"Cette violence qui les habite, ça ne me concerne pas" : huit ans après la mort de sa fille au Bataclan, Sabine Garrigues témoigne

"Il y a cette balle qui traverse ton front, puis ton corps qui monte comme au bûcher". Ce sont les premières phrases du livre de Sabine Garrigues, rien n’est su (éd. Le Tripode), sorti le 14 septembre 2023. Au fil des 126 pages que compose son ouvrage, l'autrice nous raconte, avec pudeur et sobriété, les heures qui ont précédé et celles qui ont suivi les attentats du 13 novembre 2015. Drame national, marqué dans chacune de nos mémoires, il se fait drame personnel, familial, sous la plume de cette mère, qui a perdu sa fille, Suzon, âgée de 21 ans, dans l’attentat du Bataclan. Son fils, Paul, qui accompagnait sa grande sœur au concert d’Eagles of Death Metal, en est un survivant. Sabine Garrigues ne s’est jamais exprimée dans les médias, ni en 2015, ni depuis. Elle est restée à l’abri de l’attention médiatique pour faire son deuil. Jusqu'à aujourd'hui. Rapidement, elle explique pourquoi. Se confier, d’accord, mais pas de larmoyant, surtout. Ce sera la règle d'or de notre rencontre.

"Ce livre s’adresse à ma fille, à mon fils, à l’humanité tout entière, à moi-même", explique-t-elle lorsqu’on l’interroge sur sa démarche d’écriture. En effet, rien n’est su est le résultat de plusieurs années d’écriture, de milliers de pages rédigées, d’un travail titanesque de tri, de sélection, de recherche de "l’essence" du message. Lorsqu’elle perd sa fille Suzon, Sabine Garrigues se souvient que l’écriture devient "une nécessité absolue". "Il y a quelque chose en moi corporellement qui s'imposait (...)

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