Nobel de la Paix : Qui est Narges Mohammadi, Iranienne récompensée pour son combat pour les droits des femmes et la liberté ?
Alors que la révolte initiée par les femmes en Iran se poursuit depuis plus d'un an maintenant, l'académie des Nobel a choisi de décerner son prix Nobel de la paix à Narges Mohammadi, journaliste et militante engagée dans la lutte pour l'émancipation des femmes. Zoom sur une figure de la révolte iranienne.
Le 16 septembre, la jeune Mahsa Amini mourait, après avoir été arrêtée par la police des mœurs iranienne pour "port de vêtements inappropriés". Elle aurait été battue à mort par les forces de l'ordre. Plus d'un an après, elle est toujours l'un des symboles de la révolution qui a agité le pays à la suite de son décès. De nombreuses voix se sont élevées pour protester contre les règles strictes auxquelles les iraniennes devaient se soumettre, sous peine d'emprisonnement voire de châtiments corporels pouvant entraîner la mort.
Vidéo. Iran : répression et chagrin un an après la mort de Mahsa Amini
Elle est toujours emprisonnée en Iran
Parmi elles, Narges Mohammadi, désormais, prix Nobel de la Paix 2023. Ce prix lui a été remis pour "son combat contre l'oppression des femmes en Iran et pour la promotion des droits humains et de la liberté pour tous", a justifié le comité. La principale intéressée n'a pas pu recevoir son prix elle-même. Journaliste et militante de 51 ans, elle est actuellement emprisonnée à Téhéran, en Iran, où de nombreuses femmes continuent de se battre pour leur émancipation, malgré une répression meurtrière.
Dans son dernier rapport, datant d'avril 2023, l'ONG Iran Human Rights (IHR) fait ainsi état de 537 personnes tuées par les forces de sécurité iraniennes dans la répression du mouvement de contestation. Selon Amnesty International, des dizaines de milliers de femmes, d'hommes et d'enfants, dont des manifestants et des défenseurs des droits humains et des droits des minorités, ont été arrêtés "arbitrairement". Des milliers de personnes auraient aussi été blessées. "De nombreuses victimes souffrent toujours d’un traumatisme physique et psychologique durable", précise l'association, qui promeut les droits de l'homme.
Plusieurs peines de prison et des coups de fouet
Narges Mohammadi ne découvre pas, seulement maintenant, l'enfermement. Pour son action en faveur des droits de l'homme, elle est arrêtée et détenue à plusieurs reprises depuis 1998. En mai 2016, elle est encore condamnée à Téhéran, à 16 ans d'emprisonnement pour avoir créé et dirigé un mouvement de défense des droits de l'homme qui milite pour l'abolition de la peine de mort.
Elle est libérée en octobre 2020. Malheureusement, elle a été de nouveau condamnée en mai 2021 à 80 coups de fouet et 30 mois de détention, pour "propagande contre le système" politique iranien, diffamation et "rébellion" contre l'autorité pénitentiaire. Il lui était reproché d'avoir publié un communiqué contre la peine de mort et d'avoir organisé un sit-in de protestation pendant sa détention à la prison d'Evine à Téhéran. Elle est mariée à un autre journaliste pro-réforme, Taghi Rahmani, qui a quitté l'Iran en 2012 après avoir purgé un total de quatorze ans de prison. Mais Narges Mohammadi est elle restée pour continuer son travail en faveur des droits humains. Narges Mohammadi et Taghi Rahmani ont des enfants jumeaux, Ali et Kiana.
À lire aussi :
>> L'Iran veut durcir sa loi sur le voile : "Ils ne peuvent pas arrêter des millions de femmes"
>> Iran : une adolescente dans le coma après une « altercation » avec la police des moeurs