Lithromantiques, ils n'aiment que les romances... à sens unique !
Aimer sans entamer de relation avec la personne aimée est pour beaucoup une expérience douloureuse. Mais chez les lithromantiques, c’est la seule façon possible d’envisager la vie sentimentale. Nous avons rencontré ces personnes chez qui l’amour semble plus beau quand il n’est pas vécu…
“Je l’aimais mais ne m’imaginais pas dans ses bras”
Juliette n’a jamais réellement été en couple. La jeune trentenaire est pourtant selon ses propres critères déjà tombée amoureuse, et ce souvent dans le cadre du travail. “J’ai travaillé dans trois boîtes différentes depuis le début de ma vie professionnelle, et à chaque fois j’ai eu une attirance romantique pour un collègue ou un supérieur”.
Mais rien qui ne débouche sur une relation amoureuse ni même une aventure sexuelle. Et pour cause, Juliette, qui ne souhaitait pas de concrétisation, ne s’est jamais déclarée auprès de ces hommes. “Le simple fait de penser à eux, de ressentir en leur présence de fortes émotions me suffisait. Ils m’obsédaient parfois et je guettais le moindre de leurs faits et gestes, mais je n’ai jamais imaginé finir dans leurs bras ni me balader main dans la main avec eux !”. Et tout cela n’avait rien à voir avec la peur de mêler vie sentimentale et vie professionnelle, assure-t-elle.
Une façon de sublimer l’état amoureux et d’éviter la déception
Etrange ? Pas tant que cela ! Juliette serait tout simplement une lithromantique, une personne cherchant un amour romantique mais ne souhaitant pas de réciprocité et/ou de relation amoureuse. Une orientation qui se retrouverait souvent “chez des personnes sensibles à l’art ou à la spiritualité, souvent déconnectées du réel”, selon la psychothérapeute et spécialiste des relations amoureuses Véronique Kohn. Une sorte de version moderne de l’amour courtois des chevaliers du Moyen-âge, qui concernerait cette fois davantage la gent féminine. Pourquoi une telle réticence à concrétiser ? “Le fait de conserver la romance à l’état de fantasme permet de sublimer l’état amoureux et de se préserver de la déception”, explique la psychologue. En bref, je reste dans le rêve car il me protège et me permet d’imaginer ce que je veux.
Nienna, elle aussi lithromantique a bien conscience de son besoin d’idéalisation. “Je mémorise chaque détail sur les personnes pour lesquelles je développe des attractions romantiques. Chaque interaction avec ces personnes est électrisante et épanouissante […] Je n’ai pas besoin et ne veux vraiment pas être exclusivement liée, être obligée de passer du temps avec elles et de profiter de leur compagnie. Ces personnes sont si parfaites et belles à mes yeux que je ne veux pas que la réalité vienne tout bouleverser”, exprime t-elle sur le blog silentlyqueer.
Quid de leurs besoins physiques ?
Malgré l’absence d’affection et de sexualité avec la personne aimée, ces personnes ne seraient pas malheureuses de leur sort. “Elles sont à mettre en parallèle avec les personnes qui se consacrent à la voix moniale ou mystique. Si elles sont complètement dans le personnage, elles ne ressentent pas de manque physique”, explique Véronique Kohn. Si Nienna ressent de l’excitation, c’est uniquement par anticipation des moments passés à mieux découvrir la personnalité des hommes qu’elle aime.
Il faudrait pourtant distinguer les “lithromantiques positifs” des “lithromantiques dits négatifs”. Quand les premiers refusent la relation mais acceptent la réciprocité, les seconds ne supportent pas que leurs sentiments soient partagés. À l’instar de Sarah, 33 ans : “j’ai toujours été attirée par des hommes indifférents, pas disponibles pour moi, et cela provoquait en moi des sentiments passionnés. Je me rappelle pourtant avoir tourné les talons quand celui que j’aimais depuis 4 ans m’a finalement ouvert son cœur. Il avait perdu tout à coup toute forme d’intérêt…”. Entre ces derniers et les phobiques de l’engagement qui sabotent leurs chances de relations, la frontière est très fine. “Il y a de toute façon une peur d’être privé d’expériences ou de liberté, ainsi qu’un refus des choses désagréables et des responsabilités ! Mais ce ne sont pas des choix, juste des configurations chez des personnes qui ont un vécu particulier”, conclut la psychologue Véronique Kohn. De quoi bien se garder de les juger.