L'édito de ELLE « Sexe interdit » par Olivia de Lamberterie

L'édito de la semaine.

Cachez ces mots que je ne saurais voir ! Que les moins de 18 ans ne pourront pas connaître… On a cru à une mauvaise blague, un poisson de juillet, quand on a appris que le roman de Manu Causse « Bien trop petit », édité dans une collection destinée aux adolescents, avait été interdit à la vente aux mineurs par un arrêté du ministère de l’Intérieur. L’éditeur Thierry Magnier avait pourtant pris soin de mentionner sur la quatrième de couverture que l’histoire de Grégoire (malheureux et piteux après qu’un imbécile s’est moqué de la taille de son sexe) s’adressait à un lectorat averti, à partir de 15 ans.

L’argument de cette censure ? La lecture de ce roman présenterait un danger pour les mineurs. C’est Molière place Beauvau : 50 % des enfants de 12 ans ont déjà vu un film pornographique, mais que fait la police ? Voilà « Tartuffe » et « Le Bourgeois gentilhomme » réunis, une hypocrisie absolue et une vaniteuse ignorance de ce qu’offre la littérature. Pour illustrer le non-sens de cette décision, l’écrivain Nicolas Mathieu a proposé à toutes et tous de raconter sur Instagram (#whenIwas15) leurs premiers émois érotiques et littéraires. Pour l’auteur de « Connemara », ce fut Pierre Louÿs, pour d’autres Marie Cardinal, Régine Deforges ou Armistead Maupin. Tous se souviennent combien ces  lectures leur ont permis de se sentir moins seuls dans leur océan d’innocence, d’impuissance  et parfois de honte. Lire,...

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