Pourquoi cette femme a-t-elle lancé un mouvement dédié à la ‘fertilité des femmes en surpoids’ ?

Nicola Salmon a lancé le mouvement #fatfertilitymatters [Photo: Nicola Salmon]
Nicola Salmon a lancé le mouvement #fatfertilitymatters [Photo: Nicola Salmon]

Essayer de concevoir un bébé peut-être particulièrement stressant, surtout si vous souffrez de problèmes de fertilité.

De nombreuses formes de soutien existent pour les femmes qui ont du mal à tomber enceintes à cause de problèmes médicaux, mais c’est une toute autre histoire pour les femmes qui sont en surpoids.

C’est précisément pour cela qu’une femme tente actuellement d’ouvrir le dialogue à ce sujet.

Voici Nicola Salmon, coach spécialiste de la fertilité. D’après elle, les femmes devraient bénéficier des mêmes options de soins et de soutien, et ce indépendamment de leur poids.

Nicola pense que le fait d’encourager les femmes à perdre du poids lorsqu’elles tentent de tomber enceinte pourrait les pousser à développer une relation malsaine avec la nourriture et entraîner des troubles mentaux.

La maman de deux enfants est tellement dévouée à cette cause qu’elle a décidé de créer le mouvement #FatFertilityMatters (la fécondité des femmes en surpoids compte) afin d’ouvrir le dialogue et évoquer les défis auxquels les femmes aux IMC plus élevés sont confrontés lorsqu’elles tentent de tomber enceinte.

“Il est essentiel de sensibiliser la population au sujet de la fertilité chez les femmes en surpoids car il s’agit d’un vrai tabou”, confie-t-elle à Yahoo UK.

“On répète aux femmes en surpoids qu’elles ne devraient pas être enceintes, que c’est irresponsable, voire dangereux pour les bébés lors de la grossesse”.

“Les femmes qui doivent traverser cela sont victimes de jugements et de moqueries. Elles se sentent incapables de résister et de demander le soutien et les soins qu’elles méritent en tant qu’être humain. Ces femmes se sentent tellement seules tout au long de ce parcours, et elles n’ont personne vers qui se tourner”.

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It’s the start of Fertility Week here in the UK. So many fertility taboos are being broken down as more awareness is created around infertility and people feel more able to talk about their fertility struggles. . But one taboo still remains. And it affects a huge proportion of our population. . Fat fertility. . If you are fat, the chances of you being able to get access to support and treatment for fertility issues are dramatically reduced when compared to others. . The advice you’re given? “Lose weight” . The problem with this advice is threefold. . You are assuming that the fat is causing fertility issues. . You are assuming that losing weight is easy. These women have more than likely been trying to lose weight their whole lives. 95% of diets fail. It’s not the fault of the women, it’s the fault of the diet. . Typical weight loss strategies such as calorie restriction and excessive exercise are actually detrimental to fertility. . We need to change the conversation around fat fertility. . Being fat does not mean that you are any less worthy of being a mother. . Being fat does not mean that you are any less able of getting pregnant, having a healthy pregnancy and healthy children. . Being fat does not mean that anything more than you have fat cells on your body. . It’s time to stop weight bias and inequality around fertility support for fat women, non binary and trans folk. . Support #fatfertilitymatters by sharing this illustration . Illustration by @hannahpresdee

A post shared by Nicola Salmon (@fatpositivefertility) on Oct 29, 2018 at 2:43am PDT

Nicola confie avoir créé ce mouvement suite à sa propre expérience.

“J’ai lutté avec mon poids toute ma vie. J’ai découvert que je souffrais du SOPK (Syndrome des ovaires polykystiques, un trouble métabolique et hormonal) à 16 ans, et le médecin m’a confié que je ne pourrais pas avoir d’enfants”, confie-t-elle.

“Je n’avais jamais été aussi grosse, et mes règles étaient extrêmement irrégulières lorsque mon mari et moi avons commencé à essayer de fonder une famille. Mais, je suis tombée enceinte facilement à chaque fois, sans vraiment comprendre pourquoi. Pourquoi était-ce si facile pour moi ?”.

“Quand mon fils aîné a grandi, j’ai réalisé que tous les problèmes dont je souffrais à cause de la nourriture et de mon physique allaient forcément avoir des répercussions sur lui, à moins que je ne réagisse. J’ai donc juré de ne plus jamais me peser ou suivre de régime”.

Nicola pense qu’accepter son propre poids lui a donné le courage de défendre les autres femmes aux IMC plus élevés et de se battre afin qu’elles obtiennent un soutien similaire aux autres.

“Cette année, j’ai finalement été en mesure d’accepter mon corps, ce qui m’a permis de me lancer et de soutenir les autres femmes en surpoids qui souhaitent suivre ce parcours sans régimes et moqueries. Je souhaite qu’elles profitent d’une expérience aussi positive que la mienne”, explique-t-elle.

Les expériences personnelles de Nicola ont poussé la jeune femme à créer ce mouvement [Photo: Nicola Salmon]
Les expériences personnelles de Nicola ont poussé la jeune femme à créer ce mouvement [Photo: Nicola Salmon]

Quels changements espère-t-elle constater ?

“Je souhaite encourager l’égalité et les soins de santé sans jugements, que toutes les femmes reçoivent le même soutien et les mêmes traitements indépendamment de leurs poids. Je souhaite que les femmes en surpoids puissent profiter des grossesses, accouchements et bébés dont elles rêvent sans être victimes de moqueries”, confie-t-elle.

Le NHS considère le surpoids comme un facteur de risque susceptible d’empêcher les femmes de tomber enceinte.

“Être en surpoids ou obèse (avec un IMC supérieur ou égal à 30) limite la fertilité ; chez les femmes, être en surpoids ou extrêmement maigre peut avoir un impact sur l’ovulation”, confie le site.

D’après les recommendations, les femmes qui tentent de tomber enceinte devraient se trouver dans la catégorie des “poids sains”, avec un IMC qui oscille entre 19 et 25.

Le NHS précise que le poids a également un impact sur la grossesse. “Être en surpoids augmente le risque de complications chez les femmes enceintes et leurs bébés”.

Ces complications incluent la fausse couche, le diabète gestationnel, une tension élevée, la pré-éclampsie, les caillots sanguins, le positionnement délicat du bébé au cours du travail et l’hémorragie post-partum.

Cependant, Nicola considère que le processus de la conception puis de la grossesse ne devrait pas être autant associé au poids et à l’alimentation de la patiente chez les femmes grandes tailles.

Elle espère ouvrir le dialogue sur cette obsession avec le poids des femmes grâce au mouvement #FatFertilityMatters.

Et les réactions sont particulièrement encourageantes.

“J’ai reçu des centaines de messages de la part de femmes du monde entier qui partagent leurs histoires à propos de professionnels de la santé qui se sont moqués d’elles et des traitements cruels dont elles ont été victimes alors qu’elles souhaitaient uniquement réaliser leur rêve de devenir maman”, confie-t-elle.

“Toutes ces femmes étaient tellement reconnaissantes d’être enfin reconnues et de réaliser qu’elles ne luttaient pas toutes seules”.

Marie Claire Dorking