Salvador, la plus grande ville africaine hors d’Afrique, est la capitale de la fête et des dieux en exil
Sur un air de samba - Bahia est le cœur historique du Brésil. Un cœur qui bat au rythme du continent noir et qui s’emballe jusqu’à la transe, de février à mars, pour les festivités du culte candomblé et du carnaval
Un coup à droite. Un coup à gauche. Le matin du 2 février, il faut jouer des coudes pour se frayer un passage jusqu’à la plage de Rio Vermelho. Humbles pêcheurs et élégants des beaux quartiers, touristes des palaces et gamins des favelas… Tous vêtus de blanc et de bleu, ils sont des milliers à se presser sur le sable incandescent pour déposer leurs offrandes de fleurs dans les vagues de l’Atlantique.
C’est le jour de Yemanja à Salvador de Bahia. Une fête en l’honneur de la divinité marine du culte afro-brésilien appelé candomblé. Tout autour de la plage, les groupes de batucada imposent leur tempo frénétique tandis que le soleil implacable de l’été austral fait déjà ruisseler les peaux sans distinction de couleur. Mais Bahia ne craint pas la chaleur, elle est née dans le brasier de l’Histoire.
Avant d’être une fête, Salvador et sa « Baie de tous les saints » furent longtemps un enfer. Fondé en 1549 par le portugais Tomé de Souza, ce tout premier comptoir colonial du Brésil a vu débarquer trois millions et demi d’êtres humains enchaînés. Les premiers convois en provenance d’Afrique de l’Ouest débarquèrent en 1562. Ce trafic a fait rougir l’Atlantique de sang et de honte pendant plus de trois siècles. Ce n’est, en effet, qu’en 1888 que le Brésil se décida à abolir l’esclavage, bien après tous les autres pays d’Occident.
Aujourd’hui, l’Afrique coule dans les veines de 80 % des Bahianais. Ils venaient du Bénin, d’Angola, du Nigeria. On leur a volé leur nom, leur famille, leur l(...)
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