Pour manger moins de viande, il faut l’étiqueter comme les paquets de cigarette, selon cette étude

Pour manger moins de viande, il faut l’étiqueter comme les paquets de cigarette, selon cette étude.
Getty/University of Durham Pour manger moins de viande, il faut l’étiqueter comme les paquets de cigarette, selon cette étude.

ALIMENTATION - Les lasagnes surgelées n’avaient pas besoin de ça pour souffrir d’une réputation douteuse. Les sandwiches sous cellophane et la bolognaise en boîte non plus… Des chercheurs britanniques ont pourtant eu l’idée d’accoler à des plats préparés contenant de la viande des avertissements illustrés, à l’image des traumatisantes photos que connaissent trop bien les fumeurs de cigarettes.

Pourquoi cette idée saugrenue ? L’équipe de l’Université de Durham a voulu tester si des avertissements imagés sur l’impact de la consommation de viande pouvaient inciter à moins en acheter, donc moins en manger. Après tout, il fait désormais l’unanimité que les habitants des pays riches ont une alimentation trop carnée, aussi bien au Royaume-Uni qu’en France.

Dans une cantine, les 1 001 consommateurs habituels de plats contenant de la viande ont donc été testés face à une vingtaine de plats préparés : pâtes au poisson, pâtes végétariennes, pâtes véganes… et bien sûr pâtes à la viande, ces dernières agrémentées d’un avertissement, sur le modèle montré ci-dessous.

Type de cartons présentant les plats préparés aux personnes testées pour l’étude.
University of Durham Type de cartons présentant les plats préparés aux personnes testées pour l’étude.

Plusieurs types d’avertissements ont été testés : l’un portant sur la pollution induite par la production de viande, l’autre sur les dangers que cela comporte pour la santé, et un dernier sur… l’augmentation du risque pandémique lié à l’élevage intensif (le Covid-19 est passé par là). Résultat ? Ça marche, et même plutôt bien.

L’étude relève ainsi une baisse de la consommation des plats en question allant de 7 à 10 %. Autrement dit, l’avertissement leur a coupé l’appétit. Non seulement sur le coup, mais également dans leurs réflexes d’achats futurs. Le message le plus efficace est celui sur le risque pandémique (10 % d’abandon), puis celui sur l’impact sur la santé (8 %), et enfin celui sur l’avenir de notre planète (7,4 %). Mais plus efficace ne veut pas dire mieux accepté : c’est l’avertissement écologique qui a été considéré comme le plus crédible par les participants en général, celui sur la pandémie qui l’a été le moins.

« Manger de la viande contribuer au réchauffement climatique » : un message d’avertissement accompagné d’une illustration, sur le modèle des paquets de cigarettes.
University of Durham « Manger de la viande contribuer au réchauffement climatique » : un message d’avertissement accompagné d’une illustration, sur le modèle des paquets de cigarettes.

Un manque important est à noter dans cette expérience : aucune combinaison avertissement+illustration ne concernait le bien-être animal. Un sujet qui, à l’heure où de nombreuses révélations ont montré des manquements graves dans certains élevages, pourrait là aussi faire bouger l’aiguille.

Pas le premier message d’avertissement sur la nourriture

Le renoncement aux plats contenant de la viande serait la conséquence d’une combinaison de soutien général au message dispensé, de confiance dans le label apposé sur le produit et d’une réaction émotionnelle négative (autrement dit, le dégoût). Donc, ça marche… mais pour quoi faire ?

Ni en Angleterre, ni dans l’Hexagone, apposer un message de prévention sur les produits carnés n’est d’actualité. Mais on n’est pas tout à fait dans la science-fiction non plus. D’abord parce qu’il n’y a pas que l’alcool et le tabac qui comportent de sérieux avertissements aux consommateurs : qui n’a pas entendu, ou lu, des phrases comme : « Pour votre santé, évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé » ou « évitez de grignoter entre les repas » ?

Ensuite parce que notre consommation de viande va devoir baisser, si en tout cas ce gouvernement et les suivants décident de suivre la stratégie nationale bas carbone votée au parlement. En vertu de cette trajectoire vers une France à zéro émission à la moitié du siècle, les Français devront consommer 15 % de viande en moins d’ici à 2030… Pas sûr, alors, que l’idée de mettre des avertissements sur les emballages reste dans les tiroirs de l’université de Durham.

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