L'édito de ELLE : « Notre valse aux adieux » par Olivia De Lamberterie

L'édito de la semaine.

Combien sont-ils, les écrivains dont on se souvient, des années plus tard, du jour précis où on les a lus pour la toute première fois, du choc presque physique suscité par la découverte de leur oeuvre ?  Milan Kundera est de ceux-là. Les pages jaunies des éditions Folio sentent l’odeur particulière du temps qui a passé, mais l’on se revoit comme si c’était hier, découvrant Lucie, figure inouïe de « La Plaisanterie » ou vibrant avec le quatuor de « L’Insoutenable Légèreté de l’être ». À Prague, ces personnages dansaient sur les volcans du XXe siècle, mais leurs passions érotiques, leurs amours risibles, les arrangements et les mensonges, les fables et les blagues, dont ils nourrissaient leurs rêves étaient aussi les nôtres.

Comme ses héros, Milan Kundera, né le 1er avril 1929 en Tchécoslovaquie, a épousé les soubresauts de son pays natal et de son époque, mais il ne voulait pas parler de sa vie. Il est ainsi le seul auteur de la Pléiade à avoir refusé qu’on y établisse sa biographie. La tristesse de sa disparition ne saurait être adoucie que par la conception de la littérature qu’il nous laisse et qu’il est salutaire de se rappeler. Kundera réclamait le droit à la discrétion, luttait contre l’abomination de la transparence à tout prix. Pour lui, seule comptait l’oeuvre, et rien d’autre. Il croyait aussi que l’esprit de sérieux ne vaut rien dans l’art romanesque – lui qui disait écrire pour faire rire...

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