Le personnage de Cyrano de Bergerac vu par un psychanalyste

De retour sur la scène de la Comédie-Française, avec Laurent Lafitte dans le rôle-titre, le héros d'Edmond Rostand a longtemps hésité entre venir consulter un chirurgien esthétique ou un psychanalyste.

Cet homme a eu du nez de venir ici parler de son appendice, de son cap, que dis-je ? de sa péninsule, pour tenter de réécrire, une fin plus heureuse. On flaire déjà le bon client. Du panache, de l'esprit, du courage : Cyrano de Bergerac, roi de la joute verbale, de l'épée et de la plume, incarne pourtant lettres et le néant (le nez-ant ?) côté cœur. Ce surdoué de l'alexandrin voit même le « vers » à moitié vide quand il se pâme d'amour pour sa cousine Roxane, bien avant The Police et Sting (Roxanne, le tube sorti en 1978).

Il la pare de toutes les qualités, mais est incapable de lui déclarer sa flamme, car ce qu'il redoute le plus n'est pas de mourir sur un champ de bataille, mais qu'elle lui rie… au nez. Il passe donc par Christian de Neuvillette, un soldat timide, beau et sot, amoureux lui aussi de la jeune fille, à qui il donne à dire ses poèmes magistraux. Etre aimé par procuration plutôt que pas du tout, en somme.

À découvrir également : Le personnage de Bambi vu par un psychanalyste

Psyrano de Bergerac

Tordue, comme stratégie. Mais c'est celle qu'utilise Cyrano, qui souffre avant tout de dysmorphophobie. Certes, il a sans doute un appendice nasal disgracieux, mais sa fixation permanente dessus montre à quel point il a articulé toute son identité autour de son pif, qui n'a rien d'un gadget, puisqu'il va jusqu'à conditionner son sentiment de valeur en tant qu'être humain. Cyrano considère qu'il n'a pas le droit d'être...

Lire la suite sur Femina.fr

A lire aussi