Les Milles et Un Looks de David Bowie, Le Maître de la Réinvention

L'Homme qui venait d'ailleurs rentre chez lui. Alors que le monde pleure la perte de David Robert Jones, connu sous le nom d’artiste de David Bowie et qui n’était pas seulement un auteur-compositeur mais également un innovateur qui a changé le cours de la culture occidentale, nous célébrons aussi son vaste héritage dans des domaines aussi divers que la musique pop, la science-fiction, et la mode et beauté. Alors que certaines stars de la pop et du rock tombent dans l'oubli en vieillissant, Bowie travailla jusqu'à sa mort - son vingt-cinquième et dernier album, Blackstar, est sorti il y a trois jours à l’occasion de son 69ème anniversaire. Selon le producteur Tony Visconti, l'album a été pensé comme un “chant du cygne” ou un cadeau d’adieu aux générations de fans dévoués de Bowie. Les célèbres personnalités changeantes de Bowie, de Ziggy Stardust à Aladdin Sane sans oublier The Thin White Duke, ont contesté les notions de masculinité et d'authenticité et nous ont appris que nous pouvions nous aussi nous recréer et nous réinventer sous de nombreuses formes sans nous perdre en cours de route. “Je suis juste une personne qui ne considère pas avoir besoin de quelqu'un pour qualifier mon travail de quelque manière que ce soit. Je travaille pour moi-même ”, confia Bowie à 60 Minutes en 2002.

Son travail n’était pas la seule chose en provenance d’une autre planète. Bowie s’est lui-même façonné pour être un extraterrestre remettant en cause les constructions sociales des êtres humains. Dans son troisième album sorti en 1971, The Man Who Sold the Earth, Bowie incarna la performance « queer » avec Ziggy Stardust. “Je veux repousser les limites du rock. Je ne veux pas mettre mes fantasmes de côté lorsque je monte sur scène — Je veux les emporter sur scène avec moi,” déclara-t-il à John Mendelsohn de Rolling Stone. L'album joua un rôle déterminant dans la naissance du “glam rock”, avec des interprètes — de tous horizons et toutes orientations sexuelles — débarquant sur scène avec des talons compensés, du maquillage à paillettes et de flamboyants motifs. Une fois que Ziggy Stardust eut terminé de remuer le monde, Bowie donna naissance à d'autres personnages qui influencèrent à la fois la contre-culture et la culture dominante. Son pompadour, son faux Mohawk, ses sourcils blanchis, et ses pommettes Technicolors — résultat de plusieurs couches de fard appliquées au cours d'une journée -— sont devenus partie intégrante de son image, mais Bowie n’était pas seulement l’extraterrestre brillant qui pouvait à la fois crier et fredonner dans son micro, et qui traversa quatre décennies de transformation artistique et esthétique sans se perdre en cours de route. “Je suis tombée amoureuse de David Jones. Je ne suis pas tombé amoureuse de David Bowie. Bowie est juste un personnage. Il est chanteur, artiste,” déclara en 2014 sa seconde épouse, le mannequin américano-somalien Iman dans The Guardian. De nos jours, on peut encore constater l'influence sur les réinventions et rédemptions des stars de la pop, comme la transformation de Lady Gaga, d’artiste avant-gardiste à pin-up hollywoodienne en 2014.

En Mars 2013, Tilda Swinton honora Bowie au Victoria and Albert Museum de Londres, en faisant allusion à tous les individus, comme elle, qui sont devenus vivants grâce à l'aide de Bowie. “Et tu nous as fait sortir du bois, comme tant d'autres vieux bâtards étranges, comme autant de fans filles et garçons, comme tant de solitaires et de jolies choses et de dandys et de mecs et de ducs et de petits canards et de types testiculaires, et tu nous as rassemblés,” déclara-t-elle. “Je pense que ce qui me fait le plus plaisir au cours de ces dernières semaines, c’est le fait qu’il est désormais très clair — même indéniable — que le phénomène de foire est devenu le grand unificateur”. Swinton décrit le voyage de Bowie, du paria au célèbre chanteur, que ce soit à travers la musique ou les quantités exorbitantes de blush rose, comme un chemin solitaire avec des miettes de pain, mais Bowie lui-même avait un autre point de vue sur les méandres que nous empruntons pour nous trouver nous-mêmes: «La vérité, c’est bien sûr qu'il n'y a pas de voyage. Nous arrivons et repartons tous en même temps “, affirma-t-il à Livewire en 2002. Mais pour beaucoup, ni l’arrivée ni le départ de Bowie ne sont tombés dans l’oubli, contrairement au destin de la plupart des êtres humains. "Comment Bowie peut-il être mort? Il n'a jamais été en vie, comme le reste d'entre nous,” déclare ce matin sur Facebook Roddy Doyle, romancier irlandais. Voici un hommage au grand et déjà regretté David Bowie, et il semble bien qu’il continuera à réjouir et inspirer les décennies à venir.

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