Vous pensez ne pas avoir besoin de dormir très longtemps ? La science n'est pas du même avis

Ne soyez pas si sure de vous si vous faites partie de celles qui pensent pouvoir survivre sans dormir beaucoup.

Une nouvelle étude vous recommande de bien dormir même si vous pensez ne pas en avoir besoin. (Photo : Chris Craymer/Trunk Archive)

Une activité cérébrale particulière a été identifiée chez les « habitués des sommeils courts » et permettrait de conclure que ces personnes sont probablement plus fatiguées qu'elles ne le pensent, même si elles considèrent ne pas souffrir de fatigue ou de dysfonctionnement au cours de la journée, d'après une recherche publiée dans le journal Brain and Behavior.

On sait depuis longtemps que le sommeil réparateur est essentiel pour la santé physique et mentale car il a un impact sur l'énergie, le raisonnement et les performances cognitives de l'humain. Il peut également contribuer à l'obésité, aux maladies coronariennes et autres risques mortels.

Les chercheurs de l'université de l'Utah ont analysé la connectivité cérébrale observée sur les IRM de près de 900 patients afin de comprendre le fonctionnement des connections internes du cerveau (également appelés « connectome »). Les chercheurs ont séparé les sujets en trois groupes : ceux qui dormaient apparemment une quantité « normale » d'heures au cours des mois précédents, ceux qui dormaient six heures ou moins chaque nuit et se sentaient fatigués et enfin ceux qui dormaient six heures ou moins par nuit mais se sentaient alertes.

Fait intéressant : certains membres se sont assoupis au cours des IRM, même ceux qui affirmaient ne pas somnoler dans la journée.

Leurs systèmes cérébraux sont peut-être continuellement en overdrive (survitesse) et « ils s'endorment peut-être lors d'une IRM barbante vu que rien ne les garde éveillés », confie Christopher Jones, médecin et co-auteur de l'étude, dans un communiqué de presse.

Les professionnels de la santé ont examiné les différences entre les régions cérébrales et ont découvert que ceux qui dormaient peu et affirmaient ne pas rencontrer de difficultés pour rester éveillés dans la journée présentaient une connectivité supérieure entre les cortex sensoriels (sensory cortices), les amygdales et l'hippocampe.

« Des études précédentes suggèrent que cela peut se produire au cours des phases de sommeil paradoxal et pourrait, en partie, faciliter la consolidation de la mémoire », confie à Yahoo Beauty Paula G. Williams, PhD, co-auteure de l'étude et professeure en psychologie. « Si certaines personnes qui ne dorment pas beaucoup passent rapidement entre les phases du sommeil (durant la nuit et peut-être au cours de « micro sommeils » dans la journée), elles pourraient avoir cette impression de vivacité dans la journée ».

P. Williams précise que « la question est encore de savoir s'ils n'ont vraiment pas besoin de plus de sommeil, mais nous pensons que dormir moins pourrait avoir un impact sur leur état ».

Elle et ses collègues prévoient donc de poursuivre leurs recherches afin de déterminer si ces dormeurs efficaces sont aussi vifs qu'ils le prétendent.

« Nous savons grâce à d'anciennes études que les personnes qui dorment peu naturellement (généralement moins de six heures peu importe leur emploi du temps (semaine de travail/week-end/vacances)) sont particulièrement sensibles à l'activation comportementale et à la notion de récompense et présentent souvent des caractéristiques hypomaniaques, comme une activité importante, une distractibilité élevée, une estime de soi démesurée ou une sensation de grandeur, ainsi qu'une tendance à adopter un comportement agréable mais potentiellement risqué », confie P. Williams. « Nous pensons qu'ils participent à des activités particulièrement stimulantes afin de lutter contre le besoin physiologique de dormir ».

Cependant, leur capacité à rester éveillé peut rapidement diminuer lorsque ces individus sont soumis à des environnements moins stimulants (comme une IRM).

« Ils ne sont peut-être pas en mesure de juger correctement leur fonctionnement, vu les caractéristiques que nous venons de décrire. C'est pourquoi nous prévoyons d'effectuer des tests cognitifs objectifs au cours de nos futures recherches, en particulier concernant le contrôle de l'attention (comme les tests sur le TDA). Nous souhaitons également conduire des tests de simulation en fonction de plusieurs états à faible stimulation ».

Les chercheurs souhaitent également se pencher sur l'origine de la plus grande résistance à la douleur de ces adultes « car cela est susceptible d'expliquer en partie leur insensibilité relative aux effets négatifs du manque de sommeil ». Ils prévoient également de réunir les avis de ceux qui vivent avec eux au quotidien. « Il est aussi important de connaitre les observations comportementales des personnes qui les connaissent bien », conclut P. Williams.

Amy Capetta