Un homme transgenre porte plainte contre un hôpital catholique qui a refusé d'effectuer son hystérectomie
Un transsexuel a porté plainte contre un hôpital catholique qui a refusé de pratiquer une hystérectomie médicalement nécessaire, dans un nouveau cas de refus de traitement par un hôpital catholique pour motifs religieux.
« Aucun hôpital ne devrait être en mesure de décider de l’identité de ses patients, surtout lorsqu’ils reçoivent de l’argent de la part du gouvernement », a confié Omar Gonzalez-Pagan de Lambda Legal, avocat qui travaille sur le procès de Jionni Conforti, du New Jersey. « Il est non seulement dangereux et humiliant de refuser d’offrir des soins à quelqu’un qui en a besoin à cause de son sexe ou de son identité sexuelle, mais c’est surtout illégal ».
Le procès évoque la loi anti discrimination (Law Against Discrimination) du New Jersey, qui interdit clairement la discrimination basée sur le sexe ou l’identité sexuelle, ainsi que la Section 1557 de l’Affordable Care Act, qui interdit la discrimination sur la base du sexe dans le cadre d’un financement fédéral, ce qui concerne bien l’hôpital en question (le St. Joseph’s Regional Medical Center in Paterson, New Jersey).
« Aux Etats-Unis, un lit d’hôpital sur six se trouve dans un hôpital catholique », continue O. Gonzalez-Pagan. « Ces fournisseurs de soins de santé doivent respecter les lois anti discrimination fédérales et des différents États afin de protéger la santé des membres LGBT qui se rendent à l’hôpital ».
L’avocat s’est entretenu avec Yahoo Beauty et a insisté sur l’importance de la loi du New Jersey qui lutte contre la discrimination basée sur les genres. « C’est pour ce genre de raisons importantes que nous avons besoin de ces lois dans tous les États », a-t-il confié. « 18 États incluent désormais l’identité sexuelle dans leurs lois anti discrimination, et cela devrait également être le cas dans tous les autres États ».
Concernant l’aspect fédéral du procès, O. Gonzalez-Pagan explique qu’il est impossible de prédire la manière dont la révocation proposée de l’Affordable Care Act pourrait influencer les mesures non budgétaires, comme la prévention de la discrimination, car personne ne sait vraiment encore à quoi s’attendre dans le contexte d’une abrogation. « Quoi qu’il en soit, la conduite de cet hôpital est illégale et immorale », a-t-il confié, expliquant que la question n’était pas de savoir si l’hôpital pouvait refuser de fournir un service, mais plutôt de savoir s’il pouvait le refuser sur des principes discriminatoires.
Le problème a commencé en 2015 pour J. Conforti, 33 ans, résident de Totowa, dans le New Jersey. C’est à cette période qu’il avait prévu de subir son hystérectomie, une chirurgie considérée comme médicalement nécessaire par son médecin en raison des troubles de l’identité sexuelle de J. Conforti et du risque potentiellement accru qu’il souffre d’un cancer. Une infirmière avait apparemment initialement affirmé que la chirurgie pourrait être organisée sans problème, mais J. Conforti a finalement reçu un email de la part du révérend Martin D. Rooney, du diocèse de Paterson : « Nous avons reçu votre e-mail concernant la planification d’une hystérectomie totale à St. Joseph’s en vue de retirer toutes les parties de votre corps associées au sexe féminin, d’après les besoins médicaux d’un changement de sexe. En tant qu’hôpital catholique, je vous informe que nous ne serons pas en mesure d’autoriser votre chirurgien à planifier cette opération à St. Joseph’s ».
L’hôpital a envoyé le communiqué suivant à Yahoo Beauty à propos du procès : « St. Joseph’s Regional Medical Center est une excellente institution de soins de santé catholique qui propose ses services à l’une des populations les plus diverses et défavorisées du New Jersey. Le centre médical respecte les instructions des Ethical and Religious Directives for Catholic Health Care Services pour prendre ses décisions en matière de soins et de traitements ». (Directives religieuses et éthiques pour les services soins de santé catholiques).
Conforti a fini par trouver un autre chirurgie ainsi qu’un autre hôpital en mesure d’effectuer la chirurgie après plusieurs mois de recherche, mais il confie que le rejet de St. Joseph’s a eu un impact émotionnel.
« C’est l’hôpital de mon quartier. Toute ma famille y a été traitée, et il s’agit de l’hôpital où l’ambulance m’emmènerait directement en cas d’urgence, là où j’ai déjà été victime de discrimination », a confié J. Conforti dans un communiqué. « Je suis choqué et triste de voir la manière dont j’ai été traité et j’ai peur d’avoir un jour besoin de nouveaux soins médicaux. Le centre St. Joseph’s qui prétend être fier de son approche « les patients d’abord » ne me respecte visiblement pas et un hôpital ne devrait pas traiter les gens ainsi ».
De nombreuses autres plaintes ont également été révélées à propos de ce type de refus dans des hôpitaux catholiques américains (dans le Michigan et en Californie par exemple), comme en 2015 et en 2016, lorsque des hôpitaux ont refusé de pratiquer des procédures vitales de ligature des tubes sur motifs religieux, entraînant plusieurs procès menés par l’Union américaine pour les libertés civiles.
« Les directives religieuses n’ont pas leur place dans les hôpitaux, surtout lorsqu’elles finissent par blesser les femmes qu’elles sont supposées protéger », a confié un avocat (Michigan ACLU) au moment du procès de 2015.
Malheureusement, nous risquons de constater de plus en plus de cas similaires, car les soins de santé proposés par des autorités catholiques sont de plus en plus présents dans le pays, d’après un rapport de MergerWatch (une agence qui surveille la manière dont la religion influence les soins de santé). En effet, elle a découvert que le nombre d’hôpitaux de soins actifs affiliés ou appartenant à des entités catholiques avait augmenté de 22 % entre 2001 et 2016, alors que le nombre global d’hôpitaux de soins actifs avait chuté de 6 %. Elle a également découvert que plus de 30 % des lits se trouvaient dans des hôpitaux catholiques dans 10 États.
Le procès de J. Conforti survient moins d’une semaine après la demande d’annulation par un juge du Texas de nouvelles régulations du département de la santé et des services sociaux (U.S. Health and Human Services) créées en vue de stopper les discriminations anti-transsexuels par les médecins, les hôpitaux et les assureurs. Dans le Dakota du nord, un groupe d’entreprises et d’associations catholiques ont également défié certaines régulations qui empêchent les hôpitaux catholiques de refuser certains services, comme les avortements et les changements de sexe.
« Nous n’entamons pas de poursuites judiciaires à la légère, mais ce nouveau mandat représente une importante menace à la liberté religieuse », a confié l’évêque John Folda, du diocèse de Fargo, dans le Dakota du Nord. On ne connait pas encore son avis sur le refus de financement fédéral par les hôpitaux catholiques.
Beth Greenfield
Auteure Sénior
Yahoo Beauty