Les 5 ingrédients suspects qui pourraient coûter près de 20 millions d'euros à l'industrie de la beauté

Le récent buzz concernant les soins capillaires de la marque Wen (parallèlement à l'avertissement de la Food and Drug Administration (FDA) à propos des soins nettoyants qui ont entrainé des milliers de plaintes concernant des rougeurs et des taches chauves) a attiré l'attention sur les dangers potentiels des produits de beauté. Il a également relancé le débat sur les projets de loi qui pourraient régler certains problèmes d'omission de la FDA concernant ce type de produits et leurs ingrédients.

De nombreux produits de beauté populaires aux Etats-Unis contiennent des produits chimiques suspects qui pourraient être analysés par la FDA si un projet de loi venait à être validé. (Photo : Yahoo Beauty)

On retrouve régulièrement cinq produits chimiques suspects, dont le formaldéhyde et le plomb, dans les cosmétiques (CoverGirl, Neutrogena, Vaseline, Almay, Coppertone, Aveeno et de nombreuses autres marques disponibles en magasins).

Le projet de loi, sponsorisé par les sénatrices américaines Dianne Feinstein et Susan Collins, envisage de modifier le Cosmetic Act de la FDA qui a bizarrement été modifié pour la dernière fois en 1938. Le secteur du maquillage et des soins de la peau n'est donc quasiment pas régulé du tout.

Dianne Feinstein a décidé de soutenir le projet de loi après avoir appris que l'Union européenne avait interdit la présence de plus de 1 300 produits chimiques dans les produits de soins personnels, contrairement à seulement 11 ingrédients interdits aux Etats-Unis, dont le mercure et le chloroforme. La nouvelle loi permettrait à la FDA de tester les ingrédients présents dans les produits cosmétiques et d'initier des rappels obligatoires lorsque les produits contiennent des toxines. Les entreprises seraient également obligées de mentionner à la FDA tout effet négatif sérieux sur la santé sous 15 jours.

Des entreprises plus petites, comme Wen et Mary Kay, s'opposent au projet de loi, d'après un récent article du New York Times, contrairement à des marques plus importantes comme Johnson & Johnson et Revlon qui elles soutiennent le projet. Cela peut sembler ironique vu que ce genre d'ingrédients est utilisé par de grandes marques, mais il s'agit également des entreprises qui disposent de l'argent pour payer les 20 millions de dollars (environ 18 millions d'euros) présumés en frais annuels proposés pour couvrir le coût des tests de cinq ingrédients différents chaque année.

Les cinq premiers, déterminés par le bureau de D. Feinstein, ainsi que plusieurs entreprises, groupes de consommateurs et la FDA, incluent :

- Une forme de formaldéhyde appelée méthylène glycol : il s'agit d'un carcinogène humain reconnu parfois utilisé dans les salons dans les soins capillaires lissants, dont le lissage brésilien. La base de données de l'Environmental Working Group’s Skin Deep (EWG), qui revient en détails sur les risques des produits de beauté et leurs ingrédients, lui a donné un score de 10 (le plus dangereux) sur une échelle de 1 à 10. Les études ont découvert qu'on en trouvait même dans certains traitements lissants « sans formaldéhyde », dont le lissage brésilien.

- Le propylparabène est un conservateur associé à des perturbations hormonales. Il obtient un score de 7 sur l'échelle EWG et concernerait 3 000 produits dont des fonds de teint (plus de 15 chez CoverGirl); des produits hydratants CeraVe, Curel, Neutrogena, Vaseline et Kiss My Face; des rouges à lèvres Black Radiance, CoverGirl, L.A. Girl et Wet n Wild; des mascaras Almay, e.l.f. et CoverGirl et des produits solaires Banana Boat, Coppertone et Hawaiian Tropic.

- L'acétate de plomb : cette neurotoxine puissante est associée à une toxicité développementale, reproductrice et du système organique, ainsi qu'à des cancers. Elle est utilisée dans les teintures capillaires pour hommes et obtient un score de 10 sur l'échelle EWG. Plusieurs produits en contiennent toujours, d'après EWG, dont le Liquid with Conditioner Grecian Formula 16, l’Hair Color & Conditioner for Men Youthair, le Gradual Hair Color Foam Grecian Plus ainsi que la Crème Youthair.

- Diazolidinyl urea : ce conservateur libère des formaldéhydes et est associé à des réactions allergiques et de la toxicité. Il a obtenu un score de 6 sur l'échelle EWG. Plus de 650 crèmes solaires, produits hydratants, maquillages pour les yeux et nettoyants l'utilisent comme additif, dont le nettoyant Gentle Daily Cleanser Kinerase, les lingettes démaquillantes Gentle Eye Makeup Remover Pads Almay, la lotion Kids Pure & Simple Lotion SPF 50 Coppertone, le produit hydratant Oil Free Moisture Neutrogena, l'huile Creamy Moisturizing Oil Aveeno, le soin Full Body Repair Conditioner John Frieda et le produit hydratant Tinted Moisturizer Laura Mercier.

- Quaternium-15 : il s'agit d'un autre conservateur qui libère des formaldéhydes associé à des irritations et à de la toxicité. Il a obtenu un score de 8 sur l'échelle EWG. On le retrouve dans une gamme de plus de 150 produits dont le soin pour le corps Skin Relief Body Wash Aveeno, le mascara One Coat Thickening Mascara Almay, le soin Baby Calming Comfort Bath Aveeno, les ombres Eye Enhancers 4 Kit Shadow CoverGirl, le nettoyant Gentle Cleansing Wash CVS, le nettoyant Gentle Cleansing Wash Purpose et le mascara Great Lash Washable Mascara Maybelline.

« Aucun autre type de produits aussi largement utilisé n'est accompagné de si peu de précautions », a remarqué D. Feinstein plus tôt cette année lors d'une conférence de presse à propos de la loi. Reste à savoir si les choses vont évoluer ou si l'influence d'entreprises comme Wen maintiendra le status quo.

Beth Greenfield

Auteure senior