Les couples qui font la vaisselle ensemble ont de meilleures relations sexuelles
Certains details d’une étude très attendue sur l’égalité des sexes commencent à être diffusés, et les premiers extraits évoquent une idée que les femmes en couple avec un homme risquent de valider : les hommes qui s’occupent des tâches ménagères avec leurs femmes sont de meilleurs amants.
L’étude, qui devrait être diffusée dans le journal Socius (et élaborée par l’association américaine de sociologie), souhaitait déterminer si la révolution des sexes avait transformé la manière dont les couples hétérosexuels répartissent les tâches ménagères. Des chercheurs ont donc sélectionné des données de 1965 à 2006 obtenues à partir de plusieurs sondages, comme le ‘National Survey of Families and Households’ et le ‘Marital and Relationship Survey’. Dans le cadre de cette enquête, ils se sont surtout concentrés sur les couples mariés à revenus faibles ou moyens.
Dans ce groupe, ils ont découvert que la satisfaction sexuelle et la qualité de la relation étaient plus élevées chez les couples qui répartissaient les tâches ménagères, suggérant ainsi que les relations égalitaires seraient non seulement plus saines, mais également plus satisfaisantes.
Ces conclusions contredisent d’anciens rapports selon lesquels la révolution des sexes à la maison “ne progresse plus”, en confirmant plutôt que les hommes s’occupent de davantage de tâches que par le passé. Les hommes qui entretiennent des relations hétérosexuelles participent toujours moins aux tâches ménagères que les femmes (quatre heures par semaine contre 14 heures chez les femmes), mais ils font clairement des progrès dans de nombreux domaines : le nettoyage, les courses, la lessive et la vaisselle. Ils ont également transformé la manière dont ils se comportent en tant que pères, en triplant la quantité de temps passée à prendre directement soin de leurs enfants depuis 1965.
L’étude contient de nombreuses informations intéressantes à décortiquer, mais le pouvoir de la vaisselle attire particulièrement l’attention, et ce pour une bonne raison. D’après l’étude, il s’agit du principal indicateur du bonheur d’un mariage. Les femmes qui s’occupent de la majorité de la vaisselle rapportent des taux inférieurs de satisfaction sexuelle et de qualité de la relation, contrairement aux femmes qui ont des partenaires qui s’investissent davantage. La répartition inégale de la vaisselle ne faisait aucune différence chez les hommes concernant leur satisfaction sexuelle.
Alors, c’est quoi cette histoire de vaisselle ?
Le Dr Sharon Sassler, l’un des trois auteurs de l’étude et professeure au département d’analyse des politiques et de gestion de l’université Cornell, confie que le côté intrinsèquement dégoûtant de la vaisselle rend la tâche décourageante. “C’est la graisse sur les assiettes, et le fait qu’elles soient réparties dans toute la maison. Une sorte de réprimande silencieuse”, confie S. Sassler à Yahoo Lifestyle. “Elles ne disparaissent pas si vous les ignorez. Il faut les laver si vous voulez manger”.
Dr Sharon Sassler confie que les femmes ignorent de plus en plus les tâches superflues, comme bouger le réfrigérateur pour nettoyer derrière, réduisant ainsi le temps de nettoyage général. Mais, la vaisselle est une tâche obligatoire, une tâche qui semble vraiment énerver celles qui doivent se débrouiller toutes seules. “Une personne qui laisse de la vaisselle dans l’évier s’attend à ce que quelqu’un d’autre s’en occupe”, confie S. Sassler, suggérant qu’un bol sale puisse alors prendre une toute autre dimension. “Je pense que les couples qui font tous les deux la vaisselle ont une meilleure relation, car il n’y a pas autant de rancœur”.
Le coauteur de S. Sassler, Daniel Carlson, confirme cela dans une critique des principales conclusions de l’étude sur le ‘Council on Contemporary Families’ (un groupe d’éducation à but non lucratif). “Partager la responsabilité de la vaisselle était la plus grande source de satisfaction chez les femmes, parmi l’ensemble des tâches ménagères”, confie D. Carlson, professeur adjoint spécialiste de la famille, de la santé et des politiques au Département de la famille et des études de consommation à l’université d’Utah. “Et ne pas partager cette tâche [était] la plus grande source de mécontentement”.
Daniel Carlson souligne également une tendance intéressante : les tâches les plus souvent partagées entraînent les plus grandes tensions chez les couples qui ne les partagent pas. D’après les chercheurs, la satisfaction d’une relation, sexuelle ou autre, serait ainsi une question de comparaison avec d’autres couples. En d’autres termes, si le mari de votre meilleure amie fait la vaisselle, c’est encore plus embêtant si le vôtre ne la fait pas.
Ils espèrent que cet effet comparatif nous rapproche un peu plus de l’égalité. “Les individus et les couples comparent leurs propres habitudes aux personnes qui les entourent, et ces avantages ou inconvénients relatifs façonnent leur opinion vis-à-vis de leurs habitudes et de leur relation dans son ensemble”, confie D. Carlson. “Cela suggère que lorsque le partage d’autres tâches devient commun, les bienfaits de leur répartition, et le coût de l’absence de répartition, augmentent”.
Sharon Sassler remarque que quasiment tous les hommes de l’étude travaillaient plus longtemps que leurs femmes, mais il est important de préciser qu’aucune des tâches n’était partagée équitablement à 100 %. Du coup, difficile de déterminer à quoi correspond “l’égalité”, mais ça ne signifie pas non plus que les hommes devraient s’arrêter là. Vaisselle ou pas, il y a encore des progrès à faire côté égalité à la maison.
Abby Haglage