Pourquoi ils se sont lancés dans la permaculture
Las de manger des fruits et des légumes gorgés de produits chimiques et d’engrais, ils ont décidé de cultiver leurs propres potagers bio à la campagne ou à la ville et sont même allés un peu plus loin : ils ont fait le choix de respecter les lois naturelles en intervenant le moins possible sur leurs cultures, pour rendre ces dernières plus autonomes et permanentes. Bref, ils se sont lancés dans la permaculture ! Rencontres avec ces personnes qui ont mis leurs valeurs profondes au service de leur consommation.
Qu’est ce que la permaculture ? Difficile de résumer le concept de permaculture tant ses contours sont flous. Mais tous ceux qui la pratiquent s’accordent au moins sur une chose : ils s’attachent à recréer les écosystèmes naturels dans toutes leurs diversités en se basant sur l’observation humble de la nature. C’est aussi l’idée de développer des interactions saines entre les plantes, les animaux et les êtres humains en leur offrant les meilleures conditions possibles pour s’épanouir et s’autogérer.
Concrètement, si on veut créer un potager permacole, on choisit des plantes locales qui s’entendent bien entre elles en répondant à leurs besoins en eau, lumière etc, puis on les laisse vivre, en évitant au maximum de contrôler leur croissance avec de l’engrais ou d’autres types d’interventions. En attendant, on peut s’occuper par exemple d’intégrer un système d’épuration des eaux usées et de recycler les déchets organiques avec des composts. L’intérêt ? Produire un modèle durable qui permettra de s’alimenter au rythme des saisons dans le plus grand respect de la nature.
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Plus qu’un mode de culture, une philosophie de vie : “Le principe que j’essaie d’inculquer en premier est de sortir du système de domination de la nature” explique Julian Mierzejewski, qui anime des ateliers de permaculture à l’université populaire de Grande-Synthe.
“Faire sa part”
Faire sa part face à l’épuisement des ressources de la Terre et montrer l’exemple, c’est aussi ce qui anime Arnaud Dalibot, fondateur du restaurant parisien Mûre : celui qui a créé un potager permacole en Seine-et-Marne pour cultiver les fruits et légumes servis à ses clients, veut participer à “reconnecter les citadins avec la nature par la nourriture”. Une belle façon d’éveiller les consciences.
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Parfois, la pratique de la permaculture sous-tend un véritable changement de mode de pensée. C’est le cas pour Denis, auteur du blog retour-a-la-terre.fr. Diplômé de grandes écoles et salarié de “l’une des multi-nationales les plus prisées”, ce père de famille ne se sentait pas à sa place dans ce système : “J’ai toujours détesté l’idée que seuls les efforts et la souffrance méritaient une récompense. Dans la nature, tout est organisé et interconnecté de façon à ce que le système fonctionne de manière fluide, sans effort et […] la notion de déchet n’existe pas”, explique celui qui a arrêté de travailler pour s’occuper de son potager permacole.
La permaculture, c’est aussi pour les citadins
Vous pensez que vous n’êtes pas concerné par la permaculture car vous vivez en ville ? Détrompez-vous, il suffit de quelques mètres carrés de balcon pour vous lancer dans l’aventure. C’est ce qu’explique l’auteur du blog Rookie Garden qui “applique les règles de la permaculture à son petit balcon de 5 mètres carrés depuis 2016”.
Enfin terminé ma jolie jardinière de #permaculture avec mon #jardinpotager
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Mais par quoi commencer lorsque l’on est complètement néophyte ? Premier principe : bien réfléchir à la place que l’on va donner à chaque végétal, qui peut avoir des sensibilités particulières au vent et à la lumière. Puis rentabiliser l’espace en optant pour des plantes pouvant pousser à la verticale comme la vigne et en utilisant de nombreux supports comme les tabourets, les tables basses, les étagères etc. La petite astuce pour les adeptes de la récup’ : créer un mur végétal avec une palette de bois remplie de terreau, dans lequel ils pourront faire pousser des fraises, des plantes aromatiques et même de la salade.
L’auteur de Rookie Garden conseille elle de faire pousser des fleurs mellifères comme la bourrache, la lavande, les cosmos ou la moutarde blanche : “Elles favoriseront la biodiversité de leur quartier en se ressèmant seules et en attirant abeilles, osmies ou papillons. En association avec les fruits et les légumes qui conviennent, le résultat est très joli à voir”.
Bourrache en fleurs #pink #burgundy #bicolor #potager #permaculture #garden
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Quelques difficultés mais beaucoup de satisfactions Arnaud, fondateur du restaurant Mûre, a rencontré quelques embûches pour mettre en place son potager permacole : après avoir peiné à “trouver un terrain agricole proche de Paris, franchir toutes les épreuves administratives et convaincre la banque”, le restaurateur et son équipe ont dû s’atteler à l’immense tâche de “transformer une prairie en une ferme diversifiée, très productive, peu mécanisée, et économiquement viable”. Un vrai parcours du combattant !
Un argument économique
Heureusement, comme le montre une étude de l’Institut National de Recherche Agricole datant de 2016, la permaculture peut être tout à fait compétitive économiquement. “C’est plus intéressant, car on peut avoir une autonomie qui permet d’avoir des graines par la suite, et la permaculture est souvent basée sur l’idée de sobriété de moyens, comme la récupération d’eau de pluie”, explique l’animateur Julian. Créer son potager en permaculture est donc rentable, comme le confirme Denis, qui tend à présent vers l’autosuffisance pour sa compagne, sa fille et lui grâce à sa « petite parcelle de terre”. Et que dire de la satisfaction de contribuer à la préservation de la biodiversité et de retrouver des saveurs oubliées ? Sur son petit balcon, Rookie redécouvre la joie de “déguster en été d’excellentes tomates et d’observer la croissance des larves de coccinelles et la formation des fleurs de lavande”. “C’est fou tout ce qu’il peut se passer dans seulement 5 mètres carrés !” s’exclame celle qui ne se lasse pas de son petit coin de paradis en pleine ville…
Wassila Djeloulli
Really wasn’t expecting to be back in my hometown for spring, but here I am. Best plant a garden!
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