L'édito de ELLE : « Ennui magique » par Dorothée Werner

L'édito de la semaine.

C’est une femme qui marche le long d’une plage, les pieds dans l’eau, en balançant des cailloux dans la mer. On est du côté de Porquerolles, le soleil cogne. Elle porte une robe d’été en coton rayée rouge et blanc, elle est canon, elle chante : « Qu’est-ce que je peux faire, chais pas quoi faire… » La ritournelle d’Anna Karina est devenue aussi culte que cette fameuse scène de « Pierrot le Fou » de Jean-Luc Godard. C’est la rengaine de l’ennui au soleil. Cet ennui tant redouté, même par ceux qui passent leur temps à en vanter les mérites pour leurs enfants, allant parfois même jusqu’à convoquer les neurosciences afin d’en démontrer les bienfaits, que le bon sens intuitif connaît depuis toujours.

Or l’ennui des adultes reste le grand sujet tabou des vacances : ce moment tant attendu, investi de pouvoirs quasi surnaturels, est censé être nécessairement génial (au minimum). Ce temps de latence devient un truc de plus à « réussir » pour ne pas avoir le sentiment, à ses propres yeux comme à ceux des autres, de foirer sa vie. Mais voilà qu’un petit bouquin impertinent pourrait aider les grands enfants anxieux que nous sommes à réapprivoiser l’ennui sans craindre d’être englouti par lui : Le « Petit Éloge du transat », signé Vanessa Postec (éd. Les Pérégrines), égraine tous les arguments de bonne et de mauvaise foi qui transforment cet objet banal en instrument de sédition douce, plus subversive qu’il...

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