Nawell Madani jugée "vulgaire" à ses débuts : "Une Arabe et musulmane qui réussit, ça peut déranger"
Ce mercredi 21 décembre 2022, Raphaël de Casabianca emmène Nawell Madani à la rencontre d’éleveurs de yaks en Mongolie, dans "Rendez-vous en terre inconnue" sur France 5. Une expérience hors du commun pour l’humoriste belge qui a connu des débuts particulièrement difficiles dans l’univers du stand-up.
En juillet dernier, Nawell Madani revenait sur le devant de la scène, et pas n’importe laquelle ! Lors du célèbre "Marrakech du rire", l’humoriste avait fait parler d’elle à travers ses sketchs, mais aussi les références à son couple avec le comédien Djibril Zonga. Un retour flamboyant pour une femme qui a su s’imposer dans un univers où la concurrence fait rage. Il faut dire que Nawell Madani, passionnée de danse, a tout fait pour se faire une place dans le milieu du show business. En 2017, elle racontait son histoire dans son premier film "C’est tout pour moi". L’occasion alors de faire des confidences tranchantes sur le milieu dans lequel elle évolue.
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"Le monde du stand-up est un métier très dur"
Dans "C’est tout pour moi", Nawell Madani retrace son parcours semé d’embûches. Celui d’une jeune bruxelloise passionnée de danse, mais confrontée aux ambitions de son père, pas vraiment convaincu par cette destinée. Elle s’accroche pourtant à ses rêves, coûte que coûte, quitte à tout laisser derrière elle pour tenter l’aventure parisienne, devenant danseuse mais aussi humoriste, et se frottant au passage à la violence d’un univers cadenassé. En 2017, à la sortie de son film, Nawell Madani assurait : "Je ne règle de compte avec personne (dans ce film, ndlr), si ce n’est avec moi-même" confiait-elle au site SaphirNews. "Avant, j’avais envie de prouver des choses aux gens du milieu, de montrer que j’existais en fonçant comme un pitbull. Mais, en fait, je m’étais trompée de combat, mon seul but est réellement mon public !"
Nawell Madani ne fait pas non plus dans le demi-mot. Hors de question de prétendre que l’univers du stand-up est un monde enchanté. Pour elle, "c’est un milieu très dur, surtout quand on est une femme." Et elle en sait quelque chose. Puisque dès ses débuts sur scène, Nawell Madani s’est attelée à évoquer de nombreux sujets, comme la vie en couple et les complexes, toujours avec franc-parler. Mais ça n’a pas plu à tout le monde, surtout pas aux esprits étriqués et sexistes : "On m’a souvent demandé de me censurer par rapport à ma vulgarité. Quand cela sort de la bouche d’une femme, c’est "sale" ; mais celle d’un homme, c’est un "ouf". Qu’est-ce que j’ai pu entendre le fameux "c’est pas beau dans la bouche d’une femme" ! Et pourquoi une vulgarité serait-elle plus belle dans celle d’un homme ? Et comme je suis du genre têtue, quand on m’interdit un truc, vous pouvez être sûr que j’en donne dix fois plus !"
Et puis à cela s’ajoutent d’autres difficultés pour l’humoriste : "Bien sûr, je n’attisais pas que de la bienveillance : une fille qui réussissait dans ce milieu, de surcroit arabe et musulmane, cela peut déranger. J’ai eu des accrocs avec quelques autres artistes et le vol de blagues est légion dans le milieu... C'est l'envers du décor." Qu'à cela ne tienne, l'humoriste a toujours porté fièrement sa culture musulmane et ses racines maghrébines.
Une Bruxelloise à Paris, entre galère et sexisme
Il faut dire que Nawell Madani revient de loin. Enfant, elle est brûlée au 3e degré après un accident domestique, et perd la moitié de son cuir chevelu. À l’époque, elle subit les moqueries de ses camarades de classe. C’est là que la danse et l’humour l’aident à y faire face. Dès lors, on ne l’arrête plus. À 21 ans, elle débarque à Paris, la tête pleine de rêves. "J’étais la petite star de mon quartier, et inconnue dans cette métropole. C'était très compliqué de trouver sa place" confiait-elle en 2017 à la chaîne Youtube OKLM. Nawell Madani enchaîne alors les petits boulots éreintants en parallèle des castings de danseuse pour participer à des clips HipHop. Mais déjà là, avant de se diriger vers le stand up, elle subit le sexisme : "J’étais plus repérée par mon physique que par mes compétences artistiques. Tu t’entraines 8 heures par jour, mais ça ne sert pas à grand-chose. On t’appelle parce que t’as une bonne tête."
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Là encore, c’est sa détermination qui fera la différence. Car Nawell Madani n’est vraiment pas de ceux qui abandonnent. "Je ne me suis pas laissé le choix en fait, je devais réaliser mes rêves. Je n’ai pas honte de dire que je veux réussir et cela sera au prix de mon travail seulement. Je ne renie pas d’où je viens, je suis une ouvrière, je travaille comme une acharnée. À mes débuts, j’ai dormi plusieurs jours dans ma voiture sans un sou en poche, je me lavais dans les douches des piscines… J’en ai mangé de la rage enragée, et ce n’était surtout pas pour baisser les bras !" confiait-elle à SaphirNews. Un exemple de résilience.
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