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Mélanie Thierry sans filtre sur son "syndrome de l'imposteur" : "Je l'aurai à vie"

The 74th Cannes Film Festival - Photocall for the film "Tralala" presented as part of midnight screenings - Cannes, France, July 14, 2021. Cast member Melanie Thierry poses. REUTERS/Sarah Meyssonnier

À l’affiche du film de Fabien Gorgeart, "La Vraie famille", en salles le 16 février 2022, Mélanie Thierry explore la réalité d’une famille d’accueil pour enfants placés. Un nouveau rôle pour la comédienne qui a fêté ses 40 ans en juillet dernier, et qui se révèle de plus en plus, en dépit du "syndrome de l’imposteur" qui l’a si longtemps empêchée de s'affirmer.

C’est sans aucun doute l’une des actrices françaises les plus talentueuses de sa génération. À 40 ans, Mélanie Thierry rempile pour un nouveau rôle. Dans "La Vraie famille", elle incarne Anna, "une femme qui peine à se séparer d’un petit garçon recueilli à 18 mois". Un rôle auquel elle s’est facilement identifiée : "J’ai eu l’impression de la comprendre de l’intérieur : son milieu social, sa façon d’être mère... c’est moi à 99 %" a-t-elle confié dans un entretien à Femina. En plusieurs années de carrière, Mélanie Thierry n’a cessé de faire ses preuves dans le monde du septième art français. Pourtant, en coulisses, c’est le "syndrome de l’imposteur" qui a longtemps guidé ses peurs, comme elle l'a elle-même confié...

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La peur de ne jamais être "assez" bien

"Je n’irai pas jusqu’à dire que je suis plus sûre de moi, car j’aurai à vie le syndrome de l’imposteur" a ainsi lâché la comédienne dans les colonnes de Femina. Ce mal dont parle Mélanie Thierry, 75% des femmes et 50% des hommes disaient en souffrir aussi en 2021, selon les chiffres communiqués par les Assises de la parité de KPMG. Dans le milieu professionnel, le syndrome de l’imposteur se caractérise par le sentiment permanent et tenace de ne pas mériter sa place, et la peur d’un jour se faire "démasquer". Si elle a brillé dans de nombreux films, Mélanie Thierry a toujours eu cette impression de ne pas être "assez". En 2021, avant de décrocher son rôle dans la série "En thérapie" d’Olivier Nakache et Éric Toledano, la comédienne avait décidé d’entamer une psychanalyse. "Je me sens plutôt pas mal dans mes baskets. Mais je trouve intéressant de se confronter à soi, de creuser un peu dans les tunnels" confiait-elle dans un entretien accordé à Version Femina.

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Et si elle avait donc "commencé un travail avec une femme formidable", Mélanie Thierry avait finalement préféré arrêter cette psychanalyse : "J’ai lâchement abandonné au moment du premier confinement. Disons que je me trouve encore des excuses : l’été, le travail, le confinement…" Maman de deux enfants, fruits de ses amours avec Raphaël, Mélanie Thierry pensait alors que son métier d’actrice lui permettait déjà de soigner ses maux, elle qui s’est longtemps trouvée "trop bien élevée" pour s'affirmer : "Je sais qu’une thérapie remue des choses, rend vulnérable et requiert du courage. Je me rassure aussi toujours avec l’idée que mon métier est un moyen de faire sa psychanalyse, à travers les personnages. Surtout quand, comme moi, vous êtes une personne qui se mure dans le silence."

Un travail personnel pour s'affirmer

Un an plus tard, Mélanie Thierry est certes persuadée de vivre jusqu’à la fin de sa vie avec ce fameux "syndrome de l’imposteur", mais a déjà fait plusieurs pas en avant. Et là encore, c’est grâce à son métier de comédienne, pourtant souvent au cœur de son sentiment d’infériorité. "Au fur et à mesure que les cinéastes me confient de beaux rôles et que je fais mes preuves, même si je n’ai pas fréquenté d’école d’art dramatique, j’assume davantage d’être une actrice : j’ai moins peur de la caméra, de jouer, de me mettre à nu. Et si, dans la vie, ma pudeur me protège, j’ai besoin de m’en séparer pour jouer" assure-t-elle dans son entretien avec Femina. Aujourd’hui, la comédienne de 40 ans a choisi d’assumer pleinement son parcours, "de ne pas avoir fait les choses dans un ordre établi", mais aussi d’avoir fait certains choix.

"J’accepte désormais l’idée (…) de ne pas avoir eu mon bac, par exemple, parce que je me suis construite différemment. J’ai réfléchi et travaillé autrement, je me suis remise en question en permanence et je me suis donné les moyens d’aller plus loin pour me prouver que cette place, finalement, je ne l’avais pas volée. Bref, je me sens mieux dans mes baskets qu’à 20 ans et j’assume plus ma féminité. D’ailleurs, je compte bien en profiter parce que je crains que la fenêtre de tir soit assez courte !"

Plus que jamais consciente de ses failles, Mélanie Thierry commence, petit à petit, à s’ouvrir à d’autres perspectives, et ne rougit plus lorsqu’il s’agit de parler de ses talents d’actrice : "J’ai beau avoir une fâcheuse tendance à tout dénigrer, je réalise qu’il y a eu de belles rencontres, de beaux rôles, et que j’ai été capable de faire rire, de faire pleurer, bref, d’être une passeuse d’histoires et d’émotions."

Ces stars qui souffrent aussi du syndrome de l'imposteur

Comme Mélanie Thierry, de nombreuses célébrités ont brisé les tabous autour de ce mal intime, encore trop peu connu. En 2020, dans un entretien au Vogue UK, c’est Emma Watson qui faisait de rares confidences à ce sujet. Érigée au rang de superstar depuis sa tendre enfance et son rôle d’Hermione Granger dans la saga "Harry Potter", la comédienne disait "avoir le sentiment de n’être qu’un imposteur" : "Maintenant que je suis reconnue pour mes talents d’actrice, je ne me sens vraiment pas à l’aise. C’est comme si, plus j’en fais, plus ce sentiment d’inadéquation s’intensifie, parce que je vais seulement me dire ‘à n’importe quel moment, quelqu’un se rendra compte que je suis bidon et que je ne mérite rien de tout ce que j’ai accompli."

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Natalie Portman aussi a eu ce sentiment de ne pas être à sa place. Diplômée d'Harvard en 2003, l'actrice américaine avait été invitée par la prestigieuse université en 2015 pour y prononcer un discours solennel devant les étudiants. Et pour commencer... elle s'était excusée face à l'audience. "J’avais l’impression qu’il y avait erreur, que je n’étais pas assez intelligente pour figurer parmi ce groupe et qu’à chaque fois que j’ouvrirais la bouche, il me faudrait prouver que je n’étais pas qu’une actrice stupide" avait-elle confié par la suite. Même topo pour l'une des plus célèbres actrices américaines : Meryl Streep. "Je me dis : mais pourquoi les gens voudraient me revoir dans un film ? Et de toute façon, je ne sais même pas comment jouer la comédie. Alors pourquoi je fais ça ?" confiait-elle au sujet de sa carrière. Tom Hanks s'est lui aussi plus d'une fois confié sur ce syndrome de l'imposteur qu'il assure avoir ressenti à de nombreux moments de sa vie : "Mais comment j’en suis arrivé là ? Quand est-ce que les gens vont se rendre compte que je ne suis qu’un imposteur et qu’on va venir tout me reprendre ?" se demandait-il en permanence à chacune de ses réussites à Hollywood. Tous ces témoignages détaillent particulièrement bien ce sentiment si prégnant pour beaucoup de personnes, célèbres ou pas...

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