Le corps idéal d’une femme dans 18 pays avec Photoshop

Dans les années 1600, William Shakespeare avait écrit « La beauté s'estime par le jugement des yeux », pour expliquer que la beauté est subjective et dépend de chaque individu. Mais la beauté pourrait-elle dépendre aujourd’hui de chaque pays ? L’entreprise britannique Superdrug a demandé à l’agence de marketing Fractl de recruter des graphistes de 18 pays différents, pour retoucher l’image du corps d’une femme afin de « correspondre à leurs perceptions culturelles de la beauté et de l’idéal des formes féminines ». Le projet s’inspire du travail d’Esther Honig, en 2014, Before & After, dans lequel elle demandait à des graphistes de retoucher un visage.

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Le corps idéal, selon 18 graphistes à travers le monde, de gauche à droite : Chine, Égypte, États-Unis. (Photo : Superdrug Online Doctor)

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La carte des pays des graphistes participants au projet. (Photo : Superdrug Online Doctor)

Les graphistes ont reçu les instructions suivantes : « Utilisez Photoshop pour des retouches sur ses formes. L’idée est de faire des retouches sur cette femme pour la rendre plus attractive aux yeux des personnes de votre pays. Nous cherchons à étudier comment les perceptions de la beauté changent d’un pays à l’autre. Plusieurs graphistes participent. Vous pouvez modifier les vêtements mais les formes doivent être visibles. Pas de nudité. Vous êtes libres de faire tout autre changement, y compris sur les formes de son corps ». Superdrug a aussi interrogé 35 personnes (un échantillon pas suffisamment important d’un point de vue scientifique, mais néanmoins intéressant) pour deviner le poids des corps sur les images retouchées.

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Photo d’origine.

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États-Unis.

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Chine.

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Colombie.

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Syrie.

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Italie.

(Photos : Superdrug Online Doctor/Hugo Felix/Shutterstock)

« Quelques photos sont restées très similaires, à l’exception d’un léger amincissement, mais d’autres semblent montrer une toute nouvelle femme » commente Superdrug. « Les changements radicaux dans la couleur des cheveux, la tenue et le ratio entre la taille et les hanches, étaient fréquents ». Par exemple, de nombreux graphistes de pays d’Amérique du Sud ont produit des silhouettes en forme de sablier, tandis que les pays européens et asiatiques ont produit des silhouettes extrêmement minces et Superdrug fait remarquer qu’en se basant sur l’IMC, elles peuvent être considérées comme étant en sous-poids.

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Le poids et l’IMC estimés pour chaque image. La deuxième colonne en partant de la gauche montre le poids estimé en kilogrammes et la dernière colonne à droite montre l’IMC. (Photo : Superdrug Online Doctor)

Il est important de noter que tous les graphistes sélectionnés étaient des femmes et Superdrug a spécifiquement demandé des artistes femmes : « Nous voulions la vision d’une femme pour ce qui est attirant dans sa culture, pour mieux comprendre les pressions auxquelles elles font face ». Malheureusement, Superdrug ne se penche pas sur les facteurs socioculturels qui entrent en jeu dans la pression vis-à-vis de l’image corporelle, à l’instar de la propagation internationale des standards de beauté idéale et de la mondialisation des standards de beauté à l’ère d’Internet. La spécialiste en image du corps, Susan Bordo, avait écrit à propos des participantes nigériennes au concours de Miss monde qui avaient reçu des notes basses de la part des juges parce qu’elles représentaient des standards régionaux de beauté. Agbani Darego, candidate à la peau claire et très mince, est devenue la première femme africaine à gagner le concours Miss Monde. Depuis lors, les adolescentes africaines suivent les standards de beauté de Miss Monde car ils ont été présentés comme étant la beauté souhaitable, d’après Susan Bordo. Dans ses projets à venir, Superdrug a annoncé qu’ils exploreront différents points de vue et perspectives, par exemple avec des études sur la beauté masculine.

Yahoo Beauty
Noël Duan
Rédacteur adjoint