Miss France 2024 : victime d'un harcèlement odieux, Eve Gilles reçoit de nombreux témoignages de soutien
Depuis la soirée de ce samedi 16 décembre 2023, où elle a été élue Miss France 2024, Eve Gilles est victime d'un véritable déferlement de haine. Moquée, insultée, humiliée, la jeune femme âgée de 20 ans, qui s'illustre par ses cheveux courts, subit une vague de harcèlement jamais vue dans l'histoire du concours Miss France.
Chaque année, le concours Miss France est l'occasion pour les internautes de commenter à foison l'apparence des femmes qui se présentent sur scène. Cette année 2023 n'a pas fait exception. Miss Alsace a notamment été critiquée pour son âge (27 ans), tandis que Miss France 94 a eu droit à de nombreuses réflexions grossophobes. Eve Gilles, Miss Nord-Pas-de-Calais, a eu droit à l'effet inverse : ce sont sa silhouette menue et ses cheveux courts qui lui ont valu de nombreuses critiques. Pire, un torrent d'insultes.
Vidéo. Eve Gilles (Miss France 2024) : Quel est donc le problème avec les cheveux courts ?
Une question sur le harcèlement scolaire
Hasard des choses, lors de l'élection, Eve Gilles a répondu à une question sur le harcèlement scolaire, sur le plateau de TF1. Après avoir évoqué une fois de plus ses cheveux courts, elle a précisé : "Les gens ne se rendent pas compte que les mots peuvent blesser plus que certains gestes. Personnellement, les mots et le body shaming que j'ai pu subir m'ont blessée. Je m'attendais à recevoir des critiques sur mes cheveux, donc j'étais prête. Mais je ne m'attendais pas à subir des critiques sur mon corps. Le corps, on ne le choisit pas, une coupe de cheveux, on peut la modifier"
Il faut dire qu'avant même son élection, la jeune femme âgée de 20 ans était déjà victime de moqueries en raison de sa silhouette menue. "Je suis humaine donc ça me touche, mais les critiques ou les commentaires négatifs, je n'y fais pas vraiment attention, je les mets de côté. Je les lis mais je ne change pas pour autant. J'ai reçu des commentaires sur mon poids, on m'a reproché d'être trop maigre mais mon corps est comme il est, je vis très bien, je mange comme il faut, voire un peu trop ! Je ne peux pas changer, mon métabolisme est comme cela, et je n'ai pas envie de changer", a-t-elle confié à Télé-Loisirs.
"Elle est vraiment trop maigre", "On dirait un squelette", "Elle va donner un mauvaise exemple aux ados", "Elle fait la promotion de l'anorexie", "On dirait qu'elle sort d'un camp de concentration"... Sur X (Twitter) comme sur TikTok, les memes et les comparaisons écœurantes se multiplient. Même chose sur Instagram, ou des commentaires lui reprochent son manque de formes : "Planche à repasser", "pas de nichons"... Si de nombreux internautes n'ont pas hésité à prendre sa défense, les trolls restent nombreux à critiquer son physique. Au lendemain de son sacre, c'est sur LCI qu'elle a réagi à cette vague de haine : "Les critiques me touchent, même si j’ai des gens qui m’accompagnent. Mon corps est comme il est. On ne peut pas plaire à tout le monde, il faut s’accepter et faire abstraction."
Un bodyshaming inacceptable
Si l'on parle souvent de la discrimination que représente la grossophobie, ici, Miss France 2024 subit ce que l'on appelle non pas de la "maigrophobie", mais bel et bien du bodyshaming : son corps est décortiqué, moqué, critiqué parce qu'elle ne ressemble pas aux canons de la beauté actuelle. Elle est mince, certes, mais son absence de formes considérées comme "féminines" – poitrine, hanches, fesses – fait qu'elle n'est pas considérée comme "désirable" selon les critères de notre société patriarcale. D'ailleurs, les critiques ne s'en cachent pas, car de nombreuses personnes n'hésitent pas à affirmer qu'elle n'est "pas sexy", ou qu'elle n'a "pas le type de corps" qui fait rêver. Sous entendu : qui excite.
Les commentaires du style : "Elle va se casser en deux", ou encore "Il faut qu'elle mange un hamburger", ou bien "Elle a l'air malade" ne sont en aucun cas acceptables, même sous couvert de la fameuse "liberté d'expression" si chère à celles et ceux qui estiment avoir leur mot à dire sur l'apparence d'autrui. Quelle que soit leur apparence, les femmes sont toujours critiquées. Camille Cerf et Vaïmalama Chaves avaient été qualifiées de "trop grosses" pour être Miss France, Clémence Botino ou Alicia Aylies ont été victimes de racisme. Aujourd'hui, Eve Gilles est jugée "trop maigre". Aucune silhouette ne semble faire l'unanimité.
Une situation qui scandalise les candidates et les anciennes Miss France
Très vite, de nombreuses candidates ont pris la parole pour défendre la nouvelle Miss France. C'est notamment le cas de Maxime Teissier, Miss Languedoc et 4ème dauphine de Miss France. Dans sa story Instagram, elle l'affirme : "Je suis scandalisée par la haine vis à vis d'Eve. Elle a gagné sa place, et elle mérite d'être là où elle est. Elle ne mérite absolument pas la vague de haine qu'elle reçoit. C'est une femme exceptionnelle."
De même, Diane Leyre, Miss France 2022, a pris la parole sur ses réseaux sociaux en affirmant trouver "répugnant de voir en 2023 la haine qu'on peut encore voir sur les réseaux" et de poursuivre : "Je suis choquée des commentaires sous les photos de notre nouvelle Miss France [...] On réalise que les gens ont vraiment ce problème de toujours vouloir donner un avis négatif. Que vous ne soyez pas d'accord avec la gagnante c'est une chose [...] Par contre, que vous veniez juger quelqu'un sur son physique sans la connaître..." a-t-elle affirmé avant de conclure : "Miss France, on le répète sans arrêt, ce n’est pas qu’un physique, c’est aussi package. Eve est juste sublime. Vous allez le voir quand vous allez l’entendre parler au fur et à mesure de l’année, c’est surtout une femme qui est incroyable de par son histoire."
Plus tard dans la journée, Diane Leyre a partagé une photo avec Miss France 2024 en lui réaffirmant son soutien : J’ai déjeuné avec notre Miss France 2024 : je vous le reconfirme, elle est en pleine forme et elle a des tonnes de choses à revendiquer. Vous allez être surpris. Vas-y Eve, montre leur. Et nous, on sera là pour te soutenir pour toujours !"
"Le père d'Eve Gilles a lui aussi pris la défense de sa fille dans les colonnes de Gala : "C’est sa nature, et le fait qu’elle a fait beaucoup de sport depuis toute petite. Ça l’a beaucoup musclée."
Elodie Poux, elle aussi moquée depuis l'élection
Malheureusement, Eve Gilles n'est pas la seule à subir des moqueries et du harcèlement depuis l'élection de Miss France 2024. Elodie Poux, humoriste et membre du jury 100% féminin de l'émission, a diffusé sur Instagram un message reçu de la part d'un internaute : "Bonsoir, pourquoi des moches comme toi votent pour un concours de jolies femmes ? Bien pas cordialement [sic]." "On me demande souvent comment je fais pour ne pas être touchée par ça", écrit-elle, avant de conclure avec une note positive : "Vous serez toujours plus nombreux que ces atrophiés du gland. Merci de m'aimer, je vous aime aussi."
Vidéo. Quel est donc le problème avec les cheveux courts de Miss France?
A lire aussi
>> Miss France 2024 : "Le soir de l'élection, toutes les candidates doivent mettre un tampon"
>> Alexia Laroche-Joubert : "Des groupes de néo-féministes veulent tuer le concours Miss France"