JO de Paris 2024 -Face au sexisme du public, certaines joueuses de beach-volley renoncent au bikini
Alors que les épreuves de beach-volley se déroulent actuellement, dans le cadre des Jeux Olympiques de Paris, les tenues des sportives sont au coeur de toutes les conversations. Sur les réseaux sociaux comme dans les tribunes, les hommes s'en donnent à coeur joie pour commenter les physiques des sportives en bikini. Une attitude sexiste et écoeurante, contre laquelle certaines athlètes sont décidées à lutter.
"C'est le festival du boulard", "Mate un peu le cul de l'Espagnole", "Passe-moi tes jumelles"... Les commentaires sont écœurants, mais ne sont pas surprenants. Tous ont été prononcés par des hommes, sur les réseaux sociaux ou dans les tribunes des épreuves de beach-volley, aux Jeux Olympiques de Paris 2024.
Comme chaque année, là où les hommes s'affrontent sur le sable en short et en débardeur, la plupart des équipes féminines, elles, portent des brassières et des culottes de bikini taille basse. Une ancienne obligation aujourd'hui abrogée, souvent dénoncée par les athlètes comme par leur public, mais largement encouragée par la gent masculine.
Des vidéos et des commentaires ouvertement sexistes
Sur TikTok, il suffit de chercher des vidéos des épreuves de volleyball pour tomber sur des vidéos grossières. Gros plans sur les fesses des joueurs, commentaires goguenards... Certains internautes ne se cachent pas d'avoir décidé d'assister aux épreuves simplement pour pouvoir reluquer les sportives "en mode charo".
Dans les tribunes, l'ambiance est similaire. Interrogée par nos soins, Mélissa, présente dans les gradins pour la rencontre Brésil - Espagne, le mardi 30 juillet 2024, ne cache pas son écœurement. "Il y avait majoritairement des mecs présents de mon côté, et les commentaires étaient constants. Comparatifs entre les joueuses, réflexions graveleuses du style "vas-y, penche toi pour ramasser le ballon" quand les joueuses étaient de dos... Les deux mecs devant moi se refilaient une paire de jumelles à tour de rôle pour pouvoir mater d'encore plus près", regrette la jeune femme.
"C'était d'autant plus flagrant que les Espagnoles jouaient en bikini, tandis que les Brésiliennes étaient en short", précise la fan de sport. "J'ai clairement entendu des mecs regretter que la petite culotte ne soit plus obligatoire, et dire que s'ils avaient su, ils seraient allés voir d'autres équipes."
Le short, arme des sportives contre les commentaires sexistes
Le débat autour des tenues des joueuses de beach-volley ne date pas d'hier. En effet, pendant de nombreuses années, le bikini était obligatoire pour les joueuses, et il a fallu attendre les Jeux Olympiques de Londres, en 2012, pour que la règle soit assouplie. Il en va d'ailleurs de même pour le beach-handball, qui a vu le port du short interdit jusqu'en 2021, avant que la règle ne soit modifiée après les protestations de la délégation norvégienne.
Aussi, aux Jeux Olympiques de Paris 2024, le port du bikini n'est plus obligatoire. Résultat, les Françaises ont fait le choix du short, ainsi que l'a fièrement revendiqué Lézana Placette, après la victoire inaugurale des Françaises face aux Allemandes le 30 juillet 2024. "C'est un nouveau public parce que c'est la première fois qu'on joue en France avec autant de personnes dans les gradins. C'était important pour nous de leur montrer ce que c'est que le beach-volley, notre beach-volley. C'est aussi pour ça qu'on a joué en short. C'est une règle qui est arrivée il y a deux ans, par le beach-handball norvégien, puis les beach-volleyeuses norvégiennes, qu'on a été les premières à suivre et qu'on essaye de pousser", a-t-elle précisé, dans des propos rapportés par L'Equipe.
La sportive l'affirme : "On a envie que dans le beach-volley, les femmes aient le choix. Certaines fois, on a envie de jouer en bikini, d'autres fois en short, en legging, voire même en n'étant pas habillées pareil l'une et l'autre. On a envie ''d'éduquer'' le public, qu'il ne se dise pas : "ah tiens, c'est deux nanas en bikini, on va venir les voir jouer pour voir leurs fesses.'' Non, c'est deux nanas qui peuvent mettre des shorts et qui font de belles choses sportivement, et c'est là-dessus qu'il faut se concentrer."
Doaa Elghobashy et Marwa Abdelhady, joueuses historiques en hijab
Parmi les joueuses qui refusent de se confronter au sexisme des commentaires des spectateurs, Doaa Elghobashy et Marwa Abdelhady, joueuses égyptiennes, se sont illustrées en participant à la compétition en hijab. Interrogée par la BBC Sport Africa, Doaa Elghobashy le rappelle sans complexe : "Je ne peux pas jouer en bikini parce que je suis musulmane." A l'occasion des Jeux Olympiques de 2016, à Rio de Janeiro, elle était rentrée dans l'histoire des olympiades en étant la première joueuse à monter sur le terrain en pantalon long, avec des manches et un foulard hijab.
Choix réitéré à l'occasion des Jeux de Paris, toujours avec la même tenue : "Pour moi, si vous êtes musulman, vous pouvez jouer au volley-ball de plage, au volley-ball, vous pouvez tout jouer. Maintenant, je dis à toutes les filles et joueuses musulmanes : 'Si vous voulez jouer, vous pouvez jouer avec un hijab ou sans hijab. Mais jouez'."
Une prise de position courageuse, alors que des athlètes françaises se sont vu refuser le droit de participer à la compétition en hijab. Une décision qualifiée de "violation des droits humains des sportives" par Amnesty International.
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