Sylvain Tesson : « On a tout intérêt, de temps en temps, à regagner sa grotte »

En ces instants où le besoin d'évasion se fait sentir, l'écrivain voyageur nous embarque sur la Méditerranée « dans le sillage d'Ulysse », à travers une série documentaire diffusée sur Arte. L'occasion de s'offrir un échange passionnant avec cet homme brillant et drôle.

Comment un écrivain voyageur vit-il une période comme celle que nous traversons en ce moment ?

Je suis admiratif du corps médical. Une nouvelle ligne d'héroïsme se trace. En ce qui concerne les « confinés », dont je suis, j'ai de la peine pour ceux qui ne goûtent pas l'exercice collectif imposé. Jusqu'alors, j'avais du mal à trouver les conditions de la vie retirée. Je suis allé dans un monastère normand, dans une cabane de Sibérie, au sommet de la Garet el Djenoun [en Algérie], dans les refuges de l'Engadine [en Suisse] pour vivre selon ce solfège. Et voilà que l'air (vicié) du temps nous prie de nous y conformer. Naturellement, quand on dispose d'un jardin, d'un faible appétit et d'un entourage très bien élevé, cela rend l'exercice facile. Mais ce n'est pas là que réside la seule inégalité. Il y en a une autre qui n'est pas d'ordre social. Il y a les hommes qui aiment la solitude, la lecture. Et ceux qui ne les aiment pas. Je plains les gens qui ne lisent pas.

La Panthère des neiges, qui vantait les bienfaits de la patience et de l'observation, était-elle finalement un cours préparatoire ?

Mes journées sont identiques à celles que je passais avant les mesures d'Etat. Lecture, écriture, un peu de marche sous les arbres… Je conçois que c'est diffcile pour certains de nos compatriotes. Mais attention ! Beaucoup s'en accommodent très bien. Ne crachons pas sur cette possibilité qui nous est donnée de ne pas être embarqué...

Lire la suite sur Femina.fr

A lire aussi