"Epaules de nageuse", "La beauté n'a pas d'âge" : sous couvert de progressisme, Miss France 2024 s'enfonce toujours dans les clichés sexistes

Miss France est un concours de beauté. Le féminisme, l'image de la femme indépendante et de la différence est de plus en plus mis en avant par la production, notamment via un jury 100% féminin. Mais si le profil des candidates est relativement diversifié, on ne peut pas en dire autant du physique des 30 miss régionales en compétition cette année.

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Plus de limite d'âge, mais l'âgisme en invité surprise

Officiellement, la limite d'âge auparavant fixée à 24 ans n'existe plus, de même que l'obligation pour les candidates de ne pas être mariées, mères de familles ou même tatouée. Dans la pratique, cette année encore, 80% des participantes ont moins de 25 ans. La plus jeune a 18 ans, la plus âgée 28, pour une moyenne d'âge de 22 ans.

Ce changement de règlement est une aubaine pour Miss Alsace, Adeline Vetter. A 27 ans, elle est la deuxième candidate la plus âgée de cette édition 2024. Dans son portrait, elle affirme vouloir "prouver que la beauté n'a pas d'âge". Dans les colonnes de Télé-Loisirs, elle précisait : "On peut montrer qu'une femme de 27 ans n'est pas périmée ou fanée et que l'on peut concurrencer la beauté d'une jeune femme de 18 ans." Un avis que bon nombre d'internautes ne semblent pas partager. Entre les habituels commentaires sexistes, misogynes et grossophobes, sur X (Twitter), l'âgisme s'invite cette année, et l'âge de la pourtant jeune femme a été largement moqué.

Toujours pas de diversité des corps

Les portraits des candidates de Miss France prouvent que le concours compte bien pousser l'angle "féministe". Bon nombre de candidates affirment vouloir "représenter les femmes fortes". Mentalement, mais pas physiquement : cette année encore, toutes les participantes correspondent au modèle habituel. Des physiques minces, valides, normés. N'en déplaise à Miss Calédonie, Emma Grousset, qui évoque ses "formes" et ses "épaules de nageuse".

Ou encore à Miss Nord-Pas-de-Calais, Eve Gilles, fière d'être la première candidate à l'élection de Miss France à avoir... Les cheveux courts. "Ma coupe courte n'a jamais été vue sur Miss France, mais pour moi, être une femme ne se résume pas à un critère physique, l'important, c'est de faire ce que l'on veut, que ce soit une coupe de cheveux, un métier ou une passion", clame-t-elle dans son portrait.

Dans une interview accordée à France Bleu, elle l'affirmait déjà : "La société évolue, le concours évolue avec. Je suis la première avec des cheveux courts mais je pense que je ne serai pas la dernière." Un point déjà souligné par Alexia Laroche-Joubert, présidente de la société Miss France de 2021 à 2023 et actuelle patronne de Banijay France (propriétaire de la marque via sa filiale Endemol).

Un concours de beauté qui reste dominé par les diktats

Bien sûr, les jeunes femmes qui le souhaitent ont tout à fait le droit de participer à l'élection de Miss France. Les anciennes Miss ne se gênent d'ailleurs pas de le rappeler : une femme peut faire ce qu'elle veut, y compris participer à un concours de beauté. Mais une chose est sûre : l'élection reste dominée par des diktats de beauté sexistes et patriarcaux, qui prônent un physique unique : mince, lisse et valide. D'ailleurs, Julie Cretin, candidate de Miss France 2022 l'a récemment rappelé sur TikTok : les poils n'ont pas leur place dans le concours, et les candidates ont l'obligation d'être épilées. De même que celle de porter un tampon, car les règles ne sont pas non plus les bienvenues dans le concours.

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