Judith Chemla (« Une part manquante ») : « Jouer permet de faire bouger les carcans »

Judith Chemla dans une tenue noire à l'Avant-première du film « Niki » à Paris.

Dans « Une part manquante », de Guillaume Senez, Judith Chemla incarne, au côté de Romain Duris, l'un de ces parents arrachés à leur enfant à cause d'un divorce opposant Français et Japonais. Un sujet qui fait écho à sa propre histoire et permet à cette actrice et chanteuse lyrique de mettre en adéquation son travail et le combat qu'elle mène pour faire entendre la parole des femmes et des enfants victimes de violences. Conversation avec une artiste passionnée, intelligente, meurtrie, mais tournée vers la vie.

Qu'est-ce qui vous a intéressée dans ce film ?

C'est d'abord la façon de travailler de Guillaume Senez. Lorsqu'il nous a présenté son projet, à Romain Duris et à moi, il nous a tendu un synopsis détaillé mais sans dialogues pour nous encourager à inventer, bref, à trouver nos mots. Comme chez lui l'improvisation est reine, je savais que je pourrais aller dans des zones de jeu où le lâcher-prise est possible. Mais, évidemment, le sujet rentrait aussi en connexion avec mes problématiques. En France comme au Japon, certaines affaires familiales font des dégâts terribles chez les enfants. Là-bas, des divorces créent des arrachements injustes, et le petit est bafoué au cœur d'un système rigide, patriarcal, où la tradition considère que la cellule familiale est sacrée, donc impénétrable. Or mon histoire personnelle m'a amenée à m'engager pour la protection des enfants, l'attention qu'on doit porter à leur parole et la justice qu'on doit leur rendre. Mais au-delà de la France, c'est un problème mondial. A part en Suède et en Espagne, les droits de l'enfant sont trop souvent bafoués.

Connaissiez-vous ces couples mixtes qui, après une séparation, n'ont plus de nouvelles de leurs enfants ?

Non, mais j'ai rencontré Emmanuel, l'un de ceux qui ont inspiré le film. Lors de sa séparation, sa femme est repartie vivre au Japon avec leur fille, qu'il n'a pas revue pendant des années. J'ai évidemment été émue par cet arrachement, sa...

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