Le siècle des Rothschild à Megève
Chez les Rothschild, face à un héritage, on ne peut pas décliner. On ne peut pas, non plus, dilapider. Le faire est contraire à l'attitude dynastique, modèle de survie fondé sur la maîtrise des usures et des aléas du temps, et, en l'occurrence ici, appuyé par diverses stratégies familiales ? alliances endogames, répétitions du nom ? mais aussi par la philanthropie, le patronage et la collection d'art. Braver l'interdit de dispersion comme des pierres qu'on jette, c'est faire preuve d'irrespect en niant la dette intergénérationnelle, c'est se condamner à une mort sociale et symbolique certaine. Il y a un siècle, Noémie de Rothschild a poussé le vent mondain à Megève, contribuant à l'émergence d'une appétence pour le bien-être, les pratiques festives et la reconnaissance, à travers la création d'une hôtellerie ? on ne parle pas encore de luxe ? définie par des attributs : le confort, les arts de la table, la sécurité et l'adhésion d'une clientèle qui s'y reconnaît, partage des règles de savoir-vivre et de présentation de soi. Elle laisse un héritage derrière elle, l'hôtel originel du Mont-d'Arbois n'est plus le palace, mais une résidence hôtelière moins huppée. Face au prestige qui en a découlé, ses descendants ont eu à c?ur de perpétuer la fortune du lignage, orchestrée par cette aïeule éminente.
La baronne Noémie de Rothschild, intrépide sportive et femme gourmande. © yvan zeddaAu lendemain de la Première Guerre mondiale, Noémie de Rothschild (1888-1968 [...] Lire la suite