L’explorateur Jean-Louis Étienne : « Les pôles sont des sommets invisibles que l’on porte en soi »
Vous avez écrit : « On n'empêche pas une mouette de prendre le large. » D'où viennent donc les ailes de l'enfant timide que vous étiez ?
J'ai grandi dans un petit village. Derrière chez nous, il y avait les champs. J'étais timide en effet, sauvage même. Je vivais dehors, je grimpais aux arbres, j'aimais la solitude… Et je bricolais – j'ai toujours été manuel. Mes parents m'ont laissé l'entière liberté d'inventer ma vie.
Vous aviez 8 ans lors de votre première « expédition ». Vous vous en souvenez ?
J'ai campé au fond du jardin, dans une canadienne orange prêtée par la voisine ! Ce fut ma première nuit dehors… D'où vient ce goût pour les expéditions ? Je me souviens que quelqu'un avait apporté un magazine à la maison, l'Illustration, qui était une sorte de National Geographic français de la grande époque coloniale. Je m'imaginais faire partie de ces aventures ! A 14 ans, à l'aide d'un catalogue La Hutte [devenue plus tard Intersport], j'ai établi une liste du matériel pour aller camper dans les Pyrénées en hiver. Quand j'y repense, je me dis : pourquoi seul, et pourquoi en hiver ? Ça en dit long, déjà, sur l'enfant que j'étais, et sur ce profond désir d'aventure auquel j'ai instinctivement consacré ma vie.
Mais comment êtes-vous devenu explorateur ? Il n'y a pas d'études pour ça…
A l'école, je n'avais pas les notes pour entrer en 6e, alors j'ai suivi une formation professionnelle – c'était ainsi, à...
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