Vincent Perez, « Une affaire d'honneur » : « Je me suis trouvé en tant que cinéaste »

L'acteur culte d'« Indochine et de « la Reine Margot » est repassé derrière la caméra pour « Une affaire d'honneur » après « Peau d'ange », « Si j'étais toi » et « Seul dans Berlin ». Dans le Paris de la fin du xixe siècle, il rend hommage au duel, discipline qu'il a souvent pratiquée dans sa filmographie, et y incarne aussi un colonel de l'armée. Passionné, élégant et généreux, le metteur en scène nous parle de ce très beau film d'époque, dans lequel l'épée est le prolongement de l'âme.

Quelle a été la genèse d'Une affaire d'honneur ?

Je voulais donner sa juste place au duel, qu'il ne soit plus périphérique à l'histoire mais l'incarnation du sujet. J'ai alors eu la chance de tomber sur un annuaire des duels de 1881 à 1889, tous inventoriés, manuscrits. Sur cette période, on comptabilise près d'un duel par jour, un mort tous les trente-cinq duels. Dans les noms récurrents ressortait celui d'Adolphe Tavernier, l'auteur d'un livre intitulé l'Art du duel.

C'est une sorte de bible qui répertorie le protocole détaillé : comment choisir ses témoins ? Comment se préparer et se battre selon l'arme ? Comment élaborer un procès-verbal ? Ce manuel, écrit en 1885, a été mon guide, ma fenêtre sur ce monde. L'idée du maître d'armes s'est ensuite imposée pour faire le lien. Chez Clément Lacaze, ce personnage fictif incarné par Roschdy Zem, il y a toute la noblesse de l'âme. C'est un homme brisé par l'horreur de la guerre et le sang qui a coulé, ne vivant que pour son art, l'escrime, qui peut lui offrir sa rédemption. En entraînant les duellistes afin qu'ils sauvent leur peau, il essaie de trouver une forme de réparation, de salut.

Vous avez beaucoup pratiqué l'escrime au cinéma. En dehors des tournages également ?

Non, mais je reste fasciné par cette discipline que j'ai découverte avec Raoul Billerey, mon premier maître d'armes, sur Hamlet, mis en scène par Patrice Chéreau, à Avignon. J'avais un duel assez bestial,...

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