joint à ses acolytes en exprimant lui aussi son ferme désaccord avec la sortie de J.K. Rowling. "Je pense que tu peux avoir un énorme respect pour quelqu'un et désapprouver, tout de même, ce qu'il dit. Je soutiens fermement la communauté trans et fait écho aux sentiments exprimés par plusieurs de mes pairs. Les femmes trans sont des femmes, les hommes trans sont des hommes. Nous devrions tous avoir le droit de vivre entourés d'amour et sans jugement" a déclaré l'interprète de Ron Weasley dans une interview à Esquire.

Explications et réactions en chaîne

Face au scandale, J.K. Rowling avait publié sur son blog un long essai dans lequel elle assure respecter "le droit de toute personne trans à vivre sa vie de la façon qui lui parait la plus sincère et confortable"… avant de réaffirmer ses positions sur le sujet. "Si le sexe n’est pas une réalité, alors il n’y a pas d’attirance pour les personnes de même sexe. Je connais et j’aime des personnes trans, mais effacer le concept de sexe retire à beaucoup la capacité de discuter vraiment de leurs expériences." Puis la romancière avait évoqué les violences conjugales qu’elle a subies dans les années 90, et estimé qu’il fallait "s’inquiéter du nouveau militantisme trans (…) car il pousse à éroder la définition légale du sexe et à la remplacer par le genre."

En décembre 2021, Warner Bros dévoilait le trailer officiel des "Animaux fantastiques 3 : Les Secrets de Dumbledore", produit et co-scénarisé par J.K. Rowling. Pourtant, son nom n’apparaît seulement qu’en petits caractères dans les crédits du panneau final. Le même mois, ce sont les équipes de l’US Quidditch et de la Major League Quidditch (discipline culte de la saga "Harry Potter") qui ont annoncé qu’elles comptaient changer de nom suite aux propos jugés transphobes de J.K. Rowling.

Enfin, à l’occasion du 20ème anniversaire des films "Harry Potter", HBO a préparé une émission spéciale baptisée "Retour à Poudlard" dans laquelle les fans ont pu retrouver les acteurs cultes de la saga, à l’instar de Daniel Radcliffe, Emma Watson, Rupert Grint, Ralph Fiennes, Tom Felton ou encore Matthew Lewis, Helena Bonham Carter et Gary Oldman. Bref, du beau monde. Et J.K. Rowling dans tout ça ? La romancière n’apparaît que quelques secondes à travers des bribes d’interviews qui – comme il l’est bien précisé – ont été tournées en 2019. Soit un an avant la polémique. Du côté des acteurs, tous (ou presque) évoquent brièvement la créatrice d’Harry Potter par son surnom, "Jo".

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Si beaucoup y ont vu là une preuve de la mise à l’écart flagrante de J.K. Rowling, le site Entertainment avançait une toute autre raison en décembre 2021. "Une invitation a été adressée à J.K. Rowling pour y participer, mais son équipe a déterminé que les archives filmées de l’écrivaine étaient adéquates. Des sources proches affirment que ses déclarations sur les personnes trans et la controverse qui les entoure n’ont pas joué un rôle dans cette décision." Toujours est-il que cette situation soulève de vifs débats au sein de la communauté de fans d’Harry Potter. Quand certains déplorent ce qu’ils estiment être les conséquences de la "cancel culture", d’autres continuent de pointer du doigt les positions de J.K. Rowling. La magie de la saga finira-t-elle par l’emporter ?

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