"Ne plus subir" : que restera-t-il de la parole de Gisèle Pélicot ? 4 femmes racontent l’impact du procès des viols de Mazan sur leur vie
Nous avons interrogé 4 femmes, d'âges et parcours différents, pour connaître leur ressenti sur le procès des viols de Mazan, moment de justice hors norme qui retient l'attention de la France entière (et même du monde) depuis septembre 2024. Deux professionnelles, une psychologue et une sociologue, ont également partagé leur expertise.
51 accusés, près de 170 médias accrédités, dont 76 étrangers, 15 semaines d’audience… Autant d’éléments qui font du procès de Mazan un procès hors norme sur bien des aspects. Pourtant est-il vraiment à part ? D’après Véronique Le Goaziou*, sociologue spécialisée en justice pénale et procès pour viol, il est à la fois typique et atypique. Typique parce que les accusés sont des “hommes ordinaires, socialisés, en couple, à peu près insérés, pères de famille”, et atypique car “on a rarement des affaires de viols avec 51 co-accusés”. Aussi, la soumission chimique “n’est pas le mode majoritaire utilisé par les auteurs de violences sexuelles”. Enfin, “les preuves du viol, le fait que pour une fois, on a vraiment des images, c’est rarissime”.
Ce sont ces aspects atypiques du procès qui ont retenu l’attention des médias et du grand public, et notamment des femmes. Autre fait rare : la levée du huis clos par Gisèle Pélicot, qui a ainsi porté sa cause et son visage, permettant à de nombreuses femmes (majoritaires dans le public du tribunal d’Avignon) de s’identifier. Dans ce procès, on assiste également à une inversion de la représentation médiatique : si d’habitude, les personnages centraux de la justice pénale, sont les auteurs, ce n’est pas le cas de l’affaire de Mazan, où la victime est la protagoniste principale, rappelle Véronique Le Goaziou.
Certaines femmes que le procès a ébranlées ont accepté de nous répondre pour décortiquer comment un tel événement médiatique peut rentrer dans (...)