Kristen Stewart et Laura Dern parlent de la vie dans le Montana, de leur éducation à Los Angeles et de leur film Certain Women

Kristen Stewart, Laura Dern et Michelle Williams interprètent un trio de femmes qui vivent dans le Montana et doivent faire face à des défis professionnels et personnels dans le nouveau film Certain Women de la réalisatrice de films indépendants Kelly Reichardt. Les personnages de K. Stewart et de L. Dern ne partagent pas de scènes à l'écran mais on retrouve tout de même une grande complicité entre les deux actrices. Elles se sont confiées à Yahoo Style à propos des femmes à Hollywood, des hipsters du Montana et des fantômes.

Photographie : Joel Barhamand pour Yahoo Style

Yahoo Style : On retrouve une atmosphère très authentique dans le film. C'était comment le Montana ?

Kristen Stewart : Oh wow, j'y suis allée en voiture depuis LA.

Laura Dern : Oh, vraiment ?

KS : Mon personnage passe tellement de temps dans sa voiture, j'ai eu envie de faire pareil. Je n'ai probablement jamais autant été impressionnée par la beauté physique des Etats-Unis.

Que faisiez-vous lorsque vous ne tourniez pas ?

KS : Je restais surtout assise dans ma cabane, sur cette immense propriété au milieu de nulle part, près du feu.

LD : On traversait l'hiver pour rejoindre le printemps. Je n'ai jamais eu aussi froid. Livingston, la ville où nous vivions, est incroyable.

KS : C'est un peu Hipsterville en plein cœur du Montana. Il y a des mecs barbus en bottes qui achètent du lait d'amande quand vous faites vos courses.

LD : Je séjournais au Murray Hotel, ce qui a été une vraie expérience. Il est hanté.

Avez-vous vu un fantôme ?

LD : Non, mais j'ai ressenti quelque chose de flippant. Et toute l'équipe, tout le monde parlait de l'énergie présente. Je suis descendue à la réception et j'ai dit un truc du genre : je flippe un peu même si je sais que c'est ridicule mais certaines personnes disent que ce lieu est hanté. Et elle me répond : Oh oui, je vois des fantômes tout le temps. Pourtant, c'est une femme qui semble normale, pas du tout farfelue.

Quels sont les points communs entre ces trois histoires distinctes ?

LD : L'une des choses que je trouve particulièrement belles à propos du travail de Kelly, c'est qu'elle est intéressée par des personnages libérés de ce que le monde extérieur tente de projeter. Donc, ces personnes choisissent… pas nécessairement d'être complètement isolées, mais de vivre leur vie au sein d'un système sans en devenir esclave. Et ces personnages doivent notamment gérer le conseil scolaire, le monde de la loi et des avocats et la dynamique du mariage. Ces trois domaines dans lesquels il est nécessaire de négocier avec les hommes du monde.

KS : Regarde-moi ça !

LD : Je viens juste de tout comprendre, j'ai déchiffré le code.

KS : Il y a un autre point intéressant aussi.

LD : Super ! Vas-y, développe un peu.

KS : Elles veulent toutes quelque chose qu'elles ne peuvent pas avoir. Elles font toutes face à ces obstacles fixes. Il y a cette lutte silencieuse. Ce que j'adore également sur ce point, c'est qu'elle considère que ce sujet mérite d'être traité même si ces femmes n'ont pas besoin de réaliser cet immense exploit auto-glorifiant.

Les personnages féminins forts sont-ils importants à vos yeux ? Ou vous propose-t-on des rôles où vous vous dites : oh non, je n'en peux plus de ce type de rôles ?

KS : Ouais, de mauvais rôles sont offerts aux filles. Je pense que j'ai un bon agent, je ne pense pas qu'il me propose des projets où je pourrais me dire : c'est quoi ce truc, pu**** ? Pourquoi tu m'envoies ça ?

Prêtez-vous d'abord attention au réalisateur ?

KS : Je pense qu'il est important de donner une chance aux nouveaux réalisateurs. J'ai besoin de rencontrer quelqu'un. De les voir ; de les connaitre. Honnêtement, vous pourriez ne pas m'apprécier. Comment savoir si vous me voulez vraiment dans votre film sans jamais m’avoir rencontrée. Je trouve toujours cela très étrange. Les offres directes me paraissent toujours vraiment bizarres, sans rendez-vous ni audition. Je me dis : okay, cool, et donc je joue dans le film et c'est tout ? Vous ne me connaissez même pas.

Et s'il déteste tout ce que vous faites ?

KS : Ouais et si vous me trouvez complètement chiante ? Vous ne m'avez jamais rencontrée !

Ça fait beaucoup de temps à passer avec quelqu'un que vous trouvez secrètement chiant. Sinon, vous venez toutes les deux de LA.

LD : Tu viens d'ici aussi ?

KS : Oh je suis de North Hollywood.

LD : Où as-tu étudié ?

KS : À la maison.

C'est comment d'étudier à la maison ?

KS : C'est une expérience. Ça m'a vraiment plu parce que j'ai pu définir un peu mon propre programme. Tous mes amis devaient lire des trucs qui les ennuyaient à mourir alors que je pouvais choisir ce que je voulais. J'ai lu Sur la route en troisième. Et toi, tu as étudié où ?

LD : Buckley. Ce qui est choquant car c'est vraiment traditionnel alors que mes parents sont des hippies. Et j'en suis reconnaissante d'ailleurs. Qui aurait cru que je finirai par tourner dans des films politiquement subversifs et participer à des débats sur CNN.

KS : J'ai joué avec ton père.

LD : Oh, c'est vrai ! Il t'adore.

KS : Je l'adore.

Quel âge aviez-vous quand vous avez joué dans The Fabulous Stains ?

LD : 12 ans. J'ai commencé à 11 ans, c'était mon premier rôle dans un film !

KS : J'adore ce film.

LD : Je suis partie en cinquième. J'ai coupé mes cheveux et j'ai passé quatre mois avec les Clash et les Sex Pistols. J'ai fêté mes 13 ans et en revenant, je me suis dis : je n'arriverais plus jamais à m'identifier à tout ça. Je n'ai jamais consommé de drogues grâce à ce film. Quand vous vous demandez comment aider votre enfant à gérer toutes ces questions, moi je recommande de les faire tourner dans un film avec les Sex Pistols. Ça n'est pas parce que j'ai vu des choses mais parce qu'ils m'ont dit : Ne fais pas ça. Et moi je répondais : Okay !

KS : Il faut qu'on parle plus tard d'une histoire dont j'ai discuté avec un bon ami à toi avec qui j'ai travaillé mais dont je ne me souviens plus du nom. J'aimerais avoir ton opinion.

LD : J'ai hâte !

C'est quoi ?

KS : Oh, je ne peux pas vous dire. [Rires.]

Marisa Meltzer