En 2024, les poils sont encore considérés comme "sales" et choquants, la preuve avec ces témoignages

En 2024, les poils sont toujours un problème quand ils sont sur des corps féminins ou de personnes qui ont une expression de genre féminine. La preuve avec l'acteur·ice non-binaire Emma Corrin. Alors que la star de "The Crown" faisait la Une du dernier numéro de Harper's Bazaar US, iel a été vivement critiqué·e pour ses aisselles non épilées. Et iel n'est pas le seul.

En 2024, les poils sont encore considérés comme
En 2024, les poils sont encore considérés comme "sales" et choquants, la preuve avec ces témoignages © Getty Images

On pourrait croire que le débat remonte à 10 ou 20 ans. Qu'en 2024, les internautes avaient compris que critiquer ou se moquer de l'apparence physique d'une personne, homme, femme ou non-binaire, n'était pas un comportement correct. Et pourtant, c'est loin d'être le cas. Dès qu'un corps apparaît dans l'image publique, certaines personnes semblent estimer qu'il est de leur devoir de donner leur opinion négative, au nom de la sacro-sainte liberté d'expression.

Emma Corrin est la dernière personne à en avoir fait les frais. L'acteur·ice non-binaire Emma Corrin. Vu·e dans "Deadpool et Wolverine", "My Policeman" ou encore dans la série "The Crown", a fait la Une du dernier numéro du magazine Harper's Bazaar aux Etats-Unis. Cheveux courts, boxer et marcel, le look est volontairement androgyne et les clichés splendides. Jusqu'au détail qui semble blesser bon nombre d'internautes : les poils sous ses aisselles.

Sous les publications, les commentaires négatifs se multiplient. "Va te raser", "Tu pourrais t'épiler", "C'est vraiment dégueulasse", "Vos habitudes crasseuses, là"... Des commentaires qui sont majoritairement rédigés par des hommes (même si quelques femmes s'y glissent également), qui estiment qu'une femme ou qu'une personne dont l'expression de genre est féminine, devrait avoir la peau lisse et dépourvue de la moindre pilosité.

Pourtant, à de rares exceptions près, tout le monde a des poils. Et les hommes qui critiquent ceux des femmes ne sont pas en reste. Alors, pourquoi cette haine envers la pilosité ? Tout simplement parce que, depuis les années 2000, ces derniers sont biberonnés d'images de corps lisses. Se raser est même devenu une norme d'hygiène aux yeux de certains, alors que les poils ne sont pas sales.

Malheureusement, Emma Corrin n'est pas la seule personne à subir ce genre de reproches. Rosa, 34 ans, a cessé de s'épiler les jambes depuis des années, et sent encore le poids des regards dès qu'elle met le pied dehors. "Mes poils sont blonds, donc on ne les voit vraiment que si le soleil tape en plein dessus sous un certain angle, ou en regardant de très près. Mais la dernière fois, j'avais les jambes croisées à une terrasse de bar quand un mec est passé et m'a traité de crasseuse, avant de me lancer un "rase-toi les jambes la prochaine fois que tu veux mettre un jupe". Et bien sûr, j'ai déjà vu des gens loucher sur mes cuisses ou mes mollets sans la moindre discrétion", regrette-t-elle.

Mélanie, elle, est modèle pour les Beaux-Arts. Elle pose régulièrement nue dans des classes pour être peinte ou dessinée. "Parfois, j'ai des poils, parfois non, ça dépend de la flemme que j'ai eue le matin. Je ne vois pas où est le problème, parce que ça ajoute un détail à dessiner aux élèves", explique-t-elle. Pourtant, la dernière fois deux d'entre eux sont venue la voir à la fin de la séance. "Deux garçons avec qui je discute parfois en fumant une clope à la sortie du cours m'ont dit : "Bah alors, t'as oublié de te raser ce matin ?". Au début, je l'ai pris pour une blague, jusqu'à ce que l'autre ajoute : "On pensait que t'étais une meuf qui prenait soin d'elle, comme les autres modèles". Là, je suis tombée des nues et je les ai engueulés. Heureusement, la prof a pris mon parti, parce que sinon, je ne sais pas si je me serai sentie de revenir à ce cours."

Sur Instagram aussi, il n'est pas rare que les photos d'anonymes, au même titre que celles des stars, subissent des critiques. "J'ai moins de 3000 abonnés sur Instagram, on ne peut pas dire que je sois une star", révèle Anya, modèle. Mais il suffit qu'une de mes photos soit partagée par un gros compte pour que les trolls arrivent. Et comme j'ai un physique relativement normé, la seule chose qui fait tiquer, c'est mes poils. Avant, je prenais le temps de répondre, maintenant j'ignore, je bloque, j'efface les commentaires. Flemme de gérer ça", conclut-elle.

Vidéo. Déclic - Laura : "Je trouvais que les poils de ma petite amie étaient beaux"

A lire aussi