Tickets restaurant - "Rendez l'argent aux Français", "Versez la somme directement sur le salaire", "La preuve que les salaires sont trop bas" : la nouvelle loi sur les tickets restau ne passe pas, et les consommateurs le font bien savoir

Depuis ce 1er janvier 2025, les détenteurs de tickets restaurant ne pourront plus s'en servir pour acheter certains produits en supermarché. Une nouvelle qui reste en travers de la gorge des consommateurs.

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Tickets restaurant - "Rendez l'argent aux Français", "Versez la somme directement sur le salaire", "La preuve que les salaires sont trop bas" : la nouvelle loi sur les tickets restau ne passe pas, et les consommateurs le font bien savoir. (Photo : Getty Images)

En France, près de 5 millions de salariés utilisent des tickets restaurant pour faire leurs courses au supermarché. Mais attention si vous en faites partie : à partir de ce 1er janvier 2025, il ne sera plus possible d'acheter certains produits avec ces derniers. Les produits non directement consommables tels que le riz, les pâtes ou encore les oeufs, sont concernés. Exit donc les produits d'épicerie jusqu'à nouvel ordre.

En revanche, il sera toujours possible de payer les plats cuisinés, les salades et les sandwichs, les fruits et les légumes mais aussi la charcuterie, les laitages et les boissons non-alcoolisées. La liste complète des denrées éligibles aux tickets restau est consultable sur le site de la Commission national des titres-restaurant. Mais pour les Français qui peinent à boucler leurs fins de mois, cette restriction est loin d'être une bonne nouvelle.

L'Assemblée nationale s'était prononcée le 20 novembre dernier pour le maintien de la dérogation permettant d'utiliser les titres restaurant dans les supermarchés. Mais au grand désarroi de ceux qui utilisent ces tickets au quotidien, la censure du gouvernement de Michel Barnier est venue rebattre les cartes en cette fin d'année.

Depuis l'annonce de cette nouvelle loi à appliquer, les clients s'inquiètent."Rendez l'argent aux Français. Au lieu de bons, de tickets, de coupons et de chèques bidules, laissez les faire ce qu'ils veulent de leur pognon", lance un internaute en colère sur X. "Arrêtez de vouloir imposer aux gens ! S'ils claquent leurs tickets-restau chez Intermarché au lieu d'aller au restaurant, c'est parce que leur famille a besoin de manger matin, midi et soir." C'est un fait, et les plus démunis ne diront pas le contraire.

"On pourrait juste supprimer tout ça, cela coûte cher en fonctionnement. Verser la somme directement sur le salaire c'est bien aussi", souffle un internaute sur le réseau social. Plus loin, un chef d'entreprise se confie : "J'ai choisi, avec mes salariés, de ne plus donner de tickets-restau et de verser mensuellement des primes compensatoires. Globalement, ce n'est pas beaucoup plus coûteux, mais ils sont libres." Une idée qui plaît visiblement à beaucoup.

"On veut du cash, du pognon, du flouze, du vrai. Pas de l'argent avec une foutue date de péremption." Voilà qui est dit. "Je travaille, je veux un salaire. Pas un ticket restaurant", assure un autre internaute sur X. "Supprimons le ticket restaurant et rendons l'argent aux Français une fois pour toute."

Et, face à ceux qui réclament à pouvoir utiliser leur argent comme bon leur semble, certains défendent tout de même l'initiative. "Les tickets restaurant ont été faits pour les travailleurs qui n'ont pas de restaurant d'entreprise, pas pour faire ses courses au supermarché ou chez le traiteur", lance un internaute sur X. "Un ticket restaurant est, comme la dénomination l'indique, destiné à acheter un sandwich ou payer un restaurant. Non à payer ses courses au supermarché", observe un autre. "Un ticket restaurant c'est pour manger au restaurant, et non pour mendier des pâtes à Carrefour. C'est bien la preuve que les salaires sont trop bas pour vivre dignement de son travail." Finalement, il est bel et bien ici, le véritable souci. En France, selon une étude de l'UNSA révélée en 2024, 83% des Français s'estiment mal payés, considérant ainsi que leur salaire devrait être augmenté pour soutenir le niveau de vie qui ne fait que grimper. "Pour beaucoup, les tickets restaurant permettent de gommer un peu l'inflation."

Si les consommateurs ne semblent pas tous ravis face à cette loi, les supermarchés ne le sont pas vraiment davantage. Alors forcément, il y a la théorie... et la pratique. Vincent Valibouse, directeur de supermarché à Longueau, fait partie de ceux qui continuent d'accepter les tickets restaurant pour tout ce qui est alimentaire."On pense qu'il y a quand même plus de 90 % de chance pour que la loi soit prolongée, donc on ne voit pas l'intérêt de faire machine arrière. Je pense que les services de l'État seront relativement indulgents du fait que le délai de 15 jours est dû au changement de gouvernement. S'il avait fallu faire le changement, on aurait dû faire des mises à jour sur les caisses pour faire machine arrière sur tous les produits qui étaient éligibles", explique-t-il dans les colonnes de France 3 Régions. "Il aurait fallu que le personnel réexplique aux clients pourquoi on acceptait plus les tickets restaurant pour tout ce qui est alimentaire. S'il faut tout leur réexpliquer pendant quinze jours pour, en fait, les autoriser de nouveau à partir du 15 janvier, je ne voyais pas trop l'intérêt."

Chaque enseigne se positionne au cas par cas. En région parisienne, certaines caissières n'hésitent pas à faire passer les tickets restau tant que possible, qu'importe le contenu du caddie. Un dossier loin d'être fermé, puisque les sénateurs doivent réétudier la possibilité d'étendre à nouveau l'utilisation de ces tickets à tous les produits alimentaires le 15 janvier prochain.