EN IMAGES - Marie Trintignant, retour sur le destin brisé d’une "femme libre"
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Des auditions dévoilées après sa mort
Entre le 8 et le 21 août 2003, Bertrand Cantat est entendu par les juges lituaniens au sujet de la mort de Marie Trintignant. Seize ans plus tard, l’émission Enquête exclusive dévoile des images de ces auditions. "J'ai la culpabilité profonde d'avoir tué la personne sans laquelle je suis incapable de vivre", déclare-t-il à cette période. Ce qui ne l’empêche pas de dresser le portrait d’une femme "hystérique" le soir du drame face aux magistrats. "Elle est devenue très agressive et elle m'a frappé d'un coup de poing au visage. J'avais des traces partout. Ensuite, ça se passe dans la folie, la furie. [...] Jusque-là, je ne l'ai pas touchée", poursuit-il. Il admet être entré dans "une colère noire" en raison du SMS de Samuel Benchetrit envoyé à son ex-compagne et avoir asséné "de grandes claques" à cette dernière. Bertrand Cantat est condamné à huit ans de prison pour coups mortels sur Marie Trintignant. Après avoir purgé 14 mois de sa peine à la prison de Vilnius, il est par la suite transféré à la maison d’arrêt de Muret, près de Toulouse. Le chanteur est finalement libéré sous contrôle judiciaire au bout de quatre ans, le 16 octobre 2007. (Photo by PAULIUS LILEIKIS/AFP via Getty Images) - 2/10
Un destin lié au septième art
Marie Trintignant voit le jour 21 juillet 1962 à Boulogne-Billancourt. Fille de la réalisatrice Nadine Trintignant et du comédien Jean-Louis Trintignant, elle débute sa carrière d’actrice à l’âge de quatre ans. Sa mère la dirige dans le drame Mon amour, mon amour, où son père tient le premier rôle. En 1979, elle est révélée grâce au troublant Série noire. Sa notoriété bondit grâce au téléfilm La Garçonne, diffusé en 1987. Deux ans plus tard, son rôle dans Une affaire de femmes de Claude Chabrol lui vaut d’être nommée pour la première fois aux César. Elle est par la suite nommée pour Les Marmottes (1993), Le Cri de la soie (1996) et Le Cousin (1997). (Photo by Frederic Meylan/Sygma via Getty Images) - 3/10
Mère de quatre enfants
Lorsqu’elle tombe amoureuse de Bertrand Cantat, Marie Trintignant est maman de quatre garçons : Roman né en 1986 de sa relation avec Richard Kolinka, Paul né en 1993 et fils de François Cluzet, Léon né en 1996 de son idylle avec Mathias Othnin-Girard et Jules, né en 1998 de sa relation avec Samuel Benchetrit. (Photo by Micheline PELLETIER/Gamma-Rapho via Getty Images) Yahoo Actualités, c’est mieux dans l’application
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"Marie, c’est la merveille"
En 2001, Marie et Jean-Louis Trintignant sont conviés sur le plateau du JT de France 2 pour la promotion de la pièce Comédie sur un quai de gare de Samuel Benchetrit. Au cours de cette interview, le comédien livre une déclaration particulièrement touchante sur la personnalité de sa fille : "Marie, c’est la merveille. Je n’ai jamais rien eu avec elle qui ne marchait pas. Depuis qu’elle est toute petite, depuis qu’elle est née, même je crois que petite elle n’a jamais pleuré. Je ne me souviens pas qu’elle ait été à un moment un problème, un souci. Elle n’a été que du bonheur, tout le temps". (Photo by Jeremy Bembaron/Sygma/Sygma via Getty Images) - 5/10
Le drame
Pendant l’été 2003, Marie Trintignant se rend à Vilnius, en Lituanie, pour le tournage de Colette, une femme libre. Ce téléfilm, dans lequel la comédienne prête ses traits à la célèbre romancière, est mis en scène par sa mère Nadine Trintignant. Son frère Vincent occupe, quant à lui, le poste d’assistant réalisateur. Bertrand Cantat la rejoint et séjourne à ses côtés dans la suite 35 de l’hôtel Domina Plaza. Dans la nuit du 26 au 27 juillet, une dispute éclate au sein du couple. Un SMS anodin de Samuel Benchetrit à son ex-compagne, dans laquelle il la surnomme "petite Janis" en référence au film Janis et John qu’ils viennent de tourner, provoque la colère de Bertrand Cantat. Victime de 19 coups, dont 4 portés au visage, la star s’effondre, inanimée. Son compagnon la place sur le lit de la chambre en pensant qu’elle dort, et contacte Samuel Benchetrit. Ce dernier lui demande de faire appel à Vincent, le frère de l’actrice. Arrivé dans la chambre d’hôtel, Vincent Trintignant appelle les secours, cinq heures après la perte de connaissance de sa sœur. Après avoir été rapatriée dans le coma à Neuilly-sur-Seine, Marie Trintignant décède le 1er août 2003, à 41 ans, d’un œdème cérébral des suites des coups qu'elle a reçus. (Photo by PAULIUS LILEIKIS/AFP via Getty Images) - 6/10
Le témoignage de Samuel Benchetrit
Dans son ouvrage La nuit avec ma femme, publié chez Plon en 2016, Samuel Benchetrit raconte son échange avec Bertrand Cantat la nuit où il a tué Marie Trintignant. "‘Elle est où Marie ?’, ‘Dans la chambre, elle dort, lui répond Bertrand Cantat. On s’est beaucoup engueulés ce soir. Je l’ai giflée’", relate le cinéaste. Il demande ensuite au leader de Noir Désir de s’assurer que son ex-compagne va bien. "J’entends les mouvements. J’entends qu’il se penche. J’entends qu’il prononce ton prénom. Doucement. Et puis le mien. Il dit c’est Samuel. Marie, c’est Samuel. Je crois entendre ton souffle", poursuit-il dans son livre en s’adressant directement à Marie Trintignant. "Elle ne se réveille pas", lui aurait dit Bertrand Cantat. "Je lui dis d’appeler ton frère qui est aussi dans ce pays. Il va faire ça. Il me remercie. J’ai honte aujourd’hui de ce remerciement", avoue le réalisateur. (Photo by Jacques PRAYER/Gamma-Rapho via Getty Images) Yahoo Actualités, c’est mieux dans l’application
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De nouvelles révélations
En 2017, Le Point révèle que les violences de Bertrand Cantat étaient connues au sein de Noir Désir. Un membre du groupe, qui a souhaité garder l’anonymat, affirme que Krisztina Rády, l’épouse du chanteur qui s’est suicidée en 2010, aurait demandé à ses proches de mentir lors du procès pour le meurtre de Marie Trintignant. "Elle ne voulait pas que ses enfants sachent que leur père était un homme violent. Je savais qu'il avait frappé la femme avec qui il était avant Kristina. Je savais qu'il avait tenté d'étrangler sa petite amie, en 1989. Je savais qu'il avait frappé Krisztina", explique-t-il. Ce membre de la formation reconnaît que sous "l’emprise" du leader, il a accepté de se taire. Il révèle également ce que ce dernier aurait un jour dit à l’un de ses partenaires de Noir Désir : "Je n'ai pas un problème avec les femmes, ce sont les femmes qui ont un problème avec moi". "C'est un vrai pervers narcissique. Il est très charismatique. Quand il entre dans une pièce, il absorbe toute l'énergie. Après, il vous tient", ajoute-t-il. (Photo by Micheline PELLETIER/Gamma-Rapho via Getty Images) - 8/10
"Une femme libre"
Après la Une polémique des Inrocks consacrée à Bertrand Cantat en octobre 2017, Samuel Benchetrit s’exprime sur le musicien et sa regrettée compagne Marie Trintignant. Invité sur le plateau de Carte Blanche sur LCI en mars 2018 pour la promotion du film Chien, il déclare : "Ce type a tué de ses mains la mère de mon fils. Il a enlevé une femme libre, extraordinaire, à ses parents, aux gens qui l'aimaient. Qu'il chante, autant qu'il veut, mais c'est sa façon de réapparaître qui est indigne et dégueulasse". "Il ne faut pas que je le croise celui-là, parce qu'il va y avoir un truc entre mecs", conclut le cinéaste. (Photo by frederic meylan/Sygma via Getty Images) - 9/10
Un symbole
Marie Trintignant est devenue un symbole de la lutte contre les violences faites aux femmes. En 2019, lors d’un rassemblement devant la tombe de la star au cimetière du Père Lachaise, Florence Montreynaud, responsable du collectif Encore féministes !, déclare : "Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de la mort de Marie Trintignant. Elle a été tuée par l'homme qui disait l'aimer. Et c'est important, chaque année, de se rappeler, que des centaines de femmes sont tuées par les hommes qui devraient les protéger, qui disaient les aimer, ou qui n'ont pas supporté qu'elles désirent les quitter. C'est pour ça que nous sommes là. Uniquement pour parler de ces femmes. Parce que ces femmes-là ne peuvent plus parler". (Photo by Carole Bellaiche/Sygma via Getty Images) Yahoo Actualités, c’est mieux dans l’application
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"Plus jamais le silence !"
En novembre 2019, Vincent Trintignant et Roman Kolinka, le frère et le fils de Marie Trintignant, se désolidarisent du discours de Nadine Trintignant, qui affiche son soutien à Roman Polanski. "Nous soutenons de tout coeur ces femmes dignes, courageuses, qui osent dénoncer leurs bourreaux et témoigner des ignobles violences qu'ils leur ont fait subir. Votre prise de parole est précieuse et nécessaire. Un artiste, même qualifié d'immense, est avant tout un être humain. Il doit être confronté à la justice pour les douleurs qu'il a infligées. Nous vous croyons, chères Adèle, Valentine, et toutes vos sœurs, qui osez briser le silence. Vos récits sont poignants, bouleversants. Nous demandons que justice soit faite. Quelle leçon ! Merci ! Plus jamais le silence ! Stop à la violence faite aux femmes", écrivent-ils dans une lettre ouverte adressée au magazine Gala, seize ans après le décès de l'actrice. (Photo by Carole Bellaiche/Sygma via Getty Images)