JO de Paris 2024 - La boxeuse algérienne Imane Khelif harcelée après sa victoire : "Ce n'est pas une femme. C'est un homme biologique"

En 2023, Imane Khelif avait été exclue des Mondiaux de boxe à cause d'un "taux élevé de testostérone". Alors qu'elle participe aux Jeux Olympiques de Paris, la sportive est victime d'une vague de harcèlement. De nombreux sportifs se sont mobilisés pour la soutenir.

JO de Paris 2024 - La boxeuse algérienne Imane Khelif harcelée après sa victoire :
JO de Paris 2024 - La boxeuse algérienne Imane Khelif harcelée après sa victoire : "Ce n'est pas une femme. C'est un homme biologique". (Photo by Richard Pelham/Getty Images)

Ce jeudi 1er août, Imane Khelif a remporté son match de boxe contre l'Italienne Angela Carini en seulement 45 secondes. Cette dernière a préféré abandonner, affirmant "avoir eu très mal". Et malheureusement, la victoire de la boxeuse algérienne, qualifiée pour les quarts de finale, ne font qu'accentuer le harcèlement dont elle est victime depuis plusieurs semaines.

En 2023, Imane Khelif s'était retrouvée, au côté de la Taïwanaise Lin Yu-ting, au coeur d'une véritable polémique. Les deux femmes avaient été exclues des Mondiaux de boxe par la fédération internationale de leur sport (l'IBA), en raison de "taux élevés de testostérone". "On m'a dit que je présentais des caractéristiques qui signifient que je ne peux pas boxer avec des femmes", avait-elle regretté à l'époque sur sa page Facebook.

Selon nos confrères de France 24, au moment des faits, le président de l'IBA Umar Kremlev aurait affirmé que les boxeuses avaient "des chromosomes XY", généralement associés aux hommes.

La décision de l'IBA n'a toutefois eu aucun impact sur la participation des deux compétitrices aux Jeux Olympiques de Paris. Le Comité International Olympique (CIO), qui ne reconnaît pas l'IBA, l'a affirmé par le biais de son porte-parole, Mark Adams : "Ce sont des femmes dans leur sport, et il est établi dans ce cas que ce sont des femmes.".

Mais cette décision n'est pas au goût des détracteurs d'Imane Khelif, qui militent depuis plusieurs semaines pour lui interdire de participer à la compétition.

Sur X, des dizaines de personnes ont appelé à disqualifier la sportive algérienne, affirmant : "Ce n'est pas une femme, c'est un homme biologique", et l'accusant de vouloir participer à la compétition pour "taper des femmes".

Depuis sa victoire face à l'Italienne Angela Carini, ce 1er août, les messages se multiplient une fois de plus. "Le CIO a forcé une femme, Angela Carini, à se battre contre un homme", "L'Italienne s'est fait tabasser par un mec qui n'aurait jamais dû participer à la compétition"... De nombreux médias ont aussi relayé des informations affirmant qu'Imane Khelif était "un homme biologique", alors que cette dernière n'a jamais fait de commentaire sur son genre, et que son intersexualité présumée n'a jamais été confirmée.

Heureusement, Imane Khelif peut compter sur le soutien de ses fans, qui sont nombreux à avoir pris sa défense sur les réseaux sociaux. Au même titre, son compatriote algérien, le footballeur Ismaël Bennacer a pris la parole sur les réseaux sociaux, affirmant : "Soutien total à notre championne Imane Khelif, qui subit une vague de haine injustifiée. Sa présence aux Jeux Olympiques est tout simplement le fruit de son talent et de son travail acharné. On croit en toi pour porter haut les couleurs de l’Algérie.".

Au même titre, le Comité olympique algérien (COA) a affirmé dénoncer "dans les termes les plus forts les attaques malveillantes et contraires à l'éthique dirigées contre notre distinguée athlète, Imane Khelif, par certains médias étrangers" ainsi que les "mensonges complètements injustes" sur le genre de l'athlète.

Le 2 août 2024, ce sera au tour de la Taïwanaise Lin Yu-ting de concourir dans sa catégorie, et cette dernière aussi est la cible d'une virulente campagne de haine sur les réseaux sociaux. Les deux sportives ne sont pas les premières à subir ce type de discriminations. Caster Semenya, athlète sud-africaine et spécialiste du 800 mètres n'a plus le droit de concourir dans les catégories féminines, puisqu'elle refuse de prendre un traitement pour faire baisser son taux de testostérone. Depuis plusieurs années, elle se bat devant la justice pour défendre son choix.

Par ailleurs, pour les JO de Paris, chaque fédération sportive pouvait faire le choix de faire participer ou non des athlètes transgenres. De nombreuses fédérations, comme celles d'athlétisme, de natation ou de cyclisme, ont ainsi exigé une transition "avant la puberté", un critère qualifié d'excluant car la majeure partie des pays ne permettent pas de changement de genre avant la majorité des personnes concernées.

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