Alexandra Lamy victime de sexisme à la télévision : "La première question était 'Vous avez couché pour réussir ?'"
Alexandra Lamy est à l'affiche de "Tout le monde debout", ce lundi 30 octobre sur TF1. L'actrice est bien connue du grand public, depuis plusieurs décennies. Bien installée dans le milieu du showbusiness, et expérimentée, la comédienne a néanmoins fait les frais d'un sexisme banalisé à ses débuts, qu'elle dénonce aujourd'hui.
Alexandra Lamy a débuté sa carrière d'actrice et de comédienne dans les années 90. Comme de nombreuses actrices, elle évolue dans un milieu où le sexisme prend énormément de place, à une époque où le cinéma est loin d'avoir fait sa révolution #MeToo. Il ne fait alors pas bon être une jeune première. L'interprète de Chouchou dans "Un gars, une fille", a bien vite été confrontée à ce phénomène.
Vidéo. Alexandra Lamy : cette carrière improbable qu’elle envisageait dans sa jeunesse
Une succession de phrases sexistes
En effet, dans une interview datant de 1996, dans l'émission "W et Cie", présentée par Paul Wermus, Alexandra Lamy a fait l'objet de plusieurs questions déplacées. "Ce n'est pas un métier facile, le métier de comédienne", lui lance d'abord Paul Wermus au début de l'entretien. "Et alors, vous ne couchez pas ?" renchérit directement Christine Richard, présente sur le plateau. Une question des plus sexistes, qui sous-entend qu'une femme ne peut pas être là où elle est uniquement grâce à son talent. Évidemment, la phrase déstabilise Alexandra Lamy, qui se retrouve alors obligée de se justifier. Elle a alors 24 ans. "Pourquoi vous me demandez ça ?" rétorque l'invitée. "Vous avez dit 'Je ne serais pas fière de moi si je devais décrocher un rôle parce que j'ai couché' (...) 'Je ne couche pas', elles disent toutes ça !."
Les présentateurs évoquent ensuite directement le petit ami de la jeune femme, avant même d'évoquer son métier, sexisme encore. "Chaque soir, à la sortie du théâtre, un beau jeune homme vient vous chercher. Il vient tous les soirs ? Il n'y a pas un jour où il ne vient pas ?" demande Paul Wermus, sous-entendant que si le fiancé n'est pas là alors peut-être quelqu'un pourrait-il prendre sa place. Une réplique sexiste, une fois de plus, qui signifie qu'une femme est disponible si elle est célibataire, car elle n'est donc pas la "propriété de quelqu'un".
Le reste de l'interview n'est pas mieux, personne sur le plateau ne la laisse terminer ses réponses, les sous-entendus sont légion, chaque homme présent y va de son commentaire. On la questionne sur ses ambitions, sur sa participation à des publicités... On tente de la piéger. "Vous lui tenez la main s'il est seul", se permet encore de lancer Paul Wermus à Alexandra Lamy, évoquant son voisin de table.
"J’étais la petite jeune comédienne au milieu des loups"
Aujourd'hui, cette séquence télévisuelle semble inimaginable. Alexandra Lamy elle-même l'a évoquée sur le plateau de "C à Vous", en 2021. "C'était ma première télé, j'étais hyper en angoisse", a-t-elle déclaré. "C'est intéressant de l'écouter en entier par contre l'interview", a-t-elle ajouté. "On n'a pas mis les passages où ils mériteraient, elle et lui (Christine Richard et lui; ndlr) deux claques", a précisé Pierre Lescure, qui fait partie de l'équipe de "C à Vous".
L'invitée le prend alors au mot : "Ce n'étaient pas les seuls d'ailleurs, il y avait un truc où... Évidemment, aujourd'hui, avec l'âge que j'ai et l'expérience que j'ai, je serais intervenue. J'avais l'impression d'être la petite jeune entourée de ces hommes-là, avec des questions... D’ailleurs la première question, et qui vient d’une femme, c'est : 'Et vous avez couché pour réussir ?' Ce n'était que ça. Je l'ai revue (l'interview ; ndlr) parce qu'on me l'a envoyée et quand on regarde toute la vidéo... Tu te dis 'wahou'. J’étais la petite jeune comédienne au milieu des loups quoi, et franchement c’est très bizarre."
Dans les colonnes de Terrafemina, en 2022, Alexandra Lamy avait également déclaré : "Jeunes comédiennes, nous avons toutes été emm*rdées par un réalisateur. Lorsqu'on réfléchit à nos parcours, on s'aperçoit que l'on vient d'une génération extrêmement patriarcale, celle de 'la petite main aux fesses', des allusions à la 'promotion canapé', à ces petits regards de haut en bas, à ces coups d'oeil sur nos seins."
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